Murat muré en son art
Jean-Louis Murat, 7 novembre 2013, festival Les Oreilles en pointe, Le Quarto à Unieux,
Un grand écran en trois parties délimitant la scène comme un paravent. Deux hommes. Un batteur fort bien pourvu en percussions ; un chanteur, lunettes noires et art abscons. Une chanson une vidéo, comme autant de clips. Il neige dans la chanson qu’il neige sur écran ; on semble causer des morts de la der des ders qu’on projette des noms, qualités et dates gravées dans la pierre tombale.
Je dis « on semble » car le défaut (ou l’intérêt) de ce concert de Jean-Louis Murat est qu’il est parfaitement inaudible. L’auvergnat de la chanson yaourte dans sa langue maternelle. Si on se concentre sur le texte, on captera des mots, parfois des vers entiers que mentalement on assemblera façon puzzle pour parfois trouver un sens. Parfois, pas toujours. Des mots surnagent (parfois la même phrase, serinée vingt fois) d’une voix volontairement saturée comme l’est sa guitare électrique. Un concert de Murat est-il préférable quand on connaît son Murat par cœur, sur le bout des lèvres ou faudrait-il, comme un opéra italien, donner la traduction du livret à l’entrée ? Pourtant, Jean-Louis Murat est audible en disque : quel genre se donne-t-il donc en scène ?
La presse, d’une unanimité suspecte, voue aux nues Toboggan, son 22e album, « le plus beau joyau de sa discographie » ose même Les Inrocks. Ah bon. Faut-il encore que sa traduction scénique soit à la hauteur. « L’artiste se montre toujours affuté et d’une grande exigence envers lui-même » ajoute Le Figaroscope. Il serait bien que Murat ait la même devant son public : on aimerait comprendre le texte pour moitié bouffé par la voix du chanteur, pour l’autre absorbé par le son. Au final nous n’avons qu’une monotonie irritante, agressive car forte, et hypnotique. « L’écriture de l’artiste brille par ses qualités poétiques et littéraires » lit-on encore dans les colonnes du Télégramme. Admettons, faut-il encore qu’on puisse comprendre… C’est Toboggan sur disque et montagne russe en scène : une fois on comprend, l’autre pas.
Serait-ce de l’art contemporain, dont on ne comprend rien mais dont il est bon de s’extasier pour ne pas passer pour un con ? Manoukian doit aimer… Moi je pige que dalle et m’en vais.
A lire sur NosEnchanteurs la chronique de Norbert Gabriel qui, lui, a aimé le disque.
C’est souvent un problème on découvre un album, qu’on aime, et on ne retrouve rien de cet album en scène. D’où les surprises des organisateurs et du public… genre erreur de casting, si j’ose dire …
Moi aussi j’aime beaucoup le dernier album de Jean-Louis Murat, paroles et musiques, peut être faut-il avoir l’âme auvergnate pour en comprendre toutes les subtilités, peut être aussi connaître les doutes, les malheurs, les images, les douleurs, les colères (qui se sont apaisées avec ce dernier album), les mystères qui se cachent derrière les mots, dans ce supplément d’espace où sous une apparente plénitude, il se passe des choses étranges. Mais je ne l’ai jamais vu sur scène, peut-être a t-il du mal à extérioriser ce qu’il a au fond de lui, et c’est bien dommage.
J’ai vu ce même spectacle ce 2 novembre à Seraing. Même ressenti au niveau du son : on ne comprends pas grand chose de ce que l’homme chante. Mais je dois dire que je m’en foutais un peu : de toutes manières, même avec le texte sous les yeux, je ne pige généralement que pouic à ses chansons.
Pourtant, j’ai passé une très bonne soirée. Because l’ambiance musicale très blues-roots du concert, because le batteur pas vraiment manchot, because le charisme de Murat et le timbre de sa voix. A tout hasard, j’ai acheté « Toboggan » à la sortie, histoire de voir si c’est plus compréhensible sur CD et pour me remettre un peu à jour (j’acquiers un Murat tous les 4-5 ans environ, l’homme étant tellement prolixe qu’il est difficile à suivre). Wait and see, donc.
Par contre, Murat devrait cesser de « rencontrer » le public à la fin du concert : les dédicaces l’emmerdent profondément et il est moins bavard qu’une carpe. A quoi bon alors ?
Eh bien, j’espère que vous avez écouté « Toboggan » depuis (très audible n’est-ce pas?) mais vous avez raté le précédent opus « Grand Lièvre » (2011) album de la sérénité de la soixantaine et le magnifique « Cours Ordinaire des Choses » (2009) enregistré à Memphis et… bien d’autres merveilles d’écriture et de composition.
