Les Gastine(s) en révolte : même en rêve !
Anne et Philippe Gastine, l’une à la musique, l’autre aux paroles, tous deux au chant que rejoignent aussi Corinne, Jean-Philippe, Philippe et Etienne. Ils sont six : c’est le Collectif musical Gastine.
La chanson engagée, de colère, qui depuis quelques années (la décennie Sarkozy) vit une singulière embellie *, trouve en eux une expression inédite : ils font du Protest songes « pour tous ceux qui protestent, rêvent de protester ou qui protestent dans leurs rêves ! » (mine de rien, ça fait du peuple tout ça !).
Façon Kurt Weill ou Eric Satie ou Keith Jarret, de toutes façons, tout est bon pour soutenir et soulever les mots, les brandir en une sorte de récital très « cabaret ». Où va donc se nicher la contestation ? Aucune redite, aucune reprise en un tel répertoire : que du neuf pour décrire, analyser, étriller notre société, lui faire mal là où le bât blesse. Des chansons d’avant le « big bang, le big crash », la grande colère : « La colère, ma sœur de lumière / La colère, ma force qui libère / La colère, l’appel du sauvage / La colère, pour secouer mes cages. » C’est cette colère noire, ce chant de mémoire qui fait fil et drapeau rouges. Enregistré en mars 2011, on datera cette photographie de la colère aux années Sarko qu’on croit d’ailleurs reconnaître en pantin agité sur la pochette. Qui apparait sur deux titres d’ailleurs. Mais l’ensemble des chansons traite avant tout du mal-être, du mal-vivre, de ces temps qui changent pas forcément dans le bon sens : « J’veux pas finir SDF / Glisser, tomber dans la rue / Déraper, me perdre de vue / M’évanouir dans la nature / Au milieu d’un tas d’ordures. » Les big-boss de la finance, les requins, « des flics des indic’s, l’Assedic pour ton fric, des syndics qui te niquent », la soumission des sujets… les Gastine brossent à gros traits, parfois aux petit pinceau, ce début de siècle qui parfois fait fin du monde : « Nous marchons dans la nuit du monde / Eclairés par nos seules révoltes / Comme les étoiles qui vagabondent / Dans les yeux noirs des Don Quichotte / Nous faisons des rêves et des songes / Tous les jours devant nos miroirs / Avec la misère qui nous ronge / Nous tissons de nouveaux espoirs. »
Collectif musicla Gastine, Protest songes (en public), Autoproduit, 2012. Le site du Collectif musical Gastine, c’est ici.
* Je lisais il y a peu sur un blog : « Ce que l’on avait coutume d’appeler chanson engagée, dans les années soixante-dix, semble avoir disparu du paysage de la chanson « de parole ». » Ah bon ! Entre nous, il faut ne pas être du tout à l’écoute de la chanson de maintenant pour pouvoir dire pareille sottise.
Les temps changent, mais les révoltes restent et l’engagement n’a pas disparu qui se chante sur tous les tons , oui, » tout est bon pour soutenir et soulever les mots, les brandir en une sorte de récital très « cabaret » comme les Gastnes , ou comme Ferrat qui disait : » Je twisterais les mots s’il fallait les twister pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez . »