J’irai quand m’aime à Barjac en juillet 2020
Sauvé dans Anne-Marie Panigada, En scène, Festivals, Franck Halimi, L'Équipe
Tags: Alcaz, AnneliSe Roche, Aron Cohen, Barjac 2020, Bernard Joyet, Bertrand Hagenmüller, Céline Pruvost, Clélia Bressat-Blum, Coline Malice, Dominique Babilotte, Garance, Laurent Berger, Léonor Bolcatto, Lily Luca, Liz Van Deuq, Marie Baudin, Mathieu Barbances, Nathalie Estadieu, Nouvelles
Marathon-Chanson, La Filature à Barjac, 29 juillet 2020 (de 11 h 03 à 23 h 58),
Refusant de ne penser covid que le virus a mis entre nous, un petit groupe d’allumés de la chanson s’est organisé. Et s’est dit que, à défaut de l’habituel festival « Barjac m’en chante » annulé pour cause de crise sanitaire, il devait être possible de concocter un événement à la fois partageur et respectueux des précautions légales. C’est ainsi qu’est née cette semaine de « concerts aux jardins », imaginée par les barjacois Laurence Keel & Robin Furestier et les « estrangers » Marie & Éric Pellerin et Anne-Marie & Francis Panigada. Et c’est vrai que, dans la mesure où de nombreuses voix s’étaient élevées au moment de l’annulation, disant que, contre vents et marées, elles iraient quand même à Barjac en juillet 2020, ne serait-ce que pour soutenir commerces et structures locales, pourquoi leur serait-il défendu de se rencontrer en plein air pour partager leur passion de la chanson ? C’est donc ce qui advint.
Que ce soit chez NosEnchanteurs, à Barjac ou dans moult autres festivals, on connait bien Anne-Marie & Francis Panigada. Ces amoureux fous de la chanson lui rendent bien ce qu’elle leur apporte, tant par leur présence inconditionnelle que par les photos d’Anne-Marie ou les écrits de Francis et les événements qu’ils organisent depuis belle lurette. Aussi n’ai-je pas été plus étonné que ça lorsque j’ai appris qu’ils allaient proposer un marathon-chanson dans le gîte qu’ils louent chaque année à Barjac. Je vais donc plus spécifiquement traiter de cette journée-là, laissant le soin à d’autres collaborateurs de Nos Enchanteurs d’évoquer les autres soirées.
Nous voili donc arrivés sur les coups de 11 h, en ce mercredi 29 juillet 2020, dans ce lieu étonnant qu’est La Filature. Cette ancienne usine de tissage ressemble à une maison-forte comme on en voyait beaucoup dans la région au Moyen-Âge. Devenue demeure privée, elle n’en conserve pas moins un caractère industriel, avec sa haute et effilée cheminée au bout du vaste terrain de quelques 5000 m2. C’est donc là que nos hôtes d’un jour ont décidé, avec une poignée d’amis redoutablement organisés, d’effectuer cette originale proposition de journée consacrée à la chanson sous toutes ses formes. Et d’emblée, c’est autour d’un verre que chacun.e est ravi.e de revoir celles et ceux qu’on ne croise qu’une fois par an, à l’occasion du festival. Et c’est vrai que ça fait un bien fou de reparler chanson ou beau temps avec des têtes connues ou pas. Parce que le confinement étant passé par là, on ressent vraiment le besoin de se vider le crâne de tout ce qui jusqu’alors l’avait encombré, pour pouvoir, de nouveau, l’éclairer de belles choses.
Aussi, lorsque la première scène ouverte débute, est-on content de pouvoir enfin réentendre de la chanson en direct-love. Et, qui plus est, dans un cadre bucolique. Assuré par l’efficace et imperturbable Éric Pellerin, le son de bonne qualité permet aux artistes de s’exprimer dans des conditions plutôt correctes au vu du contexte de plein-air. D’autant que, dispositions sanitaires obligent, il est assisté par Dominique Babilotte qui, outre le privilège d’être le 2ème à ouvrir le bal des chanteurs avec sa belle voix pleine, va devenir le « pschitteur en chef« de la journée. Anne-Marie & Francis ont donc pensé ce moment comme une succession de scènes ouvertes (deux chansons par interprète), d’apéro, de mini-concerts de trente minutes chacun (choix programmatique effectué par Anne-Marie & Francis) et d’excellents repas préparés par cette formidable équipe de « bénéloves« . Bref, une belle journée à passer de concert, sur fond d’amitié et d’échanges !
