Orpailleurs de chansons
Eux ce sont Les Chercheurs d’or. On vous le dit tout de suite : ils en ont trouvé plus qu’il n’en faut. Leurs galettes sont pépites. Nous ne les connaissons pas vraiment par chez nous ces cousins-là. Ou alors sous leur précédente dénomination d’Isabeau et les Chercheurs d’or. Isabeau (banjo et mandoline) y est toujours (oh, quelle voix, onctueuse et forte !) mais elle se coule anonymement au sein des autres orpailleurs : François à la guitare, Marie-Christine au violon, Simon à la batterie et aux percussions et Luke à la contrebasse. Tous à donner de la voix aussi. C’est une chanson sans âge, qui ne risque pas d’être un jour dépréciée par les modes changeantes, versatiles : l’obsolescence n’y est pas programmée. On s’imagine qu’on devait chanter comme ça il y a cent ans ou plus. Et qu’on chantera pareil en fin de siècle quand toutes nos actuelles idoles seront mortes, enterrées, oubliées depuis des lustres. Ce sont des bouts de vies et d’amour (déclaration, union, amours difficiles, séparation…), des ressentis, des émotions. Des voyages au cœur du quotidien, au mitan des choses du cœur. Des choses simples, donc essentielles, de ce que la chanson a toujours colporté, de ce dont nous sommes friands.
De ce type de chansons qu’on peut tant envisager en acoustique qu’en électrique, en Chant’appart ou dans une grande salle, qui capte et happe notre attention, nous transporte. Sans doute, par l’accent d’Isabeau et de ses collègues, dans cet eldorado québécois, ce joual de Montréal, où notre langue s’est jadis installée, s’est enrichie aussi, a su conserver des expressions si chantantes, si belles, si réalistes, si causantes. A constamment faire le bras de fer avec la langue américaine, elle s’est fortifiée, bonifiée.
Certains parleront de folk à propos des Chercheurs d’or en convoquant le souvenir de Beausoleil Broussard des années soixante-dix. De Beau Dommage aussi. On ne leur donnera pas tout à fait tort. C’est vrai que certains instruments suggèrent la tradition, mais nous n’avons là sommes toutes qu’une chanson naturelle qui ne cherche pas d’effets, pas d’épate. La musique des Chercheurs d’or vient de toutes les Amériques et d’ailleurs. Leur country-folk agrège en son sein les musiques rencontrées ici et là, ramassées le long de leur chemin : j’y ai même perçu du celte… C’est du solide, du chaleureux, de l’inoxydable. Indispensable !
Les Chercheurs d’or, Belle country / Shirley / Vallée tranquille, Nomade 2013. Le site des Chercheurs d’or, c’est ici.
Ils dégagent une force vitale simple et évidente, ils sont une valeur sûre intemporelle, indémodable. Ils sont sur la playlist février 14, non pas de France Inter, mais de Radio Rennes, une de ces radio qui ont su rester libres, aux côté de Gilbert Laffaille, Amélie-les-Crayons, Paris Combo, Lili Cros et Thierry Chazelle, Juliette, enfin tous ceux qu’on aime ici… Et on y trouve même Liz Van Deuq !