Flow, tout craché
Flow, 3 novembre 2011, Les Oreilles en pointe, salle Dorian à Fraisses,
C’est presque en régionale de l’étape que Flow, native de Montbrison (l’antre de Mickey 3d) est venue. Si, dans une semaine, elle sera de nouveau sur le coin, au Zénith, en première partie de et choisie par Yannick Noah, c’est dans la salle plus intimiste de Fraisses – intimiste mais bondée comme rarement – qu’elle ouvre ces Oreilles en pointe, 21e du nom. « Nul n’est prophète en son pays » lance-t’elle à l’assistance avant la première note, avant de faire chanter le public, là, tout de suite : « Une souris verte / Qui courait dans l’herbe / Je l’attrape… » Drôle de début, continuons. « Approchez messieurs dames / Venez voir les cracheurs de flammes ! » La dégaine de Flow est toujours la même, sweet à capuche et casquette, comme un gosse de banlieue, mais look qu’on dirait redessiné par Pratt : il y a manifestement du Corto Maltese dans l’allure de la chanteuse.
Une rauque, pas rock, même si l’esprit y est. Flow, ce n’est pas un filet de voix qui rend joli le moindre vers. Elle, elle charrie des cailloux, de la lave, des pierres ponces et de la rocaille. Elle rudoie les mots et cogne les sentiments : ça étincelle. Elle virevolte et valse, comme un pivot de la chanson populaire, celle du peuple.
De la reporter photographe qu’elle fut toute une décennie, Florence a gardé le sens de l’image, et plus encore du portrait. C’est de l’émulsion sensible, qui plus est en plans serrés. Portraits certes, caricatures aussi parfois, comme cette Poufiasse (« Pas de chansons féministes, ce soir » dit’elle « bien que je sois une fille ») aux pixels acerbes. Et toujours ce grain de voix, qui charrie une terrible émotion, et ce stress permanent… « Pourquoi ce côté énervé ? Pour nos enfants ! » avoue-t-elle : « Ça se donne, ça ne s’achète pas / Le sourire d’un môme. » Enervée comme le poing de son pote. Sans jamais prononcer le nom de Leprest, en évitant les larmes, elle nous en parle : « Même pas mal, même pas peur / T’as pris le grand ascenseur (…) Mais dis-moi, mec, à c’t’heure / Qui arrosera les fleurs ? » Et lui dédie avec pudeur un autre titre.
Flow, c’est ça. Des flots de tendresses, des vagues de colères, un amour de l’humain et des marées de révoltes. Avec Melissmell, l’une en blanc, l’autre en noir, jeu de dames, duo d’amies : « Aux larmes, citoyen / Formez-vous en peloton… »
Les bras toujours grand écartés, comme si elle voulait rassembler à elle toute l’humanité. C’est elle, ça, tout craché.
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Bien cordialement, Muriel