Claudine Lebègue : sa vie tome 3
« C’est ma vie, c’est ma vie / Je n’y peux rien / C’est elle qui m’a choisie » chantait jadis Salvatore Adamo à la radio. Parfois la vie choisit bien, a des trouvailles lumineuses, ingénieuses. Faut dire que certains individus l’aident plus que d’autres et attirent à eux un peu de cette vie. Ou pas. Mais savent la vivre, l’apprécier. La critiquer aussi, mais en disant pourquoi. Et pis savent la raconter avec un talent – est-ce de l’inné est-ce de l’acquis, à qui d’ailleurs ? – qu’on leur envie. C’est pas que la vie de Claudine Lebègue soit grande. Après tout elle n’a pas eu celle de Dumont d’Urville – elle a juste habité la rue Dumont-D’Urville, explorateur, au 22 bis précisément – ni celle de Van Gogh encore moins celle de Gengis Khan : elle n’est que Lebègue, cette nana à l’allure de garçonne, cette artiste « variée » (elle préfère ça à « de variétés ») que nous suivons depuis trois bouquins déjà (et quelques disques aussi).
Lebègue est chanteuse et à ce titre mérite sa place dans NosEnchanteurs. Mais son autobiographie en trois volumes peut (et devrait) être lue par quiconque aime la vie, et pas que la chanson. Aime la vie, car Claudine Lebègue sait si bien la restituer dans ses pages. Tout, même le trois fois rien, y prend, certes de l’importance, surtout de la poésie. La poésie du trois fois rien, poésie du quotidien, du constant étonnement. Chaque paragraphe fait une, deux pages, rarement plus, organisés en quatre chapitres. Un souvenir, un chat qui miaule, des forains qui arrivent et puis qui partent, un rôle de comédienne, des musiques à l’Usine, des nuits noires de monde, une carte pour un anniversaire, tout fait récit, tout fait sens. Certes, nous n’avons plus pour toile de fond l’Histoire avec un grand H du premier tome d’A ma zone, seulement la vie qui se poursuit, avec ses hauts avec ses bas, peuplée souvent d’émotions, parfois d’indignations. De réflexions à quatre sous comme à cinq cent millions d’euros, autant d’heureux : Lebègue sait bien écrire, décrire la vie. La sienne, certes, qui a le goût d’un peu d’universel. « Je pense que je ne sais pas écrire. A chaque fois que j’écris bien, j’ai le sentiment que c’est un pur hasard… » ose-t-elle page 31. Et nous de la lire, de croquer ses mots comme on le ferait d’une pomme, pépins inclus quand il pleut sur ses mots. « En traçant ma route, je pense aller vers le plus bel endroit, le plus beau moment, autrement dit la chance. Voilà donc l’histoire extraordinaire d’une chance, la mienne » dit-elle en exergue de cet opus, et c’est à peu près ça.
De chacun des deux premiers tomes de sa trilogie, Claudine Lebègue a fait un spectacle, qui mêle un peu tous ses arts, du théâtre à la chanson. Là, elle fait du tome 3 un « spectacle et signatures animées », avec chansons, lecture vive et invité-e-s surprises à chaque date. Elle donne vie à un bouquin qui déjà est la vie. Suivez-là, pistez-là. Lisez-là, écoutez-là. Draps qu’on froisse, accordéon qu’on déploie, cris du marché dans la rue… ses mots résonnent du bruit de la vie. A la lire, à l’écouter, on peut aimer la vie, on doit aimer la vie.
Claudine Lebègue, Perfecto (A ma zone 3), éditions La Passe du vent 2018. On peut le commander sur le site de Claudine Lebègue. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Les dates de ses concerts et de ses spectacles-dédicaces, c’est ici.
La première scène est extraite d’A ma zone tome 1. Les deux tomes suivants sont d’une même plume… Extrait du DVD Tranches de scènes numéro 10 consacré à Michèle Bernard, réalisé par Eric Nadot.
Oui je confirme que ces trois volumes sont passionnants.
Beaucoup d’émotion mais de l’humour aussi.
Si vous aimez la chanteuse, vous aimerez l’auteure qui nous raconte sa vie …