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Bodh’aktan : vive le Québec celte !

images« D’un pays lointain je suis parti / Sans femme ni enfants, j’étais libre comme le vent / A moi et ma jeunesse, j’avais fait promesse / De parcourir le monde, de vivre pour moi ». Leur physique de déménageurs ne les empêche pas de faire dans la finesse, presque de la dentelle, comme celle tatouée sur la peau ; leur tronche de biker, de hard-rockers, ne doit pas nous tromper : ce sont des folkeux. Des hard-folkeux si vous y tenez (ils se qualifient, eux, de « rock-celte-trad’ »). Encore que ce nouvel album soit vraiment apaisé.

Eux sont québécois et peuvent sans mal tenir en vedette la scène de l’Interceltique de Lorient : ils en seraient sans mal la coqueluche. Jadis, nombre de celtes ont gagné le continent américain. Des Irlandais au temps de la grande famine, certes. Mais pas que. Pas mal de Bretons aussi. Étonnez-vous ensuite que le Canada anglophone nous ait donné Loreena McKennitt et que la partie francophone, nos cousins, nous amène Bodh’aktan.

On vous les a déjà présenté comme étant un peu le pendant canadien de Soldat Louis. Sur un de leurs précédents albums ils en reprenaient même des titres, dont le fameux et savoureux Du rhum, des femmes, cette chanson qui ajoute une pièce de choix au répertoire marin.

S’il en étaient un peu la (belle) copie, Bodh’aktan s’est depuis affranchi de Soldat Louis, non forcément du style mais du répertoire. Par un travail rigoureux sur leur propre production, dont la pièce de choix est sans conteste cet album éponyme, bijou à douze facettes qui toutes brillent pareillement.

Le visuel est hall d’aéroport, avec ou sans Bécaud, sans Vassiliu et sans journal non plus. La baie vitrée devant le tarmac. Et au premier plan les bagages de nos chanteurs et musiciens. Car ce disque est disque de voyages, « carnet de bord » diraient de concert Pierron et Lavilliers. Nos Bodh’aktan sont voyageurs : ils y ont pris le goût. De leur épicentre québécois, ils vont de par le monde distiller leur bonne musique et sans doute pas que ça. Leur public est désormais sur tous les continents. « Les douaniers nous saluent à l’arrivée / Et prennent des nouvelles / On s’est lié d’amitié / A travers les années / Avec du maudit bon monde / D’un petit peu partout / Une belle grande famille l’autre bord de l’océan / Qu’il fait bon de revoir. » C’est un album d’exils volontaires, de tournées, de longues traversées, fait de lieux plus que de rencontres, d’état d’esprit, de plaisirs mêlés aux regrets : « Ça fait longtemps, ça fait dont ben longtemps / Que j’ai vu ma gang, mes vieux chums du temps / La vie va vite, on court partout… »

A quelques envolées près, alors très rock, ce disque est plus doux, plus tendre que les précédents. Bien plus mélodique aussi. Et plus accessible à l’auditeur, question qualité d’écoute : même les paroles sur le livret sont alors presque inutiles. Qui aime le trad aimera cet opus, le chérira.

 

Bodh’aktan, éponyme, Go-Musique Inc (pressage canadien) 2016. La page facebook de Bodh’aktan, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.

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