Franck Monnet en concert : un Café et l’addiction
Franck Monnet (photo Julien Mignot)
Dieu sait qu’elle est belle, cette salle du Café de la Danse, posée à quelques encablures de ce coquin de Génie de la Bastille (je vous rappelle à ce propos que, comme disait un talentueux chantiste d’appellation helvétique non contrôlée, non seulement Dieu n’existe pas, mais qu’en plus il s’appelle Gérard.)
Une large scène à hauteur immédiate du public, de hauts gradins accueillants, un superbe mur de fond de scène en pierres de taille apparentes (voilé de noir ce soir-là), et, tout de même, parce que, hein, un sympathique bar suspendu en mezzanine (ben quoi ? nan…rien.).
Vous l’aurez compris, un écrin rêvé pour accueillir le retour sur scène (et en France) du discretissime Franck Monnet (Grand Prix Charles-Cros 2001, Prix Constantin 2005) dont nous vous présentions le nouvel album il y a fort peu en ces lignes (voir ci-dessous).
Discret, certes, mais pas oublié par ses myriades d’afficionados, à en juger par la foule impatiente s’agglutinant dans le petit passage Louis Philippe presque deux heures avant le début du concert. Et dans le public, du beau, du très beau monde, mais chuuuuut, il fallait y être… Il faut dire que le bonhomme a l’art de se faire désirer (à son corps défendant, car on ne saurait soupçonner là de posture de sa part) : après quelques déboires avec sa maison de disques, que nous ne nommerons évidemment pas (quoi que… Oh, et puis non..!), il a mis des alizés dans ses voiles pour cingler vers le bout du monde et retrouver son amour en Nouvelle-Zélande. La claaaasse !
Bref.
En première partie, Jeanne Added, petit bout de femme à la tignasse platine ébouriffée et à la présence scénique intéressante. Seule derrière une basse électrique presque aussi grande qu’elle (rhooo, si on ne peut plus exagérer un peu…), elle chante, en anglais hélas, d’une belle voix clairaillée (Si, ça existe. En tout cas maintenant…) et impose une belle personnalité lorsque, victime d’un branchement de jack défectueux, elle se lance dans une longue impro vocale épurée.
Et puis, devant un Café de la Danse blindé de monde, y compris le public assis par terre devant la scène, Franck Monnet fait son entrée timide, avec ce timbre de voix si caractéristique capable aussi bien de descendre dans les graves que de s’envoler joliment.
Epaulé subtilement par François Lasserre à la guitare électrique et par Anne Gouverneur au violon et à la basse electrique, il s’avance, sous un éclairage très sobre, le plus souvent nimbé d’un halo cru de lumière blanche toute simple.
Le phrasé est toujours élégant, et les petites mélodies irrésistibles tournent longtemps entre les deux oreilles, grignotant l’âme insidieusement.
Une soirée ponctuée, croyez-le ou non, par l’authentique bande-son des cigales néo-zélandaises. Rien que ça.
Ayant souvent écrit pour d’autres et pas des moindres (Vanessa Paradis, entre autres), Monnet chante à merveille, comme il le dit dans un de ces textes, « des choses alambiquées et limpides à la fois ». Voilà, c’est tout à fait ça, tout à fait beau, et tout à fait bien.
Et puis quand même, quelqu’un capable de nous offrir « J’adore t’écrire / mes mots se déplient vite en papillons érubescents »…
S’ensuivent deux bien jolis duos, l’un avec L. et sa jolie voix gracile façon Barbara (2ème album en préparation), l’autre avec Jeanne Added de retour au micro, leurs deux voix se fiançant à merveille…
Et puis… Et puis… LE moment d’émotion pure, lorsque est convié sur scène, via le sublime titre « Les Faons » et ses c(h)oeurs éthérés, le gentil fantôme de Lhasa.
Dans la salle, quelques larmes perlent au coin des coeurs.
La quasi intégralité du nouvel album offert à notre écoute ravie, saupoudré à l’occasion de quelques beaux soli cristallins de guitare électrique, plus quelques titres plus anciens, dont l’incontournable « Les Bancs » agrémenté de bien sautillants pizzicatti.
Une soirée intimement magique, vraiment.
Vous n’y étiez pas ?
Qu’à cela ne tienne, prochain concert très bientôt, sans doute dans le coin de Wellington…
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