Alcaz, toujours par grand vent
De la suite dans les idées. Et des vents qui les portent… Est-ce Le vent fripon, disque tout entier consacré au père Brassens, que ce duo a réalisé il y a quelques années, toujours est-il que l’amour est de nouveau Porté[s] par les vents chez Alcaz. Des vents amoureux, des brises de baisers…
Alcaz c’est, on le sait, Vyviann Cayol et Jean-Yves Liévaux, deux tourtereaux notoires qui, depuis leur rencontre amoureuse et artistique, font valoir leur droit aux sentiments et le chantent. Et ne chantent à peu près que ça, tant le sujet est vaste, tant il se décline sans fin mais avec appétit.
Leur premier album, il y a quinze ans, était frappé de la dédicace de Christian Bobin : « On est dans les meilleures mains qui soient : celles du vent, celles du rien innocent de chaque jour ». Le vent, déjà. A ce premier disque, soit dit en passant, ils prélèvent à nouveau, pour ce sixième album, leur succès La vie va (« Qu’avons-nous vu de nos deux vies / Si ce n’est nos ans qui s’en vont / Vous qui voulez toujours en vain / Ma vie qui va que pour du vent »), singulièrement relooké quant aux orchestrations. Tant d’ailleurs qu’au vu de tout l’album on peut parler d’un nouveau son d’Alcaz, parfois plus proche de ce faisait Jean-Yves Liévaux avant Alcaz, sous le nom de Liévaux transfo. Les puristes, ceux qui pensent qu’une bonne chanson c’est forcément guitare-voix, feront des bonds haut comme ça ; les autres salueront l’audace d’un duo porté par d’autres vents, d’autres notes, d’autres instruments (programmations et batteries) même si guitares, mélodica, cazou et harmonica sont encore de la partie, avec violons et trompettes. L’amour n’en est que plus grandi encore.
Aux affres du monde, Vyviann et Jean-Yves opposent l’amour : « La paix qu’on s’est promis d’essayer / Se trouve sur la voie (…) Je te promets viendra l’heure, les yeux dans les yeux ». A la tradition, nos deux empruntent A la claire fontaine, en font L’eau des larmes, très jazz dans la forme et la façon de le dire. Ailleurs, sur d’autres plages, c’est plutôt world music. Mais tout reste Alcaz, duo d’amour comme on en a rarement fait. D’amour et, toujours, sinon de révolte, au mieux de dignité, de citoyenneté, de liberté brandie comme un drapeau sur des barricades. Car « Il y a toujours un soupirail / Pour crier son nom / Freedom Libertad Houria Liberta ».
S’enticher d’Alcaz, c’est faire avec eux un long voyage, c’est vivre disque après disque le feuilleton de leur amour, un truc sincère qui n’est pas guidé par une stratégie commerciale. Dans ce monde de plus en plus terrible, avouons que c’est bien agréable, avec vents et marées, d’ainsi nous faire vivre et respirer d’amour.
Alcaz, Portés par les vents, Transformances Productions 2018. Le site d’Alcaz, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
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