Clarisse Lavanant, un florilège breton
Qu’un artiste breton veuille chanter les siens n’est pas nouveau : on est d’une même terre, d’une même famille. En 2018, Clarisse Lavanant sortait son dixième album, Kantikoù Breizh, dédié aux plus beaux cantiques bretons. En fin 2019, elle poursuit son florilège, cette fois-ci par les auteurs-compositeurs-interprètes.
Ce disque nous rappelle celui de Louis Capart, Rives gauches de Bretagne et d’ailleurs d’il y a plus de vingt ans. Tant d’ailleurs que quatre titres y sont communs : La ville que j’ai tant aimée de Tri Yann (une adaptation de l’Irlandais Phil Coulter), Kerouze de Claude Besson, Loguivy-de-la-mer de François Budet et Marie-Jeanne-Gabrielle de Louis Capart. Une même veine, un même plaisir à écouter cette autre sélection, à découvrir comment Clarisse Lavanant se les est appropriés, se les est mis en voix. Disons-le : c’est un sans-faute.
Notre Morlaisienne rend hommage à celles et ceux qui lui ont « donné l’envie d’écrire et de chanter en Bretagne ». De vivre et travailler au pays, pourrait-on dire aussi. A tel point que, hors de Bretagne, Clarisse Lavanant est peu connue. A écouter ce disque, à la savourer par tous ses titres, on se dit que c’est vraiment dommage. Qui aime la chanson ne peut qu’aimer ce répertoire et la voix qui ici le sert. Nul besoin d’avoir des attaches en Armorique et de porter un nom breton pour être séduit par cet album qui va de Michel Tonnerre à Youenn Gwernig, de Mannick à Anne Vanderlove. Et Dan Ar Braz, Manu Lann Huel/Didier Squiban, André Sousset, Louis Le Cunff /Michel Scouarnec, Maxime Piolot/ Dominique Rivière, Youenn Gwernig. Et Clarisse Lavanant elle-même, par trois titres.
Album d’une grande sobriété : le chant de Lavanant n’y rencontre que le clavier, l’harmonium et les programmations de Philippe Guevel, déjà complice de l’album précédent.
Sans vouloir élire un titre plus beau qu’un autre (difficile avec un tel et si beau florilège), disons tout de même que la voix de Clarisse Lavanant montre plus encore sa puissance, sa magie, par la chanson E Kreiz an Noz (de Youenn Gwernig) : « Avel avelig c’houezit ‘ta / Al lann ‘n emgann ha d’an daoulamm / Kanit buan son ar frankiz deomp-ni » (« Vent, mon petit vent, souffle donc / Combats la lande et au galop / Viens vite nous chanter ton chant de liberté »). Notons que deux autres titres sont chantés en breton.
Beaucoup d’auteurs disparus en cette sélection, dont François Budet, Claude Besson et Anne Vanderlove, tout trois disparus récemment : ce disque leur est bien bel hommage
Clarisse Lavanant, De Kerouze à Ouessant, Mus’Iris 2019. Le site de Clarisse Lavanant, c’est ici : ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Splendide.