Bacchus et Gallet augurent-ils des concerts de demain ?
Concert démasqué #1, 26 mai 2020 (diffusion le 28 mai), A Thou Bout d’Chant, Lyon,
D’abord le cadre : mon canapé vert bouteille un peu défoncé, l’ordi branché sur la télé pour voir plus grand, entendre mieux. Un pichet de bon vin et un verre ballon (je laisse avec dédain la bière en boîte à mes homologues footeux) et quelques amuse-gueules de bon goût – des canapés bien nommés –, pas ces vulgaires chips qui ne savent rien des pommes de terre. L’événement est d’importance, qui ébranle le microcosme : voici le premier concert en salle de l’après-confinement. Dix personnes maximum dans la salle, scène incluse. Et nous, le public, en différé, devant notre écran, quelque soit la taille. C’est dans la petite salle quasi souterraine d’A Thou bout d’Chant, à Lyon. Et dans mon chez-moi, sans fard et sans masque, les pieds en éventail. On paye ce qu’on veut, ce qu’on peut, sur HelloAsso : ça fera les cachets d’intermittence.
Si ce concert est viral – ce serait forcément bien ! –, ce ne sera pas à cause des postillons à venir du Bacchus et de la Gallet… Est-ce ainsi que, dans l’avenir, nous allons vivre la chanson ? On ne se pose qu’à peine la question, profitant de ce qui se passe sur l’écran, de l’aubaine. De Quimper à Bouc Bel-Air, de Liège à Paris, on se téléporte à Lyon, rue de Thou. Preuve en est que Thou n’est pas rien.
La scène, avec plus de guitares que de public et de techniciens réunis. Topo sympa des deux boss de cette scène-là (salut Lucas et Matthias !) qui d’habitude annoncent les concerts à venir : cause au Covid, y en a pas ! Semi-pénombre, juste le précis éclairage qui mettra en lumière l’intime de ce qui suit. Evelyne Gallet ouvre le bal, avec Clément Soto, son seul et unique musicien. Elle, sa poigne, son punch, son rire. En fait en plus court le répertoire avec lequel elle se donne en concert, qui fut notre dernier papier papier de concert avant confinement. Qui débute par Je ne sais pas, bien qu’elle sache très bien. Elle est La fille de l’air, « celle qu’on regarde de travers / l’amante, l’amie et la mère ». Gallet c’est postures et passions. Désinvolture aussi. Et rentre-dedans. Elle excelle dans le genre. Elle n’est qu’interprète, qui se permet la crème des paroliers. Entre autres ce soir son vieux pote Patrick Font (superbe La pluie ! et les indispensables Infidèle et Les confitures) et son Copain Matthieu Côte. Du beau, du bon, de l’émotion. De la Gallet, quoi, une pas vraiment sainte (« qui donc m’a foutu le feu au clitoris ») ici ceinte de la sangle de guitare : adorable nécessaire, résolument indispensable !
Bacchus, on le sait, n’aime que la lumière : là il est trop surexposé, difficile pour en extraire une photo. Que nous fait-il, d’ailleurs, Bacchus ? Un récital aux p’tits oignons qu’il cuisine avec amour : comme ce Filet mignon qu’il rôtit par devant et surtout par derrière. Récital d’amour où « les uns niquent, les autres pas niquent ». Avec deux trois inédits qui augurent bien d’un album à venir, mais pas tout de suite. Ce fort en (jolie) gueule avait démarré ce récital par l’Hexagone de Renaud revu et corrigé par ses soins, judicieusement actualisé. Il aime bien convoquer à lui d’autres gars : Patrick Font lui-aussi, qu’il chantera avec Gallet (Le prince charmant et La vieille : deux délices !), Paul Adam, Éric Mie, Vladimir Vissotsky, Bertolt Brecht… Nicolas Bacchus est homme de goût. Qui aime unir la provo et la tendresse : on l’aime dans tous les cas.
Le public chatte sur son clavier, ce qu’il ne saurait faire dans la salle, sinon en messe basse : il commente, il encourage, s’interpelle, s’adresse aussi aux artistes, parfois divulgâche. Faut bien trouver de nouvelles fonctionnalités à ce format-là.
Pour les derniers titres, une guest-star ! La bobine de Bobin s’affiche sur mon écran plat. Cerise sur le gâteau (on dit que Bacchus n’aime que les griottes) que cet autre Lyonnais, fidèle s’il en est de cet antre. Deux titres de Frédéric Bobin, un de Matthieu Côte (La fin du monde), tous trois partagés, qui avec Bacchus, qui avec Gallet. Et un final à quatre extrait de Starmania. Beau concert entre amis, forme singulière dont il faudra nous habituer pour quelque temps. Les boss du lieu sont radieux. Jamais cette salle de quatre-vingt places n’aura eu autant de spectateurs : exactement le triple, pour la diffusion « en direct ». Bien plus depuis.
De savoir aussi qu’on doit l’idée d’origine à Anne-Marie Panigada et à Babette Richard, deux membres de NosEnchanteurs, ça me fait bien plaisir.
Le concert intégral est ici, pour quelques jours seulement !
Le site de Nicolas Bacchus, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Le site d’Evelyne Gallet, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Le site de Frédéric Bobin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Prochain concert, encore à Lyon, cette fois-ci en direct d’Agend’Arts, le dimanche 14 juin, avec Frédéric Bobin et Hélène Piris. Il ne sera pas possible à NosEnchanteurs de suivre tous les concerts de ce type qui, à n’en pas douter, vont se multiplier. Notons par exemple que tout un festival, le Bel Jazz de Flagey (à Bruxelles), se tiendra uniquement en ligne, ces 29 et 30 mai.
Quoi !
Assimiler la consommation de bière aux footeux !!!
Il faut être un béotien aviné pour ne pas faire preuve d’un peu plus de subtilité dans les clichés !
La bière existait bien avant le foot et même bien avant le vin !
laissons les foutus footeux à leur Kro !
La bière c’est autre chose !
Tout est dans la qualité du brasseur quel que soit le terroir !
Demande à Charlebois !
A part ça, bel article pour de bien bons artistes !