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Boucieu-le-Roi 2017. Épatante Martine Scozzesi !

Martine Scozzesi à Boucieu (photo MK)

Martine Scozzesi à Boucieu (photo MK)

Rien que l’entrée en scène des deux musiciens, Riton et Samuel, chacun avec son accordéon, donne le ton et le son : « En v’là d’la chanson, en v’là ! »… Une centaine de minutes – c’est long, c’est bien peu en fait – où la chanson est à la fête dans ce qu’elle peut avoir de meilleur. Et le professionnalisme d’abord, qui ne laisse rien au hasard, sauf peut-être les facéties de l’électricité qui nous offriront un des plus beaux moments qui soient, où chaque spectateur se charge d’éclairer la scène qui avec son briquet, qui avec son portable ou sa tablette : beau, solidaire, lumineux…

On connaissait, en des temps désormais dépassés, Martine Scozzesi en interprète. Ce qu’elle est encore un peu, par des « bulles » qui diffusent tant Michèle Bernard (D’toute manière) qu’Amélie les Crayons (Ta p’tite flamme), Jean Ferrat (La montagne, qui s’impose ici, en Ardèche , chantée en duo avec Barbara Deschamps), Nathalie Lillo (C’est un désert), Pierre Perret (Au Café du canal) et Yves Jamait (émouvant Même sans toi)… Mais c’est la Scozzesi au moins auteur et interprète qui s’impose en des textes qui ne déparent pas de ses illustres parrains. Scozzesi est un peu à elle seule l’histoire de la chanson : chanson d’amour et d’engagement. Chansons cœur battant (c’est joli d’à ce point palpiter) et poings levés. Et quand elle convoque Rosa Luxembourg, Flora Tristan et la rouge Louise Michel, Martine ne fait qu’avouer ce qui coule dans ses veines, pour mieux dénoncer les cruautés de notre monde tel qu’il est et s’aggrave à présent : « Ils nous tendent les bras / Ceux qui se noient / Dans des coquilles de noix… » Martine Scozzesi ne nous chante que l’absolue dignité, lance des bouées, certes dérisoires chansons qui appellent cependant des réponses sans délai. Mises bout à bout, ses chansons font réquisitoire qui n’a d’excuse que la nécessité vêtue de pure beauté. Elles sont comme myosotis, des « ne n’oubliez pas » : ni oublier les sentiments (« Pourquoi tu m’offres plus de fleurs ? Pourquoi t’as muré l’jardin / Pourquoi t’as muré ton chagrin ? », « Ce dont je me souviens / Est au creux de tes reins »), encore moins le sens du combat, celui de l’Histoire (« Ça s’est passé un jour de rien / Il faisait très beau cet été-là » entre autres sur une rafle de juifs à Annecy)…

A un public en grande partie neuf à la chanson (c’est tout l’intérêt de ce festival « Mélodie des mots » de Boucieu-le-Roi), Martine Scozzesi, superbe et déchirante, a montré ce que chanson voulait dire. Celle, bien sûr, absente de notre paysage sauf à la vouloir et la chercher. Celle qui vous prend les tripes, vous réveille la conscience et vous chavire en une ivresse diffuse et tenace. Si on ne parlera pas de récital parfait, on le pense quand même très fort.

 

Le site de Martine Scozzesi, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

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