De Breizh et de Brac
Nouvel album pour Brac qui semble aimer les visuels insolites qui, hélas, ne savent pas rendre le contenu de ses disques. Car la fantaisie, sur ce troisième album comme sur les précédents, ne réside pas vraiment au mitan de ses chansons.
Jean-Michel Brac est un artiste passionnant qui, « l’cœur en bateau, l’cœur en ruisseau, l’cœur à vau-l’eau », ne nous parle que de la mer et des marins, des iles (île Batz, île d’Ouessant, le phare de l’île Vierge…). De sa Bretagne. Qui ajoute au patrimoine de l’Ouest de bien belles pièces, de celles qui pourraient sans mal, à l’instar de celles de Louis Capart, François Budet ou Michel Tonnerre, inspirer nombre d’interprètes en quête de solides chansons et connaître un jour le plus beau sort qu’une chanson puisse espérer : exister longtemps sans qu’on se souvienne du nom de son créateur.
Pas un texte qui ne ruisselle d’eau, sauf dans son verre : « Le marin c’est bien zinzin / La pêche aux verres il trouve ça sain / Question cafés, jamais en rade / Son préféré c’est Chez Rasade ». Là ou au Café du port où « On vient jouer aux dés / C’est pour chatouiller l’bon l’mauvais sort ».
La mer et ses malheurs, ses pilleurs : « Pas une voile / Pas un écho / Il ne reste que des baleines / Et notre peine, et notre peine / Pas une étoile / Juste de l’eau / Il ne nous reste plus que les phoques / Nos cœurs en cloque, nos cœurs en cloque… » Mélancolie, désirs de mer, vagues à l’âme, le chant de Brac est en lui douce mélodie sculptée par le norois et par le sel, solide comme le granit, câline comme parfois l’est la houle, importante comme une marée plus haute qu’une autre.
Petite formation musicale faite de guitares (dont celle de notre ami disparu Didier Desmas), d’un violon et d’un bandonéon, tous deux joués par Patricia Steinhoff. Et chanson intemporelle que le présent ne fixe pas, qui vaut pour hier et pour demain, chanson de gréements et d’agrément. Il est étonnant que cet artiste, ce Jean-Michel Brac, ne soit pas plus connu. Il mérite tous les passionnés de la mer, les femmes de marins (leurs maris aussi), les bars sur les ports et dans les terres intérieures, la Bretagne en son entier, les amoureux de la chanson.
Jean-Michel Brac, En passant par la Bretagne (Ouessant et autres dérives), autoproduit 2017. Le site de Jean-Michel Brac, c’est ici. Brac fait aussi partie de la Compagnie des Fous Follets. Concert de Jean-Michel Brac le dimanche 27 mai 2018 à 17h, 1 rue du Puits de l’Ermite à 75005 PARIS. Métro : Place Monge tél : 01.47.07.22.11
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