Gilbert Laffaille, anthologique !
Gilbert Laffaille, 7 novembre 2013, L’Esprit frappeur à Lutry,
Son précédent disque studio remontait à il y a quatorze ans, et durant quelques temps, hasard ou avanie, il n’eut plus aucun album disponible à la vente, au sortir de ses concerts. Tant qu’il enregistra, en 2010, un « en public » à L’Esprit frappeur, à Lutry, pour palier à l’insolite et fâcheuse situation.
C’est là, en ce même lieu, que nous le retrouvons, antre suisse confortable au formidable accueil, quelques jours avant sa rentrée parisienne (les 17, 18 et 19 novembre à L’Européen), avec ses complices Jack Ada, aux guitares, et Nathalie Fortin, au piano.
Ce récital, NosEnchanteurs a eu par deux fois l’occasion de le découvrir cette année. A Aubercail (Laffaille était alors en studio) puis à Barjac. Ne dit-on pas « jamais deux sans trois » ? et c’est de nouveau plaisir sans pareil, égal ravissement. Sans être l’intégrale de Laffaille, c’est un beau survol de son œuvre, avec parfois des anecdotes liées à certaines chansons, à sa façon d’envisager son art, jadis plus lié à l’actualité, désormais allant à l’essentiel de l’émotion. Reste que, que ce soit Le président et l’éléphant ou Le gros chat du marché, Neuilly blues même, les « fables » d’antan fonctionnent toujours autant, leurs ressorts échappant à l’évidence au strict fil de l’actu…
L’émotion, oui… Belle matière dont Laffaille fait ici collection, dans laquelle il sculpte ses mots et fait naître en nous des images, des odeurs, des paysages et des visages, rappelle des souffrances et dit au passage quelques évidences utiles de rappeler en ces temps particuliers. Ainsi ce Homme en boubou femme en sari réhabilitant ne serait-ce que le nom des ethnies qui vinrent se battre pour la France, chanson qui d’emblée s’inscrit dans l’anthologie de Laffaille.
Tout n’est pas aussi grave chez Gilbert Laffaille et, ici et là, y’a du presque Trenet qui perce, comme ce Lance des balles qui lui va si bien : « Lance des balles / Des origamis des cerfs-volants / Des étoiles / Viens pas nous montrer tes plumes de paon / Mais viens faire briller nos yeux d’enfants ! »
Fortin et Ada excellents, répertoire de choix, palette de sentiments, tout est réuni pour un remarquable tour de chant, un de ceux qui marque et acte enfin un retour au premier plan d’un grand chanteur auprès de qui on a encore tout à apprendre. Les parisiens apprécieront mais ils n’auront pas comme nous, en cet Esprit frappé au coin du bon sens, cette étonnante proximité, presque promiscuité, où le souffle de l’artiste en scène n’est pas qu’une expression de style, où la poésie s’insinue et s’incruste directement en nos oreilles, où le micro est presque superflu.
Le site de Gilbert Laffaille, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Pas de vidéo disponible sur ce nouveau récital : on recule donc dans le temps, au temps « béni » des chasses africaines du président Giscard d’Estaing :
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