Lisza, born to be wild
Que doit-on attendre d’un album intitulé La vie sauvage ? Si on nageait dans les eaux du rock, sûr que le titre suggérerait une musique primaire, faite de guitares hurlantes et de batterie cognante, avec la tête qui s’agite en prime. Mais lorsque l’artiste donne plutôt dans la pop légère mâtinée de rythmes ensoleillés ?
Voici donc Lisza, jeune chanteuse trentenaire belge, dont le premier album, déjà sorti dans le plat pays il y a presqu’un an et qui y a reçu un bel accueil, atterrit à présent dans les bacs de France et de Navarre. Auteure de tous les textes, elle est également la co-compositrice des musiques, assistée dans cette tâche par Vincent Liben, vieux routard de la scène belge (en solo ou avec son groupe Mud Flow, qui y a connu son heure de gloire). Ce dernier s’est également chargé de la réalisation et des orchestrations du disque, dans lequel il joue en outre de la quasi-totalité des instruments. Rajoutons pour l’anecdote qu’il est aussi le compagnon de la belle (ah, l’influence de la presse people sur NosEnchanteurs…).
A l’écoute des 11 chansons qui composent l’album, on se demande si le titre plus adéquat ne serait pas La vie sauvageonne. C’est qu’il y est beaucoup question de liberté et d’enfance, d’innocence perdue et de nostalgie, de nature et de voyage. Autant d’éléments renvoyant à ce paradis entrevu petit et que l’on passe sa vie d’adulte à rechercher.
Premier amour (charnel ?) avec Tonino (Quand je repense à toi/A cette nuit perdue d’avance/Je ne regrette pas/Il fallait bien quitter l’enfance), fugue adolescente (fantasmée ?) avec La cavale (Pour toi j’ai tout oublié/Jusqu’au nom qu’on m’a donné/J’aurais quitté mon pays/Si tu me l’avais demandé), fuite dans l’imaginaire pour soigner ses blessures dans Les rives rouges (J’inventais déjà des rêves insensés/Des parades folles à nos cœurs cassés/D’avoir tant voulu, d’avoir tant rêvé)…, le monde de Lisza semble s’ancrer dans son vécu, parfois d’ailleurs bien douloureux (Je suis l’enfant de ma mère/L’accident/Née de l’adultère). Les mots sont simples, sans fioritures inutiles ni vocabulaire recherché, mais justes. Fuyant les certitudes, tout n’est que doute et questionnement. Où vas-tu porter tes pas ? Que m’as-tu volé ? Qui es-tu ? Y a-t-il une issue ? D’où viens-tu ? Existe-t-il encore un chemin ? Quels sont ces mots à mon oreille ? Que n’ai-je fait la différence ? A chaque chanson sa question !
Ces mots délicats, Vincent Liben les a enrobés de mélodies aguichantes et accrocheuses, orchestrées avec amour. Sans exotisme forcené, nous surfons sur la vague de la bossa-nova ou de la saudade. De la mélancolie joyeuse, comme on en trouve là-bas. Bel écrin musical qui se laisse écouter sans effort et se glisse dans l’oreille en douceur. Une certaine idée du luxe, du calme et de la volupté.
Les amoureux de Françoise Hardy – référence évidente – devraient adorer ce premier disque de Lisza. Et les autres ? Aussi ! L’essayer, c’est l’adopter.
Lisza, La vie sauvage, Animale 2017 (Belgique), sortie France février 2018. Le site de Lisza, c’est ici.
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