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Hugues Aufray, ces chansons qui nous rassemblent

Hugues Aufray © Yann Orhan

Hugues Aufray © Yann Orhan

Le temps passe, les chansons restent. Tiens, revoilà Hugues Aufray avec un nouvel album de douze titres ; dont quatre reprises de titres connus urbi et orbi, de camps en veillées, de chœurs en chorales. Et j’en passe ! Faut le faire quand même. Le chanteur a donné son nom à des écoles mais refuse de ralentir. Pensez donc, il est dit dans un récent palmarès que la capricante Santiano serait la chanson le plus connue des Français. Cette chanson de marins, d’origine anglaise, adaptée en 1961, a navigué jusqu’aujourd’hui, inscrite dans les mémoires.

Et voilà que pour son nouvel album sorti ce mois de juillet, Hugues Aufray (bientôt 91 ans et une voix miraculeusement inchangée) revient à ses inspirations de toujours : transmettre, passer, des histoires de gens ordinaires, de travailleurs, de baroudeurs, sur des airs tirés du folklore. Du folk d’outre-atlantique en l’occurrence, dans la lignée cousine des récents Pete Seeger sessions de l’américain Bruce Springsteen. Bonne pioche, l’actualité des Amériques, bousculées par une vague de révoltes contre le racisme persistant, a rejoint quelques-uns des titres choisis il y a déjà deux ans pour cet autoportrait de celui qui se rêvait peintre et sculpteur avant de faire carrière comme chanteur. Hugues Aufray, celui même qui avait découvert un peu par hasard Bob Dylan en 1961 dans un cabaret new-yorkais où il payait pour se produire, avant d’adapter avec succès quelques-uns de ces titres en Français cinq ans plus tard sur des traductions de Pierre Delanoë.

La dernière chanson de cet autoportrait de 2020, sous forme de revue de détail des injustices durables, évoque la mise à mort d’un afro-américain en 1916 par le Ku Klux Klan, Y’a un homme qui rôde et qui prend des noms : « Au lendemain du supplice on a trouvé que le Christ / Un Jésus pendu à la branche d’un chêne / Jesse Washington, fils d’esclave, ouvrier agricole, dix-sept ans / A été lynché, torturé, puis brûlé vif devant 10.000 personnes ». De l’aveu même d’Hugues Aufray il s’agit aussi d’un hommage à sa façon à un classique de Georges Brassens, La messe au pendu. Hugues Aufray, ancien élève des Dominicains, a toujours fait sienne cette citation du fameux Lacordaire : « Entre le fort et le faible, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui libère ».

AUFRAY Hugues 2020 autoportraitLes autres chansons directement adaptées du folk et de la country plongent dans ces réalités. Non sans humour parfois vis-à-vis d’un des vétérans de la chanson française grand public. Comme dans le Dan Tucker, ce vieux routard (lui-même ?) dont les refrains ont fait « l’bonheur des enfants d’chœur». Dans une autre chanson, « Ah ! » Aufray appuie sur le registre décalé en philosophant quelque peu, proche plutôt de Camus que de Sartre ! Autoportrait inattendu d’un chanteur qui sait aussi se mettre au vert dans sa ferme d’Ardèche.

« Comme toutes les stars un peu anar », Hugues Aufray qui nous a fait chanter la mer, l’amitié, les chevaux, les profs et autres thèmes communs, tisse des liens qui nous rassemblent. Comme nous le rappelle cet album qui compte quatre reprises dont  Stewball, nouvelle version enregistrée dans les studios d’Abbey Road à Londres, en compagnie du chanteur et guitariste Michael Jones connu pour ses années aux côtés de Jean-Jacques Goldman. On nous annonce qu’Hugues Aufray n’est pas encore décidé à écrire ses mémoires et quitter la scène. Il annonce déjà un nouvel album à venir avec des chants de Noël américains. Le temps passe et Aufray défie les modes. On se souvient encore de sa présence insolite en 1966, non loin de Johnny Hallyday et Eddy Mitchell, sur une fameuse photo à la gloire des yéyés.

A suivre donc. Sur un air d’ Hasta Luego, un autre des succès, « A bientôt si Dieu le veut / Hasta Luego / On se reverra sous peu ».

 

Hugues Aufray, Autoportrait, Universal 2020. Le site d’Hugues Aufray, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là

Dan Tucker Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Hugues Aufray, ces chansons qui nous rassemblent

  1. Gallet 28 juillet 2020 à 13 h 45 min

    Finalement, je pense m’intéresser aux artistes que je crois être de belles personnes. En voyant le prix d’entrée de certains de ses concerts, en entendant une suffisance certaine, je me dis qu’il y a tant d’artistes qui sont aussi de beaux humains à écouter et voir …je pense à Bernard Meulien qui nous quitte,que je délaisse les vedettes !

    Répondre

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