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Serge, hélas…

"Là où les chansons se rencontrent"

Y’en n’a pas tant qu’ça, des magazines entièrement consacrés à la chanson française. Aussi, quand un p’tit nouveau pointe son nez, il me semble poli de l’accueillir, de lui souhaiter la bienvenue, de l’encourager.
Voici Serge, bimestriel dont le n°2 est à l’étal des kiosques. C’est joli, agréable à feuilleter, format sympa. Bon, j’ai tiqué un peu sur Camélia Jordana faisant la « une » du premier numéro, un peu moins avec Vanessa Paradis sur le suivant : question d’habitude sans doute. Désenchantement déjà…
Dans chaque numéro l’interview d’un chanteur au lit, cette fois-ci Lavilliers qui succède sur le pieu à Chamfort. Pourquoi au lit ? Sans doute parce que c’est conceptuel et très branché. Mais pourquoi pas sous la douche ou aux chiottes ? Pas de questions dérangeantes ici : c’est pas dans le concept, faut pas confondre esthétique et courage. Dans chaque numéro on découvre le frigo d’un artiste : tout ce que bouffe Jeanne Cherhal ou Christophe, celui des Mots bleus. Pour ce dernier, c’est gelée royale, chocolat, fruits de la passion, poulpes et calmars grillés, soupes de légumes et cerises confites. Intéressant et conceptuel. Ça peut nous éclairer au moins sur le versant alimentaire de l’œuvre. Au hasard des pages, des artistes se croisent, quelques-uns s’exposent, des critiques s’échangent des mots et du fiel (mais c’est de la comédie, c’est juste pour dire qu’on est de la même fratrie), on jette un regard attendri sur de vieux épisodes de la chanson (de Joe Dassin à Le Forestier, c’est sans doute ça le plus intéressant)… Dans le deuxième numéro, y’a Paradis, Christophe et Lavilliers déjà cités. Et Cali, Louis Chédid, Étienne Daho et Jeanne Moreau, Renaud en une étonnant confession, Oxmo Puccino, André Manoukian, Abd al Malik, Benjamin Biolay, Boris Bergman, Luke, Adamo… Je résume à gros traits mais c’est ça, club des nantis médiatiques, permanents des play-lists, abonnés aux plateaux télés, le « tout Nagui » au temps jadis où celui-ci faisait dans le français. Le slogan de Serge a beau être « Là où les chansons se rencontrent », ce magazine n’est rien qu’un microcosme tout petit, un club fermé de la chanson, qui se veut moderne et décalé, forum bon chic bon genre des gros labels. Décalé, il l’est, car justement hors de l’essentiel de la chanson, celle qui crée et se vit au quotidien, pas en radios et télés mais sur le terrain, celle dont NosEnchanteurs se nourrit. C’est pas chez Serge que se rencontrent les chansons, bien au contraire : c’est là où on en condamne une plus encore à l’oubli, à l’ignorance, au total silence.
Y’en n’a pas tant qu’ça, des magazines entièrement consacrés à la chanson française, ah ça non. Y’en n’a vraiment pas beaucoup ! On mesure d’autant mieux la perte de l’irremplaçable Chorus.

Serge, bimestriel en vente chez votre marchand de journaux, 5 euros.

7 Réponses à Serge, hélas…

  1. IPERT 29 novembre 2010 à 18 h 08 min

    Bien vu. On n’a pas fini de regretter la disparition de « Chorus »
    D’autant plus que l’édito du 1er N° de « Serge » (que je ne suis plus prêt d’acheter) s’est méchamment attaqué – je ne sais pour quelle raison, peut être que c’était trop bien – à Chorus qui venait de disparaître.

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  2. BUREAU Pierre 29 novembre 2010 à 19 h 50 min

    J’ai acheté le n° 1, mais pas envisagé un instant d’acheter le n°2… dommage ! Il paraît que Chorus va ressortir ?
    Réponse : C’est ce que la rumeur dit. Je ne peux, pour l’heure, vous donner la moindre information. Je croise les doigts… MK

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  3. Henri Schmitt 29 novembre 2010 à 20 h 21 min

    Je vis en Angleterre, et je ne connais pas ce canard. Mais j’ai connu un peu Chorus, et son prédécesseur Paroles et Musique. Quand je vois un magazine de chanson me présenter une artiste sous le label « produit de l’année », ça m’interpelle quelque part et pas de la meilleure manière… »Produit », comme du détergent, du papier cul ou de la sauce tomate ! Ah, c’était un être humain ? Pardon, je me suis trompé d’époque…

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  4. Michel Trihoreau 30 novembre 2010 à 6 h 39 min

    Le titre « Serge » est déjà un aveu réducteur. On ne parle pas ici de TOUTE la chanson, comme c’était le cas de Chorus ou de Paroles & Musique.
    Pour le contenu, laissons le temps lui donner une chance, mais je redoute la pente formatée vers un triangle des Bermudes « inrock, libé et serge » où se perdra la chanson en tant qu’art.

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  5. Yves 9 décembre 2010 à 13 h 40 min

    Mais Serge est aussi un beau journal et ça il faut aussi le dire avec maquette et photos de première qualité. Il y a un débat sans concession entre Sophie Delassein du Nouvel Obs et Valérie Lehoux à propos de Grand Corps Malade et d’Abd Al Malik…. on retrouve d’ailleurs ces deux journalistes et quelques autres sur les excellents Sonnos Tonnent mis en ligne sans langue de bois tous les 15 jours sur le site de Télérama. Dans Serge N°2 il y a aussi Boris Bergman, parolier de Bashung et à découvrir : Et Maxence, Guilaume Fédou, Fergus, Quark qui ne sont pas tous dans des gros labels
    ainsi qu’un toujours excellent Bertrand Dicale sur « les gros mots » en chanson, un manuscrit de Nougaro…. Enfin de bien belles choses ! Ca n’est pas Chrus, c’est Serge.

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  6. Francis Hébert 14 décembre 2010 à 2 h 13 min

    Personnellement, je trouvais Chorus bien ennuyeuse. Zéro critiques de disques dignes de ce nom, de la gentillesse, du convenu.
    Jamais ils n’auraient écrit qu’Au ras des pâquerettes de Souchon était nul, c’était leur parrain…
    Bref, Chorus était prévisible et sans courage, cessez de nous la présenter comme la Référence Absolue.
    Serge, d’après ce que j’ai pu du lire du premier numéro (le second n’est pas encore arrivé au Québec) est tout ce qu’il y a de plus branchouille et superficielle.
    En ce qui me concerne, je préfère de très loin Je chante !

    Réponse : Il serait intéressant, Francis, que vous puissiez nous dire ce qu’est, à votre sens, un « critique de disques digne de ce nom ». Merci par avance. MK

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  7. Francis Hébert 14 décembre 2010 à 12 h 22 min

    Eh bien, Valérie Lehoux dans Télérama, par exemple.

    Je ne me rappelle pas de ses critiques dans Chorus. Sans doute pas aussi pointues.

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