Droit d’auteur : la Commission européenne tire une balle dans le pied de la culture
Régulièrement, NosEnchanteurs proposera une tribune libre à des artistes. Nous débutons, c’est un honneur, avec Yves Duteil.
par Yves Duteil,
Le Droit des auteurs est menacé. La Commission Européenne a en effet rouvert le débat sur le droit d’auteur et remet tout en cause en proposant une consultation publique qui va s’achever le 5 mars prochain, pour engager une « modernisation » afin d’instaurer une nouvelle directive, défavorable aux créateurs.
Il est donc urgent de faire entendre notre voix. Notre pays, qui a inventé le droit des auteurs et bâti l’architecture d’une rémunération équitable des œuvres, se mobilise pour permettre à tous les créateurs de vivre de leurs créations, à tous les publics de profiter pleinement de la culture et de sa diversité.
Le questionnaire en 80 points proposé en anglais par la Commission Européenne est d’une telle complexité que seuls des spécialistes rompus aux subtilités juridiques de ces méandres alambiqués peuvent en déceler les pièges et déjouer les conséquences néfastes de la directive qui en découlera si nous baissons la garde.
La SACEM, qui nous défend avec pugnacité, a apporté son soutien à un appel des créateurs européens* qui vise à sensibiliser les Commissaires Européens à l’attachement des créateurs à notre modèle de création et de rémunération des créateurs. Le Droit d’auteur est aux créateurs l’équivalent du salaire des ouvriers. Ceux qui pensent opportun de réviser ce principe à la baisse ne songeraient pas à en revoir l’application pour le monde du travail. Et pourtant, ces deux domaines gagnent à être mis en parallèle. La création artistique induit 1.200.000 emplois et représente 74 milliards d’euros par an, davantage que l’industrie automobile en France. Nul n’envisagerait sérieusement de remettre en cause la juste rémunération des fabricants de matériel informatique ou audiovisuel, mais pourtant, certains demandent la gratuité des œuvres qui assurent massivement la vente de leurs appareils. Le prix d’une chose, c’est ce qu’on est prêt à (aban)donner pour l’avoir. La création ne peut survivre sans un équilibre économique équitablement réparti. Les créateurs sont l’oxygène du quotidien. Un bon film, un livre captivant, un regard neuf, et l’imaginaire rejoint la réalité pour une embellie. Mettre son cœur à l’ouvrage ne coûte pas un centime. Mais produire une œuvre a un coût. L’inspiration est fragile comme une jeune pousse. Créer l’émotion est un geste d’artisan qui se travaille toute une vie durant pour trouver son accomplissement dans un savoir-faire minutieux qui efface le labeur au profit de la beauté. Et le succès lorsqu’on le cueille, est le juste fruit de ce talent. La chanson, un art mineur ? Peut-être, mais tendance mineur de fond…
(*) Avant le 5 mars, signez et faites signer la pétition pour soutenir la culture en Europe.
Bien dit . j’ai signé et partagé . » L’oxygène du quotidien » que nous donnent les créateurs est vital , mesdames et messieurs les députés européens arrêtez de nous pomper l’air !
Toujours en accord, total, avec les positions d’Yves Duteil sur le « métier » et sur l’indispensable défense du droit d’auteur, je m’empresse de le remercier… et surtout de signer la pétition.
Le droit d’auteur a survécu à nombre d’attaques frontales ou sournoises au cours des dernières décennies (contre lesquelles nous nous sommes battus chaque fois avec « Paroles et Musique » d’abord puis « Chorus »), dont celle du mal nommé et même innommable « AMI » (d’obédience américano-financière) ; raison de plus pour retourner encore une fois au charbon.
Si d’autres gouvernants, à l’accent anglo-saxon, tiennent à mélanger absolument l’industrie de masse, le fast-food et autres productions bas de gamme avec la création intellectuelle, grand bien leur fasse ! Mais qu’ils ne viennent pas imposer leur vision exclusivement mercantile aux autres. La Culture n’est pas une marchandise !
Fred Hidalgo
http://sicavouschante.over-blog.com
PS. « Nous vivons une époque épique et nous n’avons plus rien d’épique. A New-York le dentifrice chlorophylle fait un pâté de néon dans la forêt des gratte-ciel. On vend la musique comme on vend le savon à barbe. Pour que le désespoir se vende, il ne reste qu’à en trouver la formule. Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle. Qui donc inventera le désespoir ?… La poésie crie au secours… mais à l’école de la poésie, on se bat ! » (Léo Ferré, « Préface », 1970)
J’ai signé et fait passer l’info.
Alors c,est le moment d’être ensemble à nouveau, de signer non pa s pour en chier mais pour en scier
les barreaux de la dictature qui nous rend esclave un jour après l’autre mine de rien et au charbon !!!
Merci Yves Fred et tous les amis qui nous aident à prendre soin à y voir plus clair, ceux qui nous préviennent et en cela le geste simple est de signer avant d’être saignés.
Là sous la lune …
Jean-Yves
Je signe et je partage, car la culture est en danger. Merci YVES
En complément indirect, un article de Politis (signalé par Chris Land) sur ce qui se prépare pour les intermittents
http://www.politis.fr/Les-intermittents-ripostent-au,25724.html
J’ai quand même retenu ça de l’article sur les intermittents du spectacle : « « Le gouvernement ne reprend nullement à son compte les propositions du Medef concernant la suppression du régime d’assurance chômage des intermittents. C’est même de la provocation. »