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Barjac 2017. Véronique Pestel en son jardin

Véronique Pestel (photo Anne-Marie Panigada)

Véronique Pestel (photo Anne-Marie Panigada)

31 juillet 2017, cour du château à Barjac (Gard),

 

Il est des artistes incapables de mentir, de chanter ce qu’ils ne ressentent pas, ce qu’ils ne sont pas. Véronique Pestel est de celles-là. Tous ses textes sont ciselés dans sa chair, ses musiques baignent dans son énergie vitale. Et il est des lieux et des publics qui lui permettent d’exprimer au mieux son envie de partage, son exigence de qualité, sa recherche de la perfection dans la forme du message qu’elle veut transmettre. Barjac est de ceux-là.

Avec son public parfois raillé pour son âge plus que canonique et ses réticences pour ce qui sort un peu du moule des trois B. Il y a bien encore quelques uns de ces prostatosaures dans la cour (rénovée) du château… mais il y a également une immense majorité d’amoureux de la chanson, capables de rendre à l’artiste l’amour qu’il lui envoie, capables d’entretenir avec la chanteuse un dialogue commencé il y a des années, ou curieux de la découvrir et d’entrer dans le monde qu’elle propose pendant les trois minutes d’une chanson et toute la durée d’un spectacle.

Pour cette représentation qu’elle voulait exceptionnelle, Véronique s’était entourée d’artistes d’exception : Clément Wurm, dont le violon électrique apportait une note lyrique et dynamique aux mélodies jouées au piano à queue. Clélia Bressat-Blum, impératrice du son, reine de la musique assistée par ordinateur, se multipliait aux multiples claviers électroniques, ou remplaçait Véronique au piano, lorsqu’il lui venait l’envie de se lever et de venir dialoguer avec le public. Et Élisabeth Bernal qui habillait la scène d’un décor exceptionnel et de lumières magiques. Quelle magnificente beauté que ce décor créé pour l’occasion, cette douzaine d’énormes fleurs de tulle sombre, bouquet dont, en en faisant varier l’éclairage, elle les sortait de l’ombre et appuyait l’émotion d’une chanson. Répandues en grappes sur la scène, éclairant, protégeant en les surplombant les artistes, elles donnaient l’impression que la scène était devenue un jardin magique où évoluaient chanteuse et musiciens.

Véronique Pestel dit qu’elle n’écrit pas pour être comprise, mais pour réussir à transmettre les émotions qu’elle ressent et qui sont sa motivation pour écrire des chansons. Ce soir à Barjac, le but était atteint. Elle a proposé un récital mené sur un rythme maîtrisé, montant crescendo depuis Les alouas jusqu’à une reprise du Assez ! de Claude Nougaro, en duo avec Hervé Suhubiette, toute en force intérieure et en puissance. Avant, Véronique nous aura promenés dans son jardin enchanté, peuplé de ses habitants bienveillants (le père Séchaud, qui revient de l’au-delà pour cultiver ses roses, le rossignol qui décide de vivre et de chanter, plutôt que d’aller dormir dans le ventre du chat, les petits ânes dans leur champ, les mamies qui s’éveillent, la vieillesse qui vient, sereine, qui oblige à marcher au pas de l’éléphant… mais à marcher quand même ! -Il est beaucoup question de marche dans les textes actuels de Véronique-) ou parfois plus inquiétants (le spectre qui a précédé l’accident de 2015, la voix qui appelle et qui n’est pas celle du vivant, les marteaux de Camille, impuissants à briser les murs de son asile) mais toujours vecteurs d’une intime conversation entre l’artiste et son public.

Après quelques années sombres, ce retour de Véronique en pleine lumière, toujours animée par son désir d’émouvoir le public et de transmettre son émotion, par ses propres mots ou par ceux de poètes qu’elle affectionne, d’Aragon à Kiki Dimoula (poétesse grecque dont Valérie a lu un extrait de « VIP », à l’heure des souffleurs de vers, juste avant son récital) eh bien… la voir, comme ça, debout, souriante, heureuse d’être là, ça fait un énorme plaisir ! Elle a voulu Faire autrement. À l’audimat des applaudissements ce soir-là, je n’étais pas la seule à vouloir dire à Véronique Pestel que son autrement nous plaisait tout autant que la route sur laquelle elle cheminait avant… et que nous étions tous prêts à l’accompagner encore un grand bout de chemin.

 

Le site de Véronique Pestel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Barjac 2017. Véronique Pestel en son jardin

  1. Wieder odile 5 août 2017 à 22 h 59 min

    Magnifique Veronique !

    Répondre
  2. Bureau pierre 5 août 2017 à 23 h 20 min

    MBravo Catherine pour ce beau compliment presque aussi bien
    écrit qu’une chanson de Véronique !

    Répondre

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