Prémilhat neuf
On pourrait s’étonner de certains horaires ou de certains choix, ou encore regretter qu’un public plus nombreux n’ait pas su profiter des efforts de Jean-Michel Tomé et de son équipe pour découvrir et certainement apprécier les artistes et leurs chansons, dans une bonne humeur communicative. On peut aussi se réjouir simplement de l’existence et même de la résistance de ce festival de proximité unique en son genre. Des groupes et des solos, des jeunes et des plus mûrs, des légers et des plus graves, la scène de Prémilhat a, cette année encore, connu la variété des genres dans le registre chanson francophone.
Parmi les changements de chaussures, coups de balai, coups de gueule et autres récréations qui animent la scène de la salle des fêtes, trois moments forts se sont distingués avec en commun l’originalité, l’audace et la qualité pointilleuse de la prestation.
Lorsque Céline Caussimon jaillit avec une énergie ébouriffante, en ménagère de moins de cinquante ans à qui on ne la fait pas, on sait déjà que la partie est gagnée. On l’attend ici, elle est déjà là. Rebelle, moqueuse, fière, drôle, tendre, elle sait finement démasquer les manipulations qui nous menacent et faire voler en éclats les préjugés qui nous étouffent dans ce siècle mal commencé. Accompagnée par David Doucerain à la guitare, elle rythme des expressions bien ajustées qui touchent nos points sensibles à la tête et au cœur. Cette femme est libératoire et jubilatoire.
Pascal Mary est un phénomène. Et il le prouve avec un talent remarquable en se déboutonnant jusqu’au fond de l’âme pour nous faire partager ses joies et ses douleurs. Des scènes cruelles ou désespérantes de son enfance il a réussi à tirer, avec un humour mi-orange mi-citron, des tableaux truculents et sombres ou encore des clichés très noirs avec une tache lumineuse. Les demi-teintes ne servent qu’à mettre les excès en valeur. Plaisir et souffrance se marient avec un sadisme séduisant. Il joue sur les différences avec une virtuosité verbale remarquable sur des mélodies enlevées, au piano. Il faut, en plus du talent, un recul des plus lucides et une pratique ciselée de l’autodérision pour une telle performance.
L’énergie, l’impudence, la virtuosité sont aussi dans la palette d’Elsa Gelly. La Femme à voix nue n’a en effet nul besoin d’accompagnement musical, ses cordes vocales suffisent à créer l’aura magique qui l’entoure. Conjuguant ses ressources vocales époustouflantes avec une diction parfaite, elle donne aux chansons qu’elle choisit, chez les auteurs les plus variés, une nouvelle dimension, une autre image, un second degré parfois surprenant. Plus encore, elle chante aussi avec son visage, son corps et son ombre. Seule, toute entière et sans autre artifice que son talent, elle sait faire frissonner son public et l’entraîner dans son tourbillon.
Trois performances bien différentes, trois réussites sans accroc, incontestables, souveraines pour cette neuvième édition.
Le site de Céline Caussimon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Le site de Pascal Mary, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
Le site d’Elsa Gelly, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
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