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Stavelot 2019. Kùzylarsen, miracle à l’oud

Kùzylarsen en scène (photos Benjamin Georges)

Kùzylarsen en scène (photos Benjamin Georges)

Stavelot, « Une chanson peut en cacher une autre », 26 octobre 2019,

 

Dernière ligne droite pour l’édition 2019 d’Une chanson peut en cacher une autre. Le nom du festival prenait d’ailleurs tout son sens en cette soirée automnale, puisqu’avant la déferlante rock annoncée de Bancal Chéri, c’est à la douceur orientale du bruxellois Kùzylarsen que nous avons pu nous abandonner.

Son site nous décrit l’artiste comme suit : « Son histoire, c’est beaucoup bourlinguer, parfois se poser, puis repartir. Donc des voyages, souvent longs, souvent loin, et souvent beaucoup ». Une biographie certes un peu vague mais qui définit l’essentiel : l’objectif du chanteur est de nous emmener ailleurs.

Sur la scène, le moyen de transport semble sommaire à première vue : une guitare maniée par sa partenaire et un oud (dixit Wikipedia : instrument de musique à cordes pincées, très répandu dans les pays arabes, en Turquie, en Grèce, en Azerbaïdjan et en Arménie) pour lui-même. Pourtant, il nous suffit de fermer les yeux et de laisser agir le charme : embarquement immédiat pour le Moyen-Orient, celui des nuits étoilées et des contes peuplés de djinns et de princesses érotiquement voilées.

KÙZYLARSEN, IVRESSE, SUAVITÉ ET MÉLANCOLIE . Coup de cœur confirmé pour cet album dont nous vous avons déjà présenté Danser sur la corniche. https://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2019/06/10/mathieu-kuzylarsen-danser-sur-la-corniche/ Nous avions aussi écouté L'amour et la guerre, un texte de Abu Nawas, poète sulfureux irano-arabe du haut moyen-âge, personnalité qui peut faire penser à Caravage ou à Villon. Il n'y parle pas de la guerre, mais bien d' « un jeu entre amis et amants […] Où l'on ne meurt que du plaisir d'amour ». De fait, Kuzy, alias Mathieu, réalise ici la parfaite fusion de la tradition et de la modernité. Celle de la pochette de Quentin Préaud, fortement contrastée, d'un bleu turquin, indigo presque améthyste, sur fond jaune d'or. Inversé au verso. Avec toujours ce petit être stylisé qui visite le monde. Les œuvres intérieures de Capucine Latrasse, plus douces, reprennent les mêmes petits humains silhouettés, illustrent poétiquement chaque chanson, dans une ambiance colorée différente pour chaque titre, en une belle fusion des arts. L'oud, découvert en Tunisie, puis au Proche-Orient, accompagne désormais, pimenté d'un peu d'électricité, les instruments modernes, guitare, violons, basse (Alice Vande Voorde, qui est aussi la voix féminine ) et percussions. La voix prégnante, douce et enveloppante de Kùzy, nous berce d'une douceur parfois vénéneuse, rythmée, grisante comme un parfum chypré fruité et fleuri. « Le long de ta douceur le lendemain »... Les textes, s'ils ont bien été écrits de nos jours par un auteur-compositeur-chanteur belge, auraient aussi bien pu l'être par un poète persan à une époque indéterminée. Comme chez Abu Nawas auteur de Poèmes du vin et de Festins, l'ivresse traverse l'album, et la séductrice du premier titre est bien une bouteille : « J'ai perdu tellement d'amants déjà tu sais / Que je me suis vidée pour toi à grands flots ». Les passions empoignent gaiement, parfois âprement la tendresse. Ecoutez la sensuelle Belles de nuit, chantée a cappella, ou Mademoiselle Aïcha, aubade tendre et légère fondue aux notes de l'oud. Explorez les secrets du Château vide : « Aube sentinelle du chant solitaire / Calfeutre la nuit et tes lèvres pleines ». La moitié de l'un garde son mystère sur le rythme oriental tourbillonnant et joyeux, sur des paroles qui le sont moins : « Cette boîte est trop petite / Sous nos pieds le sol s'effrite / Des pans de mur se délitent / Un corps à corps qu'on évite ». L'empathie pour lesréprouvés, Fils de tous ou fille de rien, a un petit côté Brassens pour célébrer celui ou celle qui navigue à l'amour. Et le final mélancolique sur un titre du grec Manoulis Rasulis : « Je me souviens que nous buvions / A cette table où je suis assis seul aujourd'hui » fait cette triste constatation : « Plus personne ne chante ici »... . CATHERINE LAUGIER . Kùzylarsen, Le long de ta douceur, Pias 2019. L'album est Coup de Cœur de l’Académie Charles-Cros et lauréat des Octaves de la Musique (chanson) en Belgique.