Bref, chaque album est différent musicalement mais JLM reste fidèle à lui-même sur scène et, selon son humeur, l’ambiance de la salle ou le manque de respect du public (oui, ça arrive aussi) le concert paraîtra plus ou moins bon…
Les dédicaces ont cours depuis la précédente tournée et pour avoir assisté à un très grand nombre de ses concerts, je peux vous dire qu’il suffit d’adresser la parole à Murat pour qu’il vous réponde, voir même que s’engage une discussion et que cela ne l’ennuie pas plus que ça (sinon il ne le ferait pas!)
Même en écoutant les disques, le sens est difficile à trouver.
très impressionné par le concert de Jean-Louis Murat ce 22 octobre à la salle Jean Carmet d’Allonnes
ses chansons, sa voix et ses héros aussi car par moments, apparaissent les fantômes de JJ Cale, Bashung et Gainsbourg.
Mais aussi Christophe curieusement…D’ailleurs peut-être que les collages poétiques de ses textes le protègent d’une certaine façon . Un peu à la façon de Bashung.
En début du concert, son parti pris (de jouer fort et de rendre inaudible une partie de ses textes a dérouté un peu son public…qu’il s’est remis dans la poche au final avec quelques vannes et son grand talent de chanteur et de musicien.
Jolie partie à fleuret moucheté
ah oui l’ auvergnat mondialement célèbre , au puy en Velay , qui un jour s’ est juste permis de snober jimmy page et robert plant , sur un plateau de télé , les blaireaux ça ose tout , c’ est meme a cela qu’ on les reconnais !!!
Permettez que je rectifie un détail géographique, l’Auvergne historique, c’est le Puy de Dôme et le Cantal, le Velay est une annexe administrative récente. Pour le blaireau, c’est un des animaux les plus courageux et les plus opiniâtres, j’en déduis que c’est plutôt un compliment…
Jean-Louis Murat est du Puy-de-Dôme.
Le blaireau : surnom d’un certain Bernard Hinault (pour les raisons citées ci-dessus), l’un des meilleurs amis de JLM; celui-ci, fou de cyclisme depuis l’enfance a d’ailleurs écrit, composé et interprété sur scène « Le Champion espagnol » rendant ainsi hommage à Bahamontès (album et tournée « Grand Lièvre » 2011).
Les passages télévisés de JLM ont eu leur heure de gloire; on ne l’invitait que pour ses « coups de gueule », souvent justifiés, parfois excessifs et ça n’est pas à prendre en référence. Hélas, ça ne lui a pas fait la meilleure publicité…
Erreur de casting…
…ça me rappelle… !
Je ne veux pas relancer
une nouvelle bataille d’Hernani.
Dimoné,
ne jouait pas « dans sa cours »,
il était hors de ses murs,
« novice »,
à l’esprit, à l’âme barjacoise.
Murat,
à « domicile »,
ses murs, il les a surélevés,
monsieur « No Vice »,
tant il exècre la chanson française actuelle…
…depuis 20 ans.
Pas toujours à tort,
souvent avec « déraisons ».
Peut-être,
son concert « inaudible »
était une « réponse »
à la part congrue,
donnée, concédée,
par les médias condescendants,
à la chanson francophone,
puisque pour certains…
…j’ai oublié leurs noms,
elle est inaudible !
Autre explication,
j’aimerais me tromper,
les sonorisateurs sont devenus sourds…
…totalement…
ou sourds à nos envies,
d’entendre, de comprendre les paroles.
On ne peut pas leur donner entièrement tort,
pour certains groupes, « chanteuses », « chanteurs »,
il est préférable
de ne pas ouïr
leur « français » ou leur yaourt « anglais » !
A ce propos,
pour ceux qui pensent que ça « chant sonne » mieux
en anglais ,
là, sur ce site, je vais faire un bide,
allez voir, si l’occasion se présente près de chez vous,
« Les Tistics »,
déjà chroniqués sur « Nos Enchanteurs »,
d’une certaine façon, ils donnent « raison »
aux « frenchies » qui cachent la vacuité de leurs « textes ».
Jubilatoire !
