Ces mots que vous dit Xavier Besse
Xavier Besse fut interprète avant de tenter l’aventure de l’auteur-compositeur-interprète qu’il est devenu. De fait, ce sont les deux qui se retrouvent sur ce second album (le premier, Tout va très beau, remonte à il y a sept ans). L’interprète, à n’en pas douter, a bon goût : Allain Leprest (avec La retraite : si c’est pas d’actualité, ça…), Bernard Joyet (avec On s’ra jamais vieux : là, il insiste !), Laurent Berger (pas celui qui a son rond de serviette à l’Elysée, non : le chanteur !)… même Arthur Rimbaud, même Georges Brassens à qui il reprend un titre peu connu, L’arc-en-ciel d’un quart d’heure (chanson qui, sans le nommer, évoque Charles De Gaulle), pour lequel, après Joel Favreau, il ose écrire à son tour la partition.
L’auteur Xavier Besse entame très fort ce nouvel opus, comme si, des Gilets jaunes à la contestation de la réforme de la retraite, il commentait à chaud notre pays : « J’ai mal à la France / Son cœur sent le rance / Partout la souffrance / Rôde dans ses rues / Sans veine ni chance / Vainement j’avance / Quêtant quelque sens / Dans ses avenues ». Comme s’il fallait que ce soit dit en préambule. Ce n’est ensuite que poésie, celles d’autrui et les siennes.
Son premier album avait objectivement beaucoup de défauts qu’il s’est employé depuis à corriger. On le sent nettement plus à l’aise : de scènes en scènes le métier est rentré. Et, sauf à ne pas aimer le genre, cet opus tout frais résiste à la critique. Xavier Besse aime la belle chanson, les beaux textes d’une facture très classique. Avec le soucis de la mélodie, de l’accompagnement : il partage ici le piano et les arrangements avec Sébastien Barrier.
Deux duos ici. L’un avec Lise Martin sur la chanson-titre, l’autre avec Emma Staël sur le Je t’attends de Laurent Berger : « Elle t’attend / Elle a déjà tout préparé / De ce repas à partager / Avec celui-là celui-ci / Dont elle voudrait combler la vie ». Bonnes pioches. Amour encore avec l’élégant Je t’aime (« Pour la tendresse qui danse / Un peu comme une évidence… »).
D’une plage l’autre, Besse déambule. D’une vieille maison frappée d’intemporalité à de lointains souvenirs d’enfance, il remonte le temps, avec mélancolie. Et s’il a croisé l’amour, il le perd quatre titres plus tard : « Et voilà nous deux c’est fini / Il fait si froid nos corps se quittent / Tout penauds tout cons tout petits / Nos yeux s’ignorent fuient s’évitent ». Nous, nous avons gagné un chanteur, un vrai, à nos collectes d’émotions. Qui aide notre besace à se remplir de poésie : « La poésie / C’est de l’or dans le gris / C’est l’âme des déracinés / Et leurs souvenirs calcinés / C’est s’asseoir tout autour du môle / Rire à la mort sur ton épaule… » Du bel ouvrage.
Xavier Besse, Les mots qu’on dit, autoproduit 2020. Le site de Xavier Besse, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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