KÙZYLARSEN, IVRESSE, SUAVITÉ ET MÉLANCOLIE
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Coup de cœur confirmé pour cet album dont nous vous avons déjà présenté Danser sur la corniche. Nous avions aussi écouté L’amour et la guerre, un texte de Abu Nawas, poète sulfureux irano-arabe du haut moyen-âge, personnalité qui peut faire penser à Caravage ou à Villon. Il n’y parle pas de la guerre, mais bien d’« un jeu entre amis et amants […] Où l’on ne meurt que du plaisir d’amour ».
De fait, Kuzy, alias Mathieu, réalise ici la parfaite fusion de la tradition et de la modernité. Celle de la pochette de Quentin Préaud, fortement contrastée, d’un bleu turquin, indigo presque améthyste, sur fond jaune d’or. Inversé au verso. Avec toujours ce petit être stylisé qui visite le monde. Les œuvres intérieures de Capucine Latrasse, plus douces, reprennent les mêmes petits humains silhouettés, illustrent poétiquement chaque chanson, dans une ambiance colorée différente pour chaque titre, en une belle fusion des arts.
L’oud, découvert en Tunisie, puis au Proche-Orient, accompagne désormais, pimenté d’un peu d’électricité, les instruments modernes, guitare, violons, basse (Alice Vande Voorde, qui est aussi la voix féminine) et percussions. La voix prégnante, douce et enveloppante de Kùzy, nous berce d’une douceur parfois vénéneuse, rythmée, grisante comme un parfum chypré fruité et fleuri. « Le long de ta douceur le lendemain »… Les textes, s’ils ont bien été écrits de nos jours par un auteur-compositeur-chanteur belge, auraient aussi bien pu l’être par un poète persan à une époque indéterminée. Comme chez Abu Nawas auteur de Poèmes du vin et de Festins, l’ivresse traverse l’album, et la séductrice du premier titre est bien une bouteille : « J’ai perdu tellement d’amants déjà tu sais / Que je me suis vidée pour toi à grands flots ».
Les passions empoignent gaiement, parfois âprement la tendresse. Ecoutez la sensuelle Belles de nuit, chantée a cappella, ou Mademoiselle Aïcha, aubade tendre et légère fondue aux notes de l’oud. Explorez les secrets du Château vide : « Aube sentinelle du chant solitaire / Calfeutre la nuit et tes lèvres pleines ». La moitié de l’un garde son mystère sur le rythme oriental tourbillonnant et joyeux, sur des paroles qui le sont moins : « Cette boîte est trop petite / Sous nos pieds le sol s’effrite / Des pans de mur se délitent / Un corps à corps qu’on évite ». L’empathie pour les réprouvés, Fils de tous ou fille de rien, a un petit côté Brassens pour célébrer celui ou celle qui navigue à l’amour. Et le final mélancolique sur un titre du grec Manoulis Rasulis : « Je me souviens que nous buvions / A cette table où je suis assis seul aujourd’hui » fait cette triste constatation : « Plus personne ne chante ici »
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CATHERINE LAUGIER
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Kùzylarsen, Le long de ta douceur, Pias 2019. L’album est Coup de Cœur de l’Académie Charles-Cros et lauréat des Octaves de la Musique (chanson) en Belgique.

Le concert débute par L’amour et la guerre, adaptation d’un poème iranien du 8ème siècle. Les soldats y affrontent des populations n’ayant que l’amour pour toute défense : « Nous, nous avons des fleurs comme cavalerie / Et nos balistes lancent des pommes du Liban ». Le Flower power n’a rien inventé… S’ensuivent la belle rêverie de Danser sur la corniche, ainsi que Le long de ta douceur, récit d’une chaude nuit d’amour (L’aube de printemps a fait de nous des amants). Trois titres et nous sommes déjà loin, emportés vers des contrées où les femmes sont belles et douces, les liqueurs capiteuses et les paysages enchanteurs. Nous ne les quitterons plus, même lorsque les chansons seront plus ancrées dans l’actualité (les migrants évoqués dans Mademoiselle Aïcha, les opérations militaires avec Fer de lance…). Avec la surprise du chef : une étonnante version de Je t’ai toujours aimée, chanson millésimée 1982 du groupe belge Polyphonic Size, que Dominique A et Feu ! Chatterton ont également reprise il y a quelques années.

240Si le son de l’oud, inhabituel sur nos scènes, retient bien évidemment l’attention, il nous faut souligner l’apport essentiel de la complice du chanteur. Alice Vande Voorde assure la deuxième voix, bat le rythme de ses mains et durcit le son de sa guitare basse, contrepoint idéal à la douceur de l’instrument oriental. Un duo bien rodé, pour le plus grand plaisir des sens et de l’esprit.

Ce fut un beau concert que celui de Kùzylarsen. Une proposition qu’on jurerait inédite, tant la chanson française s’en va rarement aborder les rives de la musique persane. Combien fut réconfortante la sérénité qui nous a envahis à l’écoute de ces harmonies venues d’ailleurs, à l’heure où les peuples de là-bas ne semblent plus être envisagés que comme des envahisseurs potentiels. La musique comme vecteur de paix ? Il est permis de rêver.

POL de GROEVE

Le site de Kùzylarsen, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

L’amour et la guerre (concert)
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Le château vide (clip)Image de prévisualisation YouTube

 

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