Georges Nounou, engageant, engagé
Si vous résidez dans les environs de Montpellier, son nom, son visage même, vous sont forcément connus. Il est une bonne partie de la scène locale à lui tout seul, lui qui a créé et anime nombre de ses formations (Les Ratons laveurs, Les Etres humains, Caravanserail, le Théâtre en flammes…), qu’elles soient rock, teintées d’effluves orientales ou théâtro-musicales pour grands comme pour petits. De sons irlandais aussi, qu’il s’amuse à frotter à la couenne d’un autre artiste de l’Hérault et nous vaut déjà deux volumes de ce « Brassens l’irlandais », trio folk celtique qui trempe les moustaches « en tablier de sapeur » dans la Guiness. Ainsi est Georges Nounou, qui, en plus de tout ça, prend le temps d’un projet plus personnel, sous son nom. Après « Nouvelles du front » en 2007 puis « Demi-sommeil » en 2009, Nounou poursuit son rythme en sortant son troisième opus « solo ». Il y a dans son timbre un peu de cette variété des années soixante-dix qui se frottait au folk, voix claire un peu nasillarde, un peu Gérard Palaprat. C’est d’ailleurs cette période qu’il chante volontiers dans ses souvenirs des 68’s : « Ne vous déplaise, il y eut révolution / Dans l’insouciance et la fornication. » Posture tendre anar (« Je me représente assez bien / L’Elysée sans maître-chien / Et que me pardonnent ici tous les anars / De ne jamais hisser / En guise de drapeau noir / Que ma guitare »), Georges Nounou est à contre-courant de tout, du showbiz il va de soi, de la chanson de paroles aussi, non que sa chanson à lui en soit dépourvue, loin s’en faut, mais la Nounou-attitude est faite d’autres impulsions, d’autres émotions, d’autres ingrédients hors des dogmes et des modèles. Mais pas hors du temps politique, Nounou ne donnant pas sa part au chien pour égratigner sans tendresse le pouvoir actuel et son pitoyable héros (« Criminel sans crime / Caché, caché / Criminel sans crime / Il me semblait / Qu’il est plus facile / D’être un président qu’un sans-papier »). Avec des sonorités réhabilitées, Nounou participe de belle façon à une chanson aussi engageante qu’engagée.
Georges Nounou, Amor, 2011, Totem music/Mosaïc music. Le myspace de Georges Nounou est ici ; son site est là.
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