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Les Oreilles en pointe 2019. Barcella, poudre de perlimpinpin et goût de chamallows

Barcella (archives Athos99)

Barcella (archives Athos99)

12 novembre 2019, festival Les Oreilles en pointe, L’Opsis, Roche-la-Molière,

 

Comment qualifier ce bonhomme-là en scène ? Concert, tour de chant ? Tour de piste plutôt, un long tour, qui fait le tour de la question. Mais de quelle question au fait ? C’est un pitre, un clown, un singe… C’est un chanteur et, diantre, quel chanteur ! C’est Barcella et, pour ceux qui le connaissent (quand on le connaît, on y revient toujours, guettant plus que d’autres son agenda), rien de nouveau, si ce n’est le talent toujours recommencé, renouvelé. Et, ce soir, quelques titres en plus, des nouveautés qui un jour rejoindront un cinquième album en devenir.

Plein de lampes sur cette scène au chevet du lumineux artiste. Le Rémois qu’il est a dû être grimpeur ou alpiniste dans une précédente vie : il en a de beaux restes. Toujours il escalade son tabouret qu’on dirait être de cirque (les pachydermes et otaries ont le même, si si !), ou l’escalier qui le fait surplomber le piano et son pianiste. Il bouge, il trace, il secoue, il nous secoue la pulpe du fond. Pas de mal pour lui de lever et soulever une salle entière : il excelle en ce domaine. Mais ça, vous le savez déjà.

Chaque chanson de Barcella est en soi un univers. Si ça peut être teinté de mélancolie, de franche tristesse parfois, de coups de dents, de coups de boule, ça peut aussi, souvent, n’être rien (et c’est déjà beaucoup !) que pour le plaisir : celui de bousculer les mots, de les faire danser, d’appeler à lui le soleil et ses rayons qui dardent et fardent toute une salle.

Ça câline comme « Mandoline cherche pain d’épices / Mélanine cherche peau réglisse / Pour construire arc-en-ciel » et ça brusque l’instant d’après, comme quand il chante Salope : « T’es jolie comme une aquarelle d’occasion / T’es belle comme une couronne funéraire / T’es souriante comme une gardienne de prison / T’es sexe comme une gaine de quinquagénaire… » Le chaud et l’effroi ?Fine ivresse d’un artiste gouleyant, dont les mots « viennent du jardin secret des voyelles et consonnes » : le verbe est en verve. Qu’il chante Les chevaux sauvages « sous le pluie diluvienne » ou l’art de découper un enfant et de l’assaisonner à la béchamel, qu’il chante sa maman et regrette son enfance (« Les bâtons de réglisse / Me manquent, maintenant que les années me trahissent… »), Barcella sculpte de sa voix des émotions, fait naître des personnages de ses mains aussi sûrement qu’il le fait par les mots : il prestigiditationne ! De son âme de magicien sort de la poudre de perlimpinpin et le goût des chamallows : sa confiserie de mots « est notre terre promise ».

Une seule reprise d’autrui dans ce répertoire : L’amour à la machine de Souchon, jouée à la mandoline, pour ravoir « Des sentiments / La blancheur qu’on croyait éternelle / Avant ». Le plaisir de Barcella est sans limite. Alors, la fin de ce concert est forcément arbitraire, au seul prétexte de se revoir dans le hall, à boire un coup, deux même. Reste qu’avant ce rendez-vous, les rappels jouent les prolongations bien au-delà du temps réglementaire. Que voulez-vous, après Barcella, on veut encore du Barcella.

 

Le site de Barcella, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Passe passe », 2018 Image de prévisualisation YouTube

« L’âge d’or », 2013 Image de prévisualisation YouTube

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