Estelle Meyer, l’étoile pourpre

Estelle Meyer aux trois Baudets ©Thomas Bader

Dans la catégorie artiste, elle est comédienne, musicienne, auteur compositeur interprète, « née d’un ventre qui chantait » , rêvant de mille vies, de mille temps, de mille lieux.
Dans la catégorie humaine, elle est femme.
Dans la catégorie féministe, elle est de celles qui exaltent leur féminité, se baignant dedans, imprégnée de nature cosmique, fièrement ouverte, saignant ses lunes comme des moussons pourpres : « Chocolat cru / Amer et sauvage /Aneth des champs rond et piquant / Rouge et rouge ou brun ou noir / Le sang ».
Revendiquant son animalité de louve, sa spiritualité de grande prêtresse, déesse (n’a-t-elle pas incarné Hatschepsout – fille de Rê, maîtresse souveraine de la terre entière, pharaon d’Egypte - la Princesse Europe, ou la reine des fées ?), sa langueur de femme, gitane sauvage, ou orientale conquérante ou offerte.  « Prends-moi / Prends-moi entière, ne laisse rien / Sauve-moi / Sauve-moi entière, ne laisse rien / Fais de moi ta reine, un bison blanc / Une fille qui rêve, un très long chant ».

Un grand F de femme, à l’opposé de Barbara Weldens à laquelle on pourrait la comparer, elle s’incarne pleinement dans sa féminité et sa spiritualité, incante les vagues, « paie [s]on tribut à la lune », hurle la vie de tous les humains passés, de toutes les souffrances et les plaisirs, à la recherche de la Beauté.

La langue est riche, on s’en régale, elle vous lave « Il y a des draps frais / Des draps blancs / Où claquent les langues / Des absents / Il y a dans mon souffle / Un chant cassé / Et si beau / Que la lumière vient s’y consoler », elle vous brûle d’un désir insatiable : «Je suis une polygame en quête d’équilibre / J’aime les hommes, les femmes et aussi les chenilles (…) Je suis une pyromane en quête d’équilibre ».

Après un premier cinq titres en 2013, La louve aux étoiles, les six titres récents s’ouvrent dans un livre disque, recueil de textes accompagné de chansons, à moins qu’on ne le considère comme un disque illustré. Qu’importe. Il n’a pas de limites, ni en textes, ni en musique, entre rock et jazz, mélancolique comptine « Mon p’tit amour est mort / Je t’aime encore / La chambre rose / Immobile attendant / Le balancement du temps » chant tribal ou ballade lyrique au piano. Un magnifique paysage musical porté par ses ailes, le pianiste (et guitariste) Grégoire Letouvet , et le batteur percussionniste Pierre Demange, qui co-composent certaines chansons. Mais surtout il se vit sur scène, comme un rituel sacré et éternel.

Estelle Meyer au Tremplin A vos chansons ©V Capraro

La chanson Pour toutes mes sœurs, brûlot féministe, crie pour toutes celles qui sont bâillonnées, enfermées, martyrisées, et inclut les hommes en son royaume : «Tous sortis d’un ventre, d’un sexe de femme / Tous sortis d’un utérus de dame / Nous sommes vos mères, vos sœurs, vos femmes / Yin et yang complément d’âmes / Ras le bol d’avorter que les filles / Ras le bol de cacher ses chevilles / Nous naissons toutes nues et belles / Ras le bol de croquer la pomme / On sort pas d’une putain de côte de l’homme ». Elle a permis à Estelle d’être récompensée d’un Prix de la création chanson en avril 2019 au Tremplin A nos chansons (Initiatives Chanson).

En parallèle Estelle continue sa carrière de comédienne. Elle a mis au point son tour de chant en résidence aux Plateaux sauvages à Paris, où elle a initié un atelier d’écriture de chansons, de poèmes autour de la féminité, de la sororité et de la figure de la magicienne. Vivement la fin du confinement pour la revoir sur scène où elle donne toute sa (dé)mesure.

Estelle Meyer. Sous ma robe, mon cœur, Livre-disque Major.ette (2019)

La page facebook d’Estelle Meyer.

Pour toutes mes sœurs 

Mes cardinales

Cantique