AnneliSe Roche et Gérard Morel : la princesse et le croqu’rimes
Concert démasqué#2 : AnneliSe Roche / Gérard Morel & l’Homme Orchestre Qui l’Accompagne – 18 juin – À Thou Bout d’Chant
Après le premier essai transformé par Nicolas Bacchus et Evelyne Gallet fin mai, voila donc ce deuxième concert démasqué orchestré par Bacchanales Productions et A Thou Bout d’Chant, initiative ô combien précieuse dans ce moment d’incertitude du spectacle vivant. Rappelons en le cadre : on est loin de la simple chanson filmée à domicile, même s’il en est de superbes, mais dans un vrai lieu de spectacle, à découvrir parfois avec l’envie de s’y retrouver dans un futur proche. Toutes les conditions d’un concert y sont, une scène – une vraie – des éclairages, du son. Saluons d’ailleurs ici la qualité de ceux-là, et puis, pour le public, pendant le direct via le chat, la possibilité de faire part de ses commentaires, de ses impressions, de dialoguer, de partager simplement, une interactivité qui apporte un plus de vie, un sentiment d’osmose avec l’événement. On n’est plus seul devant son écran ! Pour le confort, on a le choix, canapé, fauteuil ou sous la couette, mais que donnerai-je pour troquer ce côté douillet contre l’atmosphère confinée d’un public et cette chaleureuse proximité !
Passons et ne boudons pas notre plaisir, le menu proposé était savoureux, la fragile délicatesse d’une AnneliSe et la truculence d’un Gérard Morel et, pour tous deux, poésie et tendresse.
Quel bonheur de retrouver AnneliSe, la justesse de ses mots, la limpidité de sa voix, cette force d’évocation entre conte et chant, cette maturité maintenant acquise qui en fait un des beaux fleurons actuels de la chanson. Elle sait nous faire entrer en douceur dans les souvenirs de sa maison d’enfance (6 rue du chêne), nous emmener rêveuse au bord de mer sur Les plages de sel, se muer en branches et feuillages pour la Prière d’un arbre centenaire, nous faire sentir une Présence. L’écriture est précise, toute en émotion, lorsqu’elle psalmodie de façon fort habile les tumultes des rapports entre enfants et parents avec cette exhortation: Pardonnez nous nos enfances ou qu’à fleur de peau, elle nous fasse frissonner dans Faites-moi pleurer. Avec ironie, au détour d’un portrait (Maryline) elle sait s’engager aussi et s’indigner de l’oppression faite aux femmes. Quant aux musiques qu’elle décline soit à la guitare, soit au piano, elles soulignent l’écriture avec finesse avec le concours à la flûte de Jean-David Rochoux.
Nul n’est besoin de présenter ici Gérard Morel, grand croqueur de rimes et de notes, ogre tendre, artisan de chansons d’amours savoureuses, de Chants primesautiers. L’homme est truculent, l’œil pétillant et malicieux, il s’adresse à sa dulcinée pour lui dire avec gourmandise Le nu te va si bien, lui chanter des Stances à sa gorge, faire un portrait savoureux de celle à qui il tient comme à La prunelle de ses yeux et scander une vertigineuse déclaration d’amour. Troubadour et jongleur de mots, il nous conte avec délectation Le dit du chat de Nathalie ou se fait l’ardent défenseur de la grasse matinée (Il pleut des cordes). Avec Stéphane Méjean, homme orchestre qui l’accompagne au saxo alto, baryton ou à la flûte, il nous offre également un Ode à la cornemuse. Enfin pour clore ce tour de chant, avec le soutien d’AnneliSe, rien de mieux que d’entonner l’incontournable Cantique en toque, pour ceux qui, comme disait Francis Blanche, préfèrent Le vin d’ici à l’eau de là.
Troisième mi-temps enfin, et quelle belle idée pour réunir ces deux artistes que de nous offrir quelques titres de Brassens. Qui d’autre en effet pouvait mieux incarner la synthèse de ces deux univers poétiques, unis par la tendresse. Deux voix donc pour nous faire entendre L’eau de la claire fontaine, La princesse et le croque-notes et La marche nuptiale, ici en version franco/italienne. Autre hommage et autre reprise, le duo initié par Marie Laforèt et Guy Béart : Franz. Enfin en guise d’au revoir, petite merveille de Gérard Morel, une Petite chanson à la con superbe et si juste.
Impossible de conclure sans citer tous ceux qui ont contribué à cette réalisation. Pour le cadrage: Lena Pradelle, Léo Roullet, Alexandre Castillon, Lucas Roullet-Marchand – Au son et lumière salle: Yann Gibert – Au montage et étalonnage: Lena Pradelle – Au mixage son : Yann Gibert – Au mastering express : Sylvain Mercier et, pour A Thou Bout d’Chant : Matthias Bouffay et Lucas Roullet-Marchand.
On peut continuer de visionner le concert en replay ici. Et la cagnotte en ligne est toujours active là
Le facebook d’AnnelySe Roche, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Le site de Gérard Morel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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