Stavelot 2016. Découvrons toi et moi les plaisirs Dimoné
Stavelot, festival « Une chanson peut en cacher une autre », 29 octobre 2016,
Gala de clôture déjà pour le festival stavelotain, fournisseur de la Cour en chanson française. La tête d’affiche de cette ultime soirée est bien connue des lecteurs fidèles de NosEnchanteurs, puisqu’il s’agit, venant tout droit de Montpellier, de Dominique Terrieu, passablement mieux connu sous le nom de Dimoné.
Son homme à tout faire débarque le premier. Réalisateur de son dernier album, Bien hommé mal femmé, Jean-Christophe Stirven est un orchestre à lui tout seul : il joue de l’encombrant clavier posé sur ses genoux, tout en programmant le synthé de sa main gauche restée libre à l’occasion, tandis que du pied, il actionne une pédale-cymbale, histoire que les percussions ne soient pas oubliées. Je suis certain qu’en outre, il faisait bouger ses oreilles (mais sa modestie l’empêche de s’en vanter).
Tout de noir vêtu, barbe striée de blanc, santiags aux pieds, Dimoné s’avance alors, impérial, imposant, rock and roll. S’accompagnant à la guitare, il nous lance d’emblée un titre impératif, Chuttchuttshut up, histoire qu’on se le tienne pour dit !
Nul besoin en réalité d’une telle mise en garde : le chant nous tétanise, le charisme de l’artiste nous subjugue, la poésie nous emmène. Un homme libre, Venise, Les triples axel, Les idées brunes…, le dernier opus défile presqu’en totalité, entrecoupé de morceaux plus âgés (Dans ta cour, Les narcisses…). Rien ne distingue toutefois les nouvelles chansons des anciennes : tout est cohérent, lié dans le chaudron sorcier du tordeur de mots, oppresseur de mélodies et créateur d’images qu’est Dimoné. Du rock sans gras, sec comme une trique, âpre à l’oreille, du genre qui vous vrille les neurones et vous coupe le souffle. Des textes où les mots se heurtent, s’entrechoquent, se bousculent, pour faire naître des sensations et des émotions, d’où la raison s’absente sans que l’on songe à la rappeler.
On pense à Bashung, bien évidemment, icône incontournable de ce style musical. Mais lorsqu’il se lance, entre deux morceaux, dans une histoire (improvisée ?) fantaisiste à la gloire de la rhubarbe, du jujube et du kaki, c’est la folie d’Higelin qui réapparaît. On a connu pire comme mentors. Plus amusant et anecdotique (mais confirmé par l’artiste après-concert) : dans le look général, les mimiques, le sourire, on semble parfois applaudir Jean-Pierre Darroussin (si si !).
Bien sûr, dans la salle intimiste du festival, cette guitare électrique qui sonne, ça bouscule un peu les habitudes. Surtout que, loi du genre, les paroles ne sont pas toujours audibles comme il le faudrait (mais n’est-ce pas surtout dû au texte lui-même, peu accessible à la première écoute ?). Le public, parfois décontenancé car plutôt amateur de chanson française « à l’ancienne », n’en réservera pas moins un très bon accueil à l’artiste. Que l’on apprécie ou pas cette manière de concevoir la chanson, face à l’évidence d’un tel talent, difficile de faire la fine bouche.
Le site de Dimoné, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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