Alain Barrière, 1935-2019
Sauvé dans Hommage
Tags: Alain Barrière, Nouvelles
Ingénieur chez Kléber-Colombes, c’est à La Colombe que débute la carrière d’artiste du Breton Alain Bellec, qu’on connaîtra bientôt sous le pseudo d’Alain Barrière. À La Colombe, le cabaret de Michel Valette, ainsi qu’au Milord l’arsouille et à La Polka des mandibules, où il tutoie l’esprit rive-gauche par des chansons qui ne s’inscriront pas dans les mémoires. Jusqu’à l’arrivée de Cathy, une chanson avec laquelle il participe en 1961 au Coq d’or, le concours d’Europe1. Un certain Bruno Coquatrix le remarque… Deux ans après il marque les esprits avec Elle était si jolie. En 1964, c’est Ma vie, qui restera son plus grand succès (à l’international aussi : en Amérique latine comme en Italie) : on appelle ça un tube, c’est creux. C’est le début d’une carrière forte et de passages en vedette à Bobino et à l’Olympia. D’autres tubes se succèdent : Emporte-moi (1968), A regarder la mer (1970), Rien qu’un homme (1971), Tu t’en vas (1975). Tubes à l’appel : textes minimalistes, crescendo mélodique, rythme lent et langoureux propices aux slows. La recette est éprouvée. Vous avez tous et toutes flirté sur Alain Barrière, mais c’est vrai qu’elle était si jolie…
À l’entame des années soixante-dix, il crée son propre label, Albatros, et semble changer son chant d’épaule. À son habituelle et sirupeuse chanson, il en substitue une plus engagée, au moins dans ses sujets (la guerre, la pollution…). Ça donnera V comme Vietnam (1968), Avion, béton, camion (1970), Amoco (1978). Sur ses déboires fiscaux aussi, dont il fera une chanson où sa plume trempe dans l’amertume et la facilité. C’est cette administration qu’il fuira, exilé fiscal qu’il est alors durant quelques années, suffisamment pour se faire oublier et, malgré nombre de tentatives de retour (une autobiographie, des compilations et des disques au demeurant fort honorables, une tournée en 2007…), ne plus jamais renouer avec le grand succès. « Je croyais m’être fait un nom. C’était une illusion totale ! », avait-il écrit avec justesse dans son livre Ma Vie de 2006.
Il est décédé à Carnac ce 18 décembre. En un tel lieu, ses grands succès donnent l’impression d’autres alignements.
La terre, elle, tournera sans nous…
https://www.youtube.com/watch?v=O7O8J5dnwYs