Si c’est inaudible, c’est dommage pour le festival des oreilles en pointe. Murat n’est pas le seul. Les sonos des festivals…
J’ai deux exemples de festivals dans lesquels le son était toujours bon sauf quand l’ingé son de l’artiste impose ses diktats, c’est généralement le cas pour Arno, autant en salle qu’en plein air, l’ingé son sature à un point où on ne comprend rien, et si on est à moins de 20 mêtres, c’est insupportable sans des protections d’oreilles. Aux Francos de la Rochelle, dans le Grand Théâtre, c’était insupportable. Idem pour les Muzik’Elles, il y a 2 ou 3 ans, 4 concerts impeccables, même avec du gros son Carmen Maria Vega parfaitement compréhensible, juste avant ou juste après Mademoiselle K, une bouillie sonore dans laquelle on ne comprend rien de ce qu’elle raconte. Le public mérite un minimum de respect. Le cas Arno est désespéré, d’autres spectateurs dans d’autres festivals ont eu les mêmes désagréments. Pour ma part, plus jamais Arno.
Sur un autre plan, on peut parfois déplorer que certains éclairagistes fassent des lumières inexistantes, à 5 mètres de la scène, on ne distingue rien des visages et des expressions. C’est aussi une façon de mépriser le public. Si les artistes ne veulent pas qu’on les voient, qu’ils fassent des disques, mais pas de scène. Ou qu’ils mettent des masques comme Daft Punk.
Norbert, on est d’accord,
les ingés-son
sont nuls,
surtout ceux amenés par leur « groupe »,
qui ne connaissent pas le lieu où il « joue »,
méprisent l’ingé-son du dit lieu.
Devrais-je dire,
aussi,
que ces groupes, ces artistes,
méprisent autant leur public ?
Oui, un peu
et beaucoup,
sinon comment accepter
une telle « bouillie » !!!
Heureusement,
je sais,
pour les avoir côtoyés,
qu’il y a des sonorisateurs,
pas des « ingés »,
leurs techniques sont plus
propres,
aux lieux où ils officient !
J’étais aussi à UNIEUX… et à Caluire et à Annemasse sur cette partie de tournée de Murat (comptes-rendus sur mon blog).
C’était clairement pas son jour hier… Effectivement, c’était fort…Les concerts de Caluire et Annemasse étaient beaucoup plus mesurés, et ont conquis le public, notamment à Annemasse par son humour et sa bonne humeur (ceux d’Unieux auront du mal à le croire).
J’ai déjà exprimé à plusieurs reprises sur mon blog le regret ou mon étonnement qu’il n’y ait pas eu de reproduction de Toboggan en acoustique sur scène, mais cette traduction électrique a aussi conquis les fans qui n’avaient pas aimé l’album… Et puis cette tournée avant ces derniers jours avait vraiment été un succès artistique et public… Vous pourrez lire la critique notamment de PIERRE SCHOTT du concert à LA LAITERIE… Concernant par contre la compréhension des textes, Cassavetti en parlait en comparant à Bashung, on se fiche un peu du sens, on doit se laisser porter par les expressions, les images… mais c’est vrai qu’à Unieux, pas facile… Dommage qu’il n’ait pas expliqué comme il l’a fait l’autre soir par exemple la raison d’être de l’inédit « LOI en – 14″, chaos de bombes dans les tranchées : on lui a donné le nom de son ancêtre mort en 1918 en Somme… Cela l’a énormément marqué.
le compte-rendu UNIEUX: http://www.surjeanlouismurat.com/article-compte-rendu-concert-unieux-7-novembre-121032193.html
celui de Pierre Schott:
http://www.surjeanlouismurat.com/article-le-concert-de-murat-a-strasbourg-par-pierre-schott-120835995.html
Effectivement très déçue de ce concert. JLM nous avait habitué à mieux que cela ! Quand on le connait un peu, le début du concert ne laissait rien présager de bon…
Hé les gens, faut pas généraliser non plus.
Moi y’en a être sonorisateur qui n’aime pas faire crier les sonos et qui essaie de faire comprendre au public ce que le chanteur est en train de leur raconter. Si si, ça existe !
bien d’accord camarade, en 15/20 ans de fréquentation assidue de concerts, les désastres sonores qui m’ont marqués, ça fait une dizaine maxi .. mais c’est comme les trains, on ne remarque que ceux qui n’arrivent pas à l »heure…
C’est bien ce que j’ai dit !
