Off Avignon 2018. Igit, embarquez pour la joie
9 juillet 2018, l’Arrache-Cœur,
Igit – prononcer [iguit] – est devenu célèbre par sa voix, vibrante et douce, avec cette fêlure qui nous émeut tant, cet éraillement léger qui prend aux tripes et au cœur. Et puis déjà, ce personnage timide à la bouche se crispant légèrement, ce sourire mi-séducteur, mi chien battu, ce chapeau enfoncé sur les oreilles, ce costume étriqué et trop court, sa façon de jouer du petit piano rouge…
Mais Igit, ce n’est pas seulement une voix, c’est une écriture paroles et musique, et tout un univers intime et poétique, mais surtout étonnamment personnel.
Naissant en ombre chinoise d’un écran blanc, le grand garçon mélancolique à la silhouette si fine et si fragile, serré dans son costume sombre, nous conte une histoire d’eau et de rencontre, qui commence quasiment sur le pont d’Avignon… ou ses quais.
Une histoire de pluie et de beau temps, de jeune fille qui a tant pleuré qu’elle n’est plus qu’une goutte, et que seule l’âme de sa mère – de sa mer pourra consoler, si son amoureux est assez aventureux pour la lui rapporter. Le temps d’un long voyage, la graine qu’il lui a offerte germera peut-être en jolie fleur…
La réussite du spectacle, c’est ce fil qui relie les chansons d’Igit en un conte tendre, magique et nostalgique. Belle rencontre avec Sylvain Chomet, l’auteur des désormais célèbres Triplettes de Belleville, qui a réalisé la pochette de l’album et les dessins des personnages sur l’écran.
Qu’il serre sur son cœur un petit ukulele, ne semblant bouger que les doigts de ses arpèges, qu’il abrite ses amours sous un parapluie rayé bleu et blanc, ou fasse battre son cœur palpitant sous sa main qui le contient, Igit nous conte des histoires de temps qui pleure et de temps qui passe, d’hiver qui se mue en
printemps, de blanc bruit de mer. Qui soudain a déserté le coquillage pendu au cou de sa bien-aimée inconsolable.
Sertis dans ce conte, les bijoux de ses mots prennent toute leur valeur : « Vos bottes se démènent et se veulent sandales… »
Une boule à facette tourne sur un lecteur vinyle, le petit piano rouge égrène ses notes, la boîte à musique nous enchante, la guitare nous berce, et nous voilà prêts à embarquer dans ce périple accompagnés de l’Homme bon, marin taciturne à la gueule de Cousteau, en une quête initiatique de vie et d’amour : « Je ne pleure pas, je compose / À l’encre marine / Je ne pleure pas, j’arrose tes tendres racines ».
Et l’on danse sur cet aveu d’un personnage très brélien : « Je suis nul et vierge comme un tableau / Fais de moi un chef d’œuvre / Fais de moi un croquis raté, utile ou beau (…) Accroche moi au mur des essais infructueux / Du bout des yeux, retrace mes attraits ».
Je ne vous dirai pas la fin, sauf que le croquis raté s’est mué en fresque enchanteresse… pour un public ravi et qui a volontiers joué les bruiteurs et les choristes.
13 rue du 58° RI-Porte Limbert 06 83 45 57 71, Salle Moustaki, du 5 au 29 juillet à 12 h, relâche les mercredis, durée 45 mn.
La page facebook d’Igit, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.
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