Zelten honore les vivants !
Ça a le délicieux goût d’une chanson littéraire et créative ourdie d’une sympathique variété pop-rock, avec une voix un tantinet érodée, des accents puisés dans d’intéressantes références, des réminiscences : de temps à autres, Stéphane Zelten nous fait songer à Bashung… Le nouveau Zelten est une des surprises alléchantes de la rentrée.
Nous l’avions laissé il y a un peu plus de deux ans lors de la sortie de son second album, Bordelo amoroso, qui déjà nous tirait de notre torpeur. Production hélas contrariée par les difficultés de son distributeur d’alors, Mosaïc Music. Celui-ci, c’est l’Autre distribution qui s’en charge et c’est tant mieux, il n’en arrivera que plus facilement à vos oreilles surtout s’il arrivait à s’arrimer aux playlists radio ; ça devrait le faire.
Zelten n’est pas un de ces petits jeunes qui arrivent, arrogants, en compétition. S’il connait les scènes depuis longtemps, c’est qu’il les a longtemps arpentées comme acteur au théâtre. Il y est resté, comme chanteur, tirant de son passé les souvenirs mêlés des Rolling Stones et de Ferré, le présent d’Higelin et de Thiéfaine aussi, se muant en artisan d’une « chanson underground loin des étoiles bling-bling du show-biz. » Artisan, oui. Qui peut être fier de son bel ouvrage, solide, bien charpenté, solivé, salivé. L’architecture de ce nouvel album est l’humain et le verbe philosophe, agile et puissant, entre les notes et les vers, à questionner ce que nous sommes, en appelant même à la rescousse le père Hugo (A qui donc sommes-nous ?), tonnant de son exil. A l’éruption Hugo répondent les chansons (Qu’est-ce qu’on fait là ?) et répliques de Zelten : « Avant que nous courions à la perte / Un jour du genre humain / Qu’on se cherche des poux dans la tête / Qu’on se perde en chemin. » C’est conversation lettrée, abondante et riche. Espoirs et désillusions, présent et avenir « en l’honneur des vivants », pensées et tourments, absence, présence, les titres tous se répondent faisant de ce disque une somme cohérente, dont les vers se nourrissent entre eux, se cognent aussi, chocs d’où surgissent de superbes associations de mots et d’idées.
Guitare, basse, batterie et claviers ondulent une musique impliquée qui sert au mieux, parfois avec brio, onze chansons émérites, un album en tous points prenant.
Stéphane Zelten, En l’honneur des vivants. Zagalam/L’Autre distribution, 2013. Le site de Stéphane Zelten c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Zelten, c’est là.
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