Bobin et Solleville en résistance
Place de la résistance, Antraigues-sur-Volane, 21 août 2020,
Avec une poignée de bénévoles et en un temps record, Armand Saussac a créé l’association « Antraigues en fait » : car après l’annulation de son festival d’été, la commune de Jean-Ferrat se retrouvait orpheline de chanson : c’est dire si cette initiative va permettre de renouer avec les concerts au village jusqu’à l’automne.
Quel plaisir de revoir des concerts après cette période compliquée. D’autant que celui de ce soir, sur la scène dressée sur cette belle place d’Antraigues, c’est Frédéric Bobin.
Bobin en solo, c’est assez rare pour être souligné. L’absence d’un-e complice est comblé par ce rapport fusionnel entre lui et son public.
Le chanteur nous donne des photographies, instantanées de sa vie qui nous touchent tant que c’est aussi un peu de la nôtre : « Mon histoire défile comme un drôle de film / Je prends la fuite en super 8 ». Que ce soit dans la maison de son grand-père où « Je me suis balancé dans le vieux rocking chair / Toutes photos jaunies ont soudain rajeunies » ou sur l’autoradio de son père, là où, lors des balades dominicales, il a découvert les gens qui l’ont influencé dans sa vie musicale. Tout nous est proche et c’est presque bain commun : c’est pour cela que ces chansons nous parlent plus que d’autres, qu’elles nous touchent à ce point. Comme cet hommage à cet autre enfant du pays qu’est Pierre Rabhi : « Je reviendrais boire à la source une goutte d’eau ».
Des chansons piochées dans ses trois derniers albums viennent nourrir cette soirée et nous alerter sur ce monde bizarre, insolite et souvent grave, dans lequel nous vivons, sans parfois bien s’en rendre compte. Les chansons de Bobin sont parlantes au-delà des mots : comme dans ce Joe de Georgie :« Un jour tu reviens le corps irradié / Une jambe en moins… »
Un récital de Frédéric Bobin comme un autre, qui tutoie l’excellence. Rien de vraiment différent de ceux qui l’ont précédé. Sauf que, dans l’assistance, il y a une de ses grandes admiratrices, qui dit à qui veut l’entendre son intérêt, son respect, sa franche admiration. Elle, c’est Francesca Solleville, qui comme chaque année prend ses quartiers d’été dans sa maison, à quelques centaines de mètres de la place du village. Elle a découvert Bobin il y a deux ans, ici même. Elle est émue, lui l’est tout autant, plus encore même. Si Bobin est chanteur, c’est parce qu’il aime la chanson. La chanson et ses chanteurs. Il connaît même l’œuvre de beaucoup d’entre eux sur le bout des doigts. Depuis toujours, bien avant de la connaître, il voue grand respect pour la Solleville.
Au débotté, Francesca monte sur scène. Elle qui sait que Bobin défend et chante les mêmes choses qu’elle, se lance avec son cadet dans ce titre révolutionnaire qui la résume plus que tout : Bella ciao. Certes, cette chanson est actuellement de mode, n’empêche que, de sa famille italienne qui a franchi les Alpes pour fuir Mussolini à elle qui a toujours chanté le poing levé, c’est un siècle d’Histoire et d’engagement. De sincérité. Bobin et Solleville de concert, elle au micro, lui à la guitare, c’est un événement. Rare et beau, émouvant.
Étonnez-vous que, le titre d’après, Ce siècle avait deux ans, Bobin perde les pédales : trop d’émotion et, en conséquence, le trou de mémoire, béant. Il confiera que ça ne lui était jamais arrivé…
Singapour, La vieille ouvrière… le répertoire du Lyonnais a tout pour ravir Francesca, raviver sa flamme s’il le fallait. Comme elle, il chante un peu de la mémoire du peuple, de ses combats même perdus, ses joies et ses peines. Son espoir malgré tout. Qui plus est avec poésie des mots et des notes.
Il fallait être là, devant la Maison Jean-Ferrat, pour ce condensé de talent, d’amitié, d’humilité. Pour ce moment d’éternité.
Dominique Teppe Dupelot
Le site de Frédéric Bobin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Les prochains concerts à Antraigues : Robinsonne le 27, Jimmy Plume le 28, Un p’tit gars du coin le 29, Djampa le 4 septembre, Pop’hAArpe le 5, Le Blob le 12, Les Voisins le 18, Boule le 19, Ian Dayeur le 25, Mehdi Dix le 16, Lizzie le 17.
Fred Bobin, Ce siècle avait deux ans, session solo Hexagone 2015
Francesca Solleville, Bella Ciao, audio
ah! comme j’aurais aimé être parmi les chanceux qui ont assisté à ce spectacle de Frédéric Bobin !avec en plus la Francesca!!!!trop bien!!! et bravo aussi à Armand Saussac et les gens d’Antraigues d’avoir pu organiser cette soirée !!! et les prochaines!!!!
avec la volonté de continuer à créer du spectacle vivant!!!!
vraiment cet été cela m’a trop manqué de ne pouvoir assister à aucun festival. ni Barjac,ni Gourdon ,ni Montcuq ou Conzèse pour ne citer que ceux que je connais dans le sud!
cordialement à vous tous
Evelyne
Il y avait le festival « chanson de parole ». Je crois que les chanteurs qui nous portent sont ceux qui « tiennent parole ». Qui sont de belles personnes ,en plus d’être des professionnels magnifiques.
JPaul Gallet