L’impromptu enchanteur du duo Soham
6 Août 2013, Salle de fêtes de Belvis (11)
Quand la vie se décide à vous faire un clin d’œil, un cadeau éphémère et d’autant plus précieux, quand il vous vient l’envie de suspendre le cours du temps, on s’empresse de partager avec les amis. Et tant pis si un lyrisme démodé l’emporte ! Voici…
Pas de festival, pas de programme, pas de scène… Et pourtant. Les musiciens sont là, violoncelle, piano, guitares, quelques amis, des enfants, des adolescents qui lèveront peut-être le nez un instant de leur DS… qui sait ? Le Maire aussi… Un petit village suspendu à la colline, sur ce plateau de Sault, à quelque 1000 m d’altitude, (curieusement à peine dix kilomètres de ce lieu qui devait accueillir notre festival et qui a fait faux bond) a ouvert tout grand sa salle des fêtes juste pour ce moment totalement improvisé, né d’une balade et de trois mots échangés, dit Christian Laborde, ouvrant la soirée. C’est sauvage !… et si la guitare sonne faux, le public corrigera.
Christian, voisin et complice parfois de Francis Cabrel, offre d’emblée son accent, sa bonne humeur, sa simplicité, son humilité même… car son parcours de guitariste est incroyable (un programmateur – un goujat – lui en a fait la remarque un jour: si ce que vous racontez est vrai, je vous connaîtrais !). De quoi habiller les mots de Dalila Azzouz, sa compagne en scène et hors scène, et de quelques autres auteurs autour d’elle… On le sent heureux de nous évoquer en quelques mots l’univers de leur duo Soham… On n’a peur de rien, nous racontons des histoires et nos musiques sont chaque fois différentes.
Certes, le duo Soham nous conte des histoires, je dirais plutôt qu’il nous transporte dans des atmosphères, des images, des paysages. Sur le tapis volant de la voix de Dalila, rompue aux improvisations, au jazz, le voyage immobile est garanti. Mais sa voix et ses volutes qui transportent au-delà du réel ne sauraient suffire pour vous dire la magie de l’instant. Il faudrait vous peindre sa silhouette fine, légère, féline, surmontée d’une chevelure brune dont Baudelaire eût fait un sonnet, sa sensualité, ses gestes, sa main gauche, celle qui n’a pas le poing serré, dessinant des arabesques autour du micro. Il va de soi que l’album (le dernier Absoluble) ne saurait restituer la beauté et la force de cette présence. La voix de Dalila, entre Bïa et Joan Baez, y paraît presque emprisonnée. J’avoue pourtant avoir eu un faible en l’écoutant, pour L’Amic Jordi en catalan, et Dame Brune, évoquant La Lune, de Léo Ferré.
Bien sûr, Soham n’a pas arrêté le temps, Rien n’est éternel / tournent, tournent les vents / La nuit est si belle… Mais quand Dalila entraînée par la présence d’un pianiste jazz, a entonné les Feuilles Mortes, puis La vie en Rose, nous en offrant des versions uniques, j’ai pensé : Est-ce que c’est ça ?
Est-ce que c’est ça, l’Amour ? (Petit bout de papier)
Soham sera en concert le 20 Octobre au festival « Georjacléo » à Viannes (47) suivi de Francesca Solleville. Le site de Soham, c’est ici. Et là, en vidéo, un duo avec Francis Cabrel :
Merci Claude,
pour ce superbe article sur Soham.
J’y ai retrouvé tout le plaisir que nous avions eu lors de leur passage en Chant’Appart.
De purs moments de grâce,
la voix aérienne de Dalila
mêlée à la virtuosité de Christian à la guitare…
…si le bonheur existe !!!
Couple hors et sur scène,
ils me font penser,
dans un autre registre,
à Lili Cros et Thierry Chazelle,
le plaisir évident de partager la scène ensemble
et la « communion » avec le public.
L’impromptu enchanteur du duo Soham ! Bravo… vous êtes de merveilleux raconteurs de rêves et des très grands sublimeurs de vie. Continuez !!!
Merci ma chère Claude pour m’avoir ouvert les yeux et les oreilles sur ce duo dont j’ignorais tout : leur chanson sur Félix Leclerc est un vrai bijou tout en douceur et en réalisme aussi, et j’aime beaucoup la véritable complicité qui se dégage de leur univers.
Encore une de ces voix, ou plutôt un duo inconnu du grand public et qui trouve une réelle visibilité à travers des articles comme celui que tu as mis en ligne…
Alors plus que jamais continuons à militer en faveur de cette chanson d’expression française qui nous tient à coeur !
Albert