Blanzat 2015. Sur la tête à Mathieu…
Pascal Mathieu, 14 juillet 2015, 11e Rencontres Marc-Robine, à Blanzat,
Bien avant son arrivée en scène, c’est son siège qui surprend et retient notre regard. Un trône presque. Tout haut perché, surdimensionné. On se dit qu’il a dû le piquer au précédent locataire de l’Élysée. C’est vrai que Pascal Mathieu lui non plus n’est pas bien grand. Question talent c’est autre chose. Veste, chemise blanche, propre sur soi, cravate en ticket de métro : il faut chaud dans cette salle, on transpire en commun. Son inspiration, ses textes sont plus désordonnés, joliment loufoques. A ses côtés, son complice de toujours Claude Mairet, aux guitares, dans un jeu qui tire sur la pop, très tendu, impeccable. Ceux qui sont plus attentifs que d’autres question chanson reconnaitront en lui l’ex musicien et compositeur de Thiéfaine.
Pascal Mathieu fait poésie du quotidien, de petites choses de grande banalité. C’est son regard, sa restitution qui n’est pas pareille : « Tu m’as pas quitté depuis ton départ / Tu es juste en retard. » Il a la politesse de l’excuse et réciproquement. Lui bouscule la réalité et les mots pour l’exprimer : il a des idées bizarres, le sait, le dit, le chante. Depuis toujours même, tant qu’il tire de son passé les vers qu’il rédigeait alors, aux temps de son acné, même d’avant, un peu d’après. Comme il fait collection de formules, il nous en offre aussi, rien que pour le plaisir : ainsi, en cas de canicule meurtrière, c’est « Vingt mille vieux sous les vers. » Ses règles de grammaire sont surprenantes qui tiennent le préservatif pour complément d’objet. Le reste est à l’avenant. Les bons mots font-ils le bon artiste ? En ce qui le concerne, oui. Dans ses chansons bousculées, décontractées, il y a des vrais morceaux de pures drôleries, des petits bonheurs.
Poésie du quotidien, oui. Pas de grandes intrigues, de panoramiques, de chansons fleuves… Que des petites choses. Il déambule dans sa vie et celle des autres, avec son regard incongru, décalé. Ici, il va au zoo avec Daisy, là il vous suit à la lettre, dans sa typographie à lui : « Il faut que je vous affranchisse / De vous je suis un peu timbré. » Pascal Mathieu est comme délicieux dessin d’humour, entre Sempé et Chaval : tendre et bizarre. Des hiérarchiques relations entre Bill et Monica, il ne voit que la robe de celle-ci où reste un reliquat. Bizarre Pascal Mathieu ? « Toujours la même voix qui me dit / Ne te retourne pas / Un psychiatre te suit… » Lui poursuit son chemin, on lui emboîte le pas, persuadé qu’il ouvre d’autres possibles chemins de la chanson.
Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Pascal Mathieu, c’est là.
Pascal Mathieu a toujours été très bien acccompagné, je me souviens de Bernard Montrichard, qui l’accompagnait dans les années 94-95, un des plus fins musiciens, « un prince de l’accompagnement » comme pourrait dire tonton Philippe… L’album de cette époque a eu pas mal de vicissitudes, mais si vous le trouvez n’hésitez pas, c’est un collector ..
Un des derniers articles ..
http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2013/01/28/pascal-mathieu-dans-lattente-du-15-mars/
» tendre, bizarre » et très drôle ! on a entendu beaucoup de rires dans la salle de la Muscade hier soir et ça aussi, ça fait du bien !