Avignon Off 2016. Benoît Dorémus, l’art d’aimer
« En Tachycardie », Théâtre l’Arrache-Cœur, 15 juillet 2016,
Avant-dernier spectacle de ce 15 juillet particulier, Benoît Dorémus, après s’être concerté avec ses musiciens, Cyril Montreau et Julien Deguines, décide de donner son concert ce soir en solo et gratuitement, en hommage aux victimes de Nice. En trio « envoyer du son » lui semble trop bruyant pour son état d’âme, pour le nôtre. Ceux qui l’ont vu sur scène quelques années auparavant s’y retrouveront. Une grosse bougie allumée à ses pieds, perché sur un tabouret, armé de sa seule guitare, c’est dans une atmosphère recueillie, qu’il va tenter de calmer les battements de nos cœurs chagrins.
Son univers à lui, c’est la délicatesse des sentiments, une analyse complètement auto centrée en laquelle paradoxalement chacun se reconnaît. Là est sa force. Benoît Dorémus a l’art de se dévoiler avec pudeur et douceur tout en appelant un chat un chat, mettant en scène ses chansons en de longs récits de vie, les fugues lorsqu’il avait dix ans, à la recherche de reconnaissance de ses parents, avec ce terrible aveu « je pleure un bon coup parce que je suis tombé sur moi », mais aussi le récit plein de verve de ses lectures aux chiottes (sic) où de nombreux d’entre –nous se reconnaîtrons, ou son passage par le cirque où l’on jongle, marche sur les mains, joue de la trompette ou de la flûte.
Un style bien reconnaissable, rythme insistant, longues, très longues ballades, où les mots, simples mots de tous les jours, mais avec de vraies trouvailles, racontent si bien la vie…Quelquefois on pense à Renaud, qui fut son mentor, c’est particulièrement le cas dans cet Existentiel qui voulait être un vrai dur, ou à Fauve, dans ce titre chanté-parlé 20 milligrammes qui conte les angoisses de toute une génération « J’ai c’putain de p’tit vélo dans l’crâne », ou même à Souchon avec cet aveu, les artistes sont tous des Bêtes à chagrin.
Mais ce qui l’occupe ce sont avant tout les femmes : celle qu’il recherche entre toutes « La femme de ma vie comme on dit / Ou la femme de mes deux comme on veut / Je la cherche depuis tout petit / Et j’suis presque vieux (…) Elle est dans celle qui me vouvoie / elle est dans celle qui me voit pas », les rendez-vous manqués, « Elle a découvert en vrac / Que je suis une sale arnaque /Un vrai massacre / Un arracheur de sacs », la séduction « Je t’offre ma peau, je suis un vêtement chaud, je suis sûr de t’aller pas mal. », la séparation : « J’ten veux à mort », ah Laura, « ta belle odeur quitt’ra mes beaux draps », et puis cette vengeance improbable à grands coups de boule de neige dans la statue de ce « putain de Georges » coupable de lui avoir fait croire en la fidélité des amoureux des bancs publics…
Dernier moment d’émotion quand son guitariste Cyril le rejoint pour une reprise de la chanson de Souchon Et si en plus y’a personne « Si ces vies qui chavirent / Ces yeux mouillés / Ce n’était que le vieux plaisir/ De zigouiller »
Un moment vrai…
Le site de Benoît Dorémus, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. Jusqu’au 30 juillet en Trio, relâche lundi 25 juillet, au Théâtre l’Arrache-Cœur 11i7, salle Moustaki, à 21 heures. Dans le cadre d’« on y chante » et initié par le collège Variété de l’Adami.
Puis le samedi 6 août à 20h25 au Festival de Flamarens.
Brassens en pleine poire.
Benoit est programmé à Avignon de même que Boule, Volo, Chloé Lacan, et Askehoug dans le cadre d’une opération intitulée « on y chante » et initié par le collége Variété de l’Adami. 5 partenaires sont associée à cette programmation : le train-théâtre à Portes-les-valence, les bains-douches à Lignières, le festival Chantappart , l’estival de St germain-en-laye, La manufacture chanson. C’est le travail collaboratif de tout ce monde qui permet à la chanson de se faire une place dans le cadre du off depuis 4 ans.