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Pierre Perret, de la scène au prétoire

Effets de manches et tirs à vue, depuis hier et jusqu’à ce soir au tribunal où Pierre Perret veut laver son honneur, ternis par un papier au vitriol de la journaliste Sophie Delassein, du Nouvel Obs. Ce ne serait pas une question d’argent pour notre Pierrot (« Les dédommagements, ce n’est pas mon problème. C’est l’affaire de mes avocats. À eux de savoir ce qu’ils doivent demander » déclare-t-il à La Dépêche) qui, en conséquence, réclame 215 000 euros de dommages et intérêts et « trouve que ce n’est pas assez » (nous rapporte Sud-Ouest). Les témoins défilent à la barre, ainsi Guy Béart, eau vive et rancune pareille envers un Pierrot des mauvaises lunes. Dans cette salle d’audience, on parle de Léautaud et de Brassens, de possibles plagiats (« Les chansons de corps de garde sont à tout le monde » soutient Perret ; « Les Jolies colonies de vacances, par exemple, c’est un texte de Pierre Louki » souligne Béart…) et de vérités oubliées que ni les moins de vingt ans ni leurs parents ne peuvent connaître… C’est sans cadeau, ça saigne.

Ce vieux papier (septembre 2001, à La Forge, au Chambon-Feugerolles) tiré de mes classeurs, me renvoie au Perret que je veux et préfère garder, loin de ce prétoire malsain où les vérités ne sont pas toujours que de vilains mensonges.

 

Les cordes vocales de Perret sont salutaires à qui veut les entendre (photo DR)

Archive. Vu la verdeur de certaines chansons du Pierrot, vu ce qu’obstinément trouve La Corinne, ce sont peut-être les enfants présents à La Forge qui ont dû être étonnés, intrigués, un peu déphasés. Encore que. S’ils étaient venus n’entendre que Vaisselle cassée, Comment c’est la Chine ou Quoi de plus sympa qu’un œuf, c’est râpé. Il n’y eut pour eux qu’un peu de Tonton Cristobal et que La cage aux oiseaux. Que Le zizi, dans toutes les bouches. Et Ma p’tite Julia. Pierre Perret n’a jamais été de ceux qui passent une nuit sur scène. Quatre-vingt dix minutes maximum, mécanique à rappels lancée depuis longtemps déjà. Il est comme ça : il nous fait rêver, devenir tout rouge de confusion puis Vert de colère, il nous fait chanter puis s’en va. Et nous laisse frustrés car on y va aussi pour entendre Le petit potier et La sieste, pour applaudir Y’a cinquante gosses dans l’escalier, Bercy Madeleine ou Ma nouvelle adresse… Y’en a pas eu pour tout le monde, trop de chansons à son répertoire, trop peu de temps pour les chanter. Et, de toutes façons, en raison « de ce qui nous plane sur la théière », une inspiration pleine de tristesse comme faite un peu de la poussière de Manhattan, de la mort qui rode en territoires afghans, du bronzé qui, plus que jamais, peut changer de trottoir. Et de toujours l’évidente Lily qui « lève aussi un poing rageur / au milieu de tous ces autobus / interdits aux gens de couleur. » La salle n’était pas pleine comme un œuf et c’est dommage. Dans un discours ambiant monocorde, les cordes vocales de Perret sont salutaires à qui veut les entendre. Simples comme bonjour, respectueuses. Et inquiètes du monde présent. Mon p’tit loup ou l’outrage fait à l’enfant, Au nom de Dieu comme la confirmation d’une lourde tendance fin de siècle début de l’autre, ce quelle que soit sa confession, quel que soit son port d’attache, Nos amis les bêtes souvent moins bêtes d’ailleurs que le moindre des humains… c’est le ton grave que nous devons retenir de ce spectacle. Reste que l’épicurien Perret est aussi l’auteur interprète du Tord-boyaux, d’Au Café du canal, de Ma femme, du Plombier et d’Olga, de Blanche aussi. Rires et tendresse, c’est peut-être, on l’espère, ce qui sauvera le monde. Pierre Perret est un îlot de bonheur et de sagesse. À sa source on peut boire des mots sages, des messages. Pas les faire siens comme on idolâtre « au nom de Dieu » mais comme ceux d’un homme digne qui vit sa vie, regarde la planète et tente ce qu’il peut. Par des mots repris en couplets et en refrains, des propos qu’on fredonne chez soi ou qu’on reprend au passant. Des chansons qu’on aimerait dire subversives, si toutefois elles pouvaient encore changer le monde.

 

Une réponse à Pierre Perret, de la scène au prétoire

  1. Christian PIERREDON 23 mars 2011 à 12 h 51 min

    pourquoi toujours allez fouiller la merde chez nos chanteurs. Laisse nous écouter les chansons de perret et de lavilliers tranquille, leut talent n’a pas besoins d’artifices pour exister.

    Répondre

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