Off Avignon 2019. Interstice, le soleil a rendez-vous avec la lune
12 juillet 2019, l’Atypik Théâtre
C’est un concert, ni un récital de chansons, ni du théâtre musical. Il faut se laisser emporter sur les cordes du violon et de la guitare qui se cherchent, s’opposent, se rencontrent, sur des mélodies pop folks expressionnistes, dans un rêve éveillé, aux lueurs bleues d’une nuit de théâtre. Le soleil nous éblouira en sortant.
Lui, Jonathan Bénisty, à la guitare, acoustique, électrique, grand, mince, cheveux frisés, chemise blanche, jeans, élégant. Il compose pour le ballet, le théâtre. Il crée des atmosphères et des paysages avec sa musique. Quand il chante, sa voix prend parfois des accents à la Nick Cave. Il serait la nuit. Elle, femme-fille, gracile, chignon d’où cascadent quelques friselis, petite robe blanche courte toute simple, présence solaire, yeux candides, est comédienne, violoniste virtuose, de ces instruments qui viennent de l’Europe de l’Est. Elle serait le jour.
Mais comment les faire se rencontrer ? Ensemble, ils [chercheront] le chemin : « Ecoute le chant des sirènes / Ecoute le vent (…) le monde est à nous. »
Les notes rythmées de la guitare se fondent dans le chant tournoyant du violon, entre plainte et douceur, puis s’égrènent doucement. Se répondent, se défient. Seul décor, des ampoules à l’ancienne dont le filament doré réchauffe l’atmosphère, des nuages de fumée qui s’étalent en nappes. Voix off d’enfant : « Au commencement c’est toujours la nuit ? »
Lorsqu’elle chante seule sur quelques notes de guitares de cette petite voix fraîche qui m’a fait penser à celle de Leïla Huissoud, c’est un ravissement : « J’entends au loin comme un bruissement d’ailes / Un sourire qui s’est fait la belle (…) au bal masqué ». C’est alternance d’instrumentaux et de vocalises, chants en français, en anglais, yeux dans les yeux, à la recherche d’un new world ou d’un regard sur l’horizon, sur le rivage. Lorsque sonne minuit au clocher, aux douze heures qui semblent sans fin, un long texte en anglais s’interroge sur l’avenir de l’homme « You are not machine, you’re men » aux sons dramatiques du violon.
Un des moments les plus émouvants est ce chant de sanctification, le Kiddouch hébreu, qu’elle chante juchée sur un plot, très doucement. Dans ce concert le choix de la reprise s’est porté sur Malaxe, de Bashung. Et la dernière chanson sera un beau duo en anglais, finissant en montée triomphale sur l’escalier en gradins de la petite salle cosy de l’Atypik.
Interstice, Jonathan Bénisty et Elisa Moroldo-Fizet, Minuit. A Avignon du 5 au 28 juillet 2019.
La page facebook d’Interstice, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en déjà dit, là.
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