Mais, comme nous sommes sur NosEnchanteurs, et qu’il faut bien, à un moment, parler chanson, je vais vous faire état de quelques découvertes et coups de cœur, sur la quarantaine d’interprètes qu’il nous a été donné d’ouïr. Et pardon d’avance à celles et ceux qui ne font pas partie de ma sélection du jour, mais vous comprendrez bien que je ne peux pas parler de tout le monde…
Je croise Coline Malice depuis déjà pas mal d’années, mais je n’avais encore jamais eu l’occasion de l’entendre hors de scènes ouvertes ou d’Internet (oui, oui, je sais, j’ai des lacunes…). Et son énergie, son espièglerie, son écriture et son abattage scénique m’ont fait passer une demi-heure qui, au sortir de la sieste, s’est véritablement avérée exquise : avec son réjouissif Poulidor (l’itinéraire de vie d’une éternelle deuxième) Coline mérite vraiment son nom d’artiste !
Et puis, Laurent Berger(le chanteur, pas le syndicaliste à la petite semaine) est arrivé avec sa prestance échassière et son singulier timbre de voix (entre des accents à la JeHaN et des inflexions à la Loïc Lantoine). Derrière sa guitare, qu’il gratte de façon là aussi très personnelle mais très intéressante, il propose un set d’une écriture ciselée avec des sujets qui m’ont vraiment touché (Un vers inachevé, Valparaiso) : une de mes carences vient, là encore, d’être comblée et je vais désormais pouvoir suivre cet artiste à la trace…
Une seconde scène ouverte d’excellente facture va alors se dérouler sous mes yeux chansophiles et mes oreilles chansophages : j’suis open ! Et nous allons assister à un véritable feu d’artifice n’ayant rien d’artificiel ni d’artificieux, car vont s’y succéder ces jeunes pousses de la chanson -toutes plus talentueuses et originales les unes que les autres- que sont Mathieu Barbances,
Garance Bauhain, Leonor Bolcatto, Le Club des Plates (Lily Luca, Céline Pruvost & Liz Van Deuq), Bertrand Hagenmüller et Annelise Roche. Difficile, voire impossible pour moi, de les départager et d’en ressortir une au détriment d’un autre, mais je vais désormais me pencher sur leur actualité comme on le fait pour le lait sur le feu, afin de ne plus perdre une miette de leur aventure artistique : en effet, si les petits cochons de la prod, les requins du showbiz, ou je ne sais quelle vessie se faisant passer pour j’ignore quelle lanterne, ne les lamine point en chemin, on devrait tou.te.s les retrouver prochainement dans de belles programmations. Car ils valent vraiment des points.
Enfin, pour clôturer cette journée-marathon, et après les excellents pâtes à la bolognaise de l’équipe de bénéloves drivée par la fidèle Marie Baudin du Bonheur est dans l’assiette (repas partagé avec Mick Gallas d’Hexagone, autre épicurien de la chanson), la soirée s’est élégamment terminée avec quatre nouveaux mini-concerts. D’où sont, à mes sens ravis, ressortis l’entrainant duo Alcaz (encore jamais vu non plus en concert) et l’immense Bernard Joyet, cerise-surprise sur ce copieux, mais délicieux, gâteau préparé avec amour par les Panigada.
Et c’est a capella que l’auteur désormais breton a enchanté le public resté nombreux, avec ses Ballades hors-chants, textes prenant une nouvelle dimension sans l’habituel accompagnement musical de Clélia Bressat-Blum (que le taquin Bernard a tout de même réussi à faire applaudir, malgré son absence…). C’est ainsi que, juste avant que je ne remonte dans la Winnicott-House de mes formidables hôtes barjacois Nathalie Estadieu & Aron Cohen, s’est parachevée une bien belle journée dont, vous l’aurez compris, les maîtres-mots ne furent pas forcément « création », « chanson », « programmation », mais plutôt « partage », « amitié » et « découvertes ». Ce qui, par les temps qui courent (trop vite) nous a permis (aux quelques 130 personnes présentes à La Filature) de nous promener dans les voix pendant que le loup (qui est aussi un masque !) n’y était pas. Et ça, c’est pas dommage !
Alcaz « Les yeux dans les yeux » :
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