Juke, suivez son petit bateau
Oualala, keskecéksa, a dit ma tata ? Fais pas chier, a dit mon tonton, et Laisse les dire. Même si cet album est présenté par le Label Caravan jeune Public, voici un CD tout public qui s’adresse aux jeunes de 5 à 105 ans. Je vous préviens, si vous n’avez pas gardé votre âme d’enfant, version Guerre des boutons ou Les malheurs de Sophie, vous risquez d’être désarçonnés. Pourtant si les animaux sont vos copains, des bigorneaux aux escargots, si les chiens et les chats sont vos meilleurs amis, si vous êtes prêts à enfourcher Jolly Jumper ou à ramasser le coton sur d’irrésistibles airs country ou cajuns, tout autant qu’à rateler du goémond chez Les Penn culs, si vous vous laissez prendre par la bonne humeur insolente de Juke, par sa tendresse récurrente (La fiancée du pirate, Les roses trémières, L’indien dans l’eau, La flamme), vous allez passer une sacrée bonne (grosse) demi-heure.
Sans quitter le bistrot du Port, c’est à voyager autour du monde que vous entraîne ce Ténor de Brest. Traversez les mers, côtoyez les Indiens et leurs invocations au fil de l’eau, les planteurs, les grands mères et les chanteurs k’ont La poisse et qui ne se prennent pas au sérieux. Faut vous dire que Juke, d’abord marin (il sait de quoi il parle) chante depuis vingt ans de Douarnenez à Brest, mais pas que : Paris, Berlin, les pubs d’Irlande et de Nouvelle Zélande et même le Sénégal ont bénéficié de sa joie de vivre à toute épreuve et de sa voix entraînante et bien posée. Si c’est enfin son premier album, il n’en est pas à sa première chanson.
Dans cet album de marins, même ceux qui fréquentent plus les tavernes que les ponts des bateaux, c’est l’eau qui est le personnage principal. Salée de préférence, avec des rêves de petit bateaux qui vont sur l’eau et ne chavirent jamais. Voir la pochette de Benoît Morel, le créateur graphique de La Tordue. Les psy s’interrogeraient sur ce symbole parfait de la spirale si ancien et mythique, qui revient sans cesse, entre bigorneau, escargot et Jolie coquille. Trois fois, tel le triskel… N’est-elle pas le symbole du mouvement immobile, du voyage avec sa maison sur son dos, dont l’une des versions les plus libres d’attaches est le bateau, même ancré au port ? Bien encré aussi grâce à la plume de Juke le Maout, alias le Ténor de Brest, qui co–compose aussi les musiques.
Comme souvent, l’apparente facilité et l’auto-dérision s’accompagne de poésie et d’un arrangement musical riche. Celui de ses copains de La Tordue : le co-compositeur, réalisateur guitariste et arrangeur Eric Philippon, et Pierre Payan, multi-instrumentiste. Avec le batteur, percussionniste et multi-instrumentiste Thomas Fiancette.
Guitares, ukulele et basse électriques et acoustiques se mêlent aux claviers, aux bruitages, du chien qui aboie à la mer qui reflue, pour nous entraîner entre rock et java, musique celtique, country ou reggae dans tous les courants salés d’embruns de la musique folk. On laisse Juke conclure en déclarant sa Flamme : « Dans mon jardin secret / J’écrirai ces mots–là / Dans mon jardin secret / Je te chanterai tout bas / Petite flamme de ma vie / Tu es la plus jolie / Petite flamme du soir / Dis-moi qu’on va s’revoir .
Juke, Les aventures du Ténor de Brest, autoproduit, sortie le 8 décembre 2017. En tournée à partir de décembre. Le site de Juke, c’est ici.
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