Nuits de Fourvières 2014 : Mokaiesh et Chedid sous l’eau
Nuits de Fourvières 2014, Lyon, mercredi 9 juillet,
Pluvieuses Nuits de Fourvières… Ce soir à l’Odéon antique, pour Cyril Mokaïesh et Louis Chedid. Malgré la pluie qui fait des claquettes, tout parapluie est proscrit, question de sécurité, de visibilité. On tire au mieux nos cirés pour qu’ils nous couvrent le plus possible : ça limite les effusions et les trop grands applaudissements. Mokaiesh a beau tout faire pour nous bouger, c’est relatif : on est prostrés. Lui hurle les étapes de l’amour qu’il chante comme autant d’épopées, de tragédies, comme quand il y a peu il nous chantait la révolution avec la même ardeur. L’amour est-il à ce point un combat, une dure lutte ? Il mouille sa chemise et va même, sous l’averse, chercher le public dans ses ultimes retranchements. Rien que ça, c’est déjà mémorable.
Entr’acte puis Chedid. En formule solo, non par économie mais parce que ça correspond à son dernier album, Deux fois l’infini, épure s’il en est de son art. Autant Mokaiesh parle peu, autant lui, Louis, se répand, taille la bavette comme un vieil ami qui en a des tonnes à nous raconter, ne serait-ce que pour nous consoler de cette météo qui désormais se déchaîne plus encore : il pleut des cordes, ça fait déluge sonore. « Venez me rejoindre sur la scène, au moins vous serez protégés » nous enjoint-il. Alors on se retrouve autour de lui, en un demi-cercle. Il est à deux mètres à peine de nous. Rien que sa voix fait baume au coeur et nous réchauffe, nous les transis de froid de ce mois de juillet. Son répertoire ? Ce récent et magnifique album, d’où nous retiendrons entre toutes ce Encore un enfant… bouleversant, sur ces enfants soldats : là, juré que ce n’est pas la pluie qui perle de nos yeux. Et quelques autres mémorables chansons de plus vieux : Anne ma sœur Anne, Bouc Bel Air, Les absents ont toujours tort… C’est à l’écouter, à la guitare en un registre plus gai, au piano en un registre plus émouvant, qu’on sait – si toutefois on l’avait oublié – que Chedid s’inscrit dans le grand patrimoine de la chanson, à plusieurs titres, à presque tous. Mais, au-delà de ses chansons, c’est le personnage qui est plus prenant encore, sa gentillesse, sa proximité. L’espace d’un concert, nous sommes amis, lui et nous, frères d’aventure, de récital. « Tout passe, tout casse, tout lasse, tout s’efface » mais pas lui, pas ce bonhomme. Ce fut encore concert-collector, moment exceptionnel : dieu que la pluie décidément est jolie !
(article rédigé avec le concours de Lola Kemper)
Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Cyril Mokaiesh, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Louis, c’est là.
Voilà bien ce qui fait des souvenirs de concerts inoubliables, et souvent des spectateurs définitivement vaccinés à la scène vivante…
On se rend compte à chaque article que chaque concert est unique et différent, on se souviendra des pluies et des orages de juillet, qui, loin d’arrêter les chanteurs et de décourager les spectateurs ont créé des situations improbables et des moments inoubliables . et Louis Chedid, sec ou mouillé, on l’aime !