Les Yeux noirs : folies aux Folies !
Les Yeux noirs, concert caritatif aux Folies Bergères, Paris, 10 octobre 2016,
Ils ont beaucoup voyagé et partagé leur musique aux accents tziganes et yiddish à travers le monde, foulant de nombreuses et prestigieuses salles. C’est pourtant ici, aux Folies Bergères, que tout a commencé…
C’était il y a plus de deux décennies déjà. Les violonistes que sont Eric et Olivier Slabiak se produisaient l’un après l’autre au bar du restaurant de ce lieu, avant de créer leur groupe et de courir le monde parfaire leurs connaissances de cette musique découverte grâce à leurs oncles, eux-mêmes musiciens.
C’est avec nostalgie que presque ils nous le confessent, dès leur entrée en scène. Ainsi que, sans ambages, la cause qui est défendue ce soir, celle de l’enfance, pour l’association Coline en ré (association pour la re-nutrition des enfants dans des pays très pauvres ou en guerre civile ; des bulletins de dons sont distribués à cet effet). Ça donne le rythme de la soirée : un grand cœur, comme cette musique !
Certes ils ne sont pas seuls sur scène, accompagnés par un guitariste, un bassiste, un accordéoniste et un batteur, mais, sur certaines chansons, c’est comme rivalité, joute fraternelle : les frangins se livrent duel, se répondent, s’affrontent comme des archers aux archets. Dialogue musical, familial où chacun défend âprement ses arguments.
On se laisse embarquer par la musique et les émotions qu’ils dispensent, encore plus lors d’un instant partagé, précis, intime : sur la voix de leur grand-mère Esther, qui jadis les berçait de chansons en yiddish, en chantant une de celles-ci, ils revisitent cet air à son honneur, avec bonheur.
S’ils ne manquent pas d’humour (étant entendu que nous sommes nous-même polyglottes, ils nous font participer et apprendre un refrain en yiddish), si certains titres (entrainez-vous sur Doina, ani mei si tiniretea, Sanie cu zurgale…) sont plus festifs et envoutants que d’autres, leur répertoire ne comporte pas moins parfois des paroles graves, des propos durs. Avec des interprétations magnifiques, touchantes, venues du fond du cœur. Je défie toute personne à rester insensible à leurs chants, leurs mélodies, leurs « combats » de violonistes, leurs petits pas de danse… Cette musique, difficile de la décrire, sauf à inventer des mots qui tentent de la définir comme Musique-âme : ça leur va bien.
Dans leur filon de pure générosité, le groupe a invité des artistes à leur image : l’actrice Françoise Fabian, dans l’émotion de la chanson Un jour tu verras ; Shirley et Dino pour l’interprétation de Ljuba. La soirée se termine en apothéose, les dernières cordes usées, le public debout et le sourire eaux lèvres car nous avons aussi partagé de la chaleur humaine. De nos jours c’est tellement bon, si important…
Même si vous connaissez peu la culture tzigane et yiddish et la musique qui la caractérise, vous serez à votre tour emportés par ces musiciens, des sacrés yeux noirs à la tendre pupille !
Le site des Yeux noirs, c’est ici. L’ensemble des photos des Yeux noirs prises ce soir-là par Vincent Capraro, c’est là.
Merci pour ce bel article ….. Les Yeux Noirs, de même que Bratsch, font remonter en moi des frissons qui viennent de loin … de mes racines ….