à Pierrot : pour l’humour et la bonne humeur, oui ceux d’Unieux vont avoir bien du mal à le croire ! un concert totalement loupé, qui a bien déçu le public du festival, habitué à des artistes chaleureux qui viennent tailler une bavette avec eux à la fin du spectacle… On veut bien croire que c’était pas son jour, mais il y a un minimum de respect à avoir… Il est indéniable que cet homme a du talent, dommage qu’il ne sache pas le faire partager !
eh oui, mais le respect vaut autant pour les artistes vis à vis du public que l’inverse…
Ce que vous dites ne veut rien dire, Armelle, mais c’est vrai que la tonalité de cet article et des commentaires ne vous conviennent pas. Le public a du respect, déjà par le fait qu’il paye sa place (et ses disques) et vient parfois de loin pour l’artiste. J’étais à cette soirée et je dois vous avouer que j’ai trouvé ce public très gentil, très patient, très sage. Quant aux organisateurs, je les connais toutes et tous : c’est la crème ! : tous les artistes vous le diront. Sauf peut être ce malappris de Murat qui, lui, ne semble pas respecter grand chose. Ne défendez pas l’indéfendable, Armelle. Murat est simplement un grossier personnage : il mérite amplement sa détestable réputation.
Merci pour ce beau commentaire sur lequel je suis d’accord quasi en tous points (et mention spéciale pour le titre » MURAT muré en son ART ») que je trouve génial ou pas loin.
Non, je ne suis pas d’accord avec Pierrot : le texte, on ne s’en fout pas ! J’ai d’ailleurs un blog sur lequel je me casse la tête et me taille les oreilles en pointe pour décrypter le sens (je ne suis pas la seule, j’ai un aussi un collègue breton qui…)
Bon, ça c’était juste pour la galéjade comme on dit à Marseille.
En revanche, je dis Boing ! boing ! alerte ! il est vrai que Murat devrait faire attention un peu plus à son public, on ne peut pas reprocher une ambiance mauvaise lorsqu’on participe aussi à cette ambiance (ça, ça sent le vécu de collègues de bureau, je suis découverte, damned !) tout n’est pas toujours de la faute des autres (j’apprends aussi que les photographes clermontois ne sont pas les bienvenus à 100 km à la ronde ??) alors oui attention au yaourt, attention au son trop fort, attention au manque de considération accordé parfois à certains fans qui viennent de loin (en kilomètres) et en ancienneté (pour ma part 18 ans, pour d’autres plus !) parce que quelque fois la barque est pleine ! par Toutatis ! là Jean Louis faudra que tu me reconvainques sacrément pour un prochain concert. Aciao !
Juste une honte en fait !
Comme de nombreux autres je pense, je me réjouissait de découvrir « en vrai » un monstre sacré de la chanson française.
Mais le non respect de cet homme envers le travail accompli toute une sainte journée afin que son show puisse exister, le manque de respect envers ses techniciens (non monsieur, il n’est pas acceptable de blâmer son régisseur retour en plein concert aux vus de tous, les balances c’est pas pour les chiens, après, c’est trop tard !), ceux-là même qui s’évertuent à embellir autant qu’ils le peuvent un spectacle si peut construit en vérité. La vidéo ne masque pas la pauvreté du reste du spectacle.
Un concert d’une heure dix minutes, disons le clairement, et une retraite de la scène sans même un regard pour son public (je ne parle évidement pas de rappel ; de quoi ? un rappel ? mais qu’est-ce ?). Ses spectateurs avertis que sont les habitués des Oreilles en pointes n’ont pu contenir plus longtemps leur mécontentement en réalisant que l’ »artiste », non seulement ne les rencontrerait pas après le concert, mais ne viendrait pas les gratifier de leur patience par un simple salut même… Partir sous les sifflets était le seul cachet qu’il méritait ce soir là…
Heureusement qu’Yvan Marc était là
Il faut simplement que les organisateurs sachent que Jean-Louis Murat ne remplit pas une salle, même la plus modeste (Le Quarto d’Unieux n’est pas grand), qu’il se conduit comme un salopard et n’a de respect envers personne. Ne comptez pas le moindre remerciement, il ne sait pas ce que c’est. Un type qui se conduit ainsi ne mérite pas le qualificatif d’artiste. Sur sa fiche technique, l’organisateur devait lui fournir, entre autres, une bouteille d’un très bon whisky. Il n’en a prélevé qu’une ou deux gorgées. Sa manager a eu tellement honte de lui lors de cette soirée à Unieux qu’elle a laissé la bouteille en cadeau aux techniciens du festival. Eux ont un bon souvenir de Murat : ils trinquent chaque soir à sa santé !
Je veux bien croire qu’il s’est mal comporté, et je le sais bien, et je comprends la colère, mais parler du catering, c’est grotesque! Surtout qu’il n’est pas parti avec la bouteille… et Murat a rempli la majorité des salles dans cette tournée!
Rappel à propos du catering : fameux
http://www.telerama.fr/musique/le-coup-de-gueule-d-un-organisateur-de-festival,37285.php