Festival Bernard-Dimey 2013. Le monde enchanté de Dimey

Céline Bardin (photo d’archives DR)

Mercredi 8 mai Centre Culturel de Nogent,

18 h. Les premiers festivaliers, les fidèles d’entre les fidèles (ne pas hésiter à souligner que ce festival haut-marnais donne à revenir…parfois de très loin) se rassemblent dans le hall du centre culturel. La chanson est là, déjà. Elle est portée par la voix de la délicieuse Martine Scozzesi, accompagnée de deux complices, Samuel Péronnet et Riton Palanque, qui distillent ces airs, décor de nos vies. C’est bien là ce lien invisible qui nous relie tous, cette chanson qui reste rivée à nos mémoires, prête à ressurgir. Le trio ira la promener dans les rues, dans les maisons de retraite, chaque soir, au cours de la troisième mi-temps, marque de fabrique de ce festival.

La première fois que j’ai entendu Martine c’était à Barjac, au coin d’une rue. Une petite fille tournoyait au son de sa musique dans sa robe blanche légère, offrant aux passants un tableau particulièrement doux et charmant. En la retrouvant ici aux premières heures du Festival, j’y lis comme un signe.

Martine Scozzesi (photo d’archives DR)

Martine Scozzesi

Cette édition promet de laisser son empreinte dans la fraîcheur et la simplicité. Car c’est bien ainsi que l’on entend le discours de toux ceux qui défileront au micro pour l’inauguration. On entendra de la bouche des élus, des « officiels », municipalité, Région Champagne-Ardenne, qu’il s’agit de porter un festival à l’écart des grands circuits médiatiques comme des grandes métropoles culturelles, de maintenir le goût, l’envie du partage simple, authentique, des rencontres, de défendre l’amour de notre langue. Alors, disons le tout net, cet évènement est placé sous d’heureux auspices, je veux y croire et je veux l’écrire comme un acte de reconnaissance.

Yves Amour, son président pense à demain, à ce que peut apporter sur ce territoire le souvenir du poète Bernard Dimey, au rayonnement de l’action des bénévoles dans une commune de 4000 habitants plusieurs fois dans l’année, il pense à maintenir le lien avec les plus jeunes comme avec les plus âgés au travers de découvertes chansonnières. Rêverie ? Utopie ? Nous sommes réunis pour donner à toute l’équipe du festival l’envie d’y croire encore longtemps.

20 h 30. Première scène avec une enfant du pays : Céline Bardin. Je sais seulement d’elle qu’elle vient du théâtre – la beauté et l’efficacité de sa gestuelle en scène me le confirme – et qu’elle s’est formée au jazz vocal, c’est une évidence et c’est parfait ! A ses côtés son frère Vincent, compositeur de beaucoup de ses chansons (j’ajoute, talentueux contrebassiste !) et Marc Simmonot à la guitare, auteur des arrangements. Céline emprunte à une kyrielle d’auteurs (des anciens comme des nouveaux de la chanson, et surtout des hommes !) pour dire encore et encore la « Femme ». Pardon de cette majuscule mais c’est ainsi que je l’ai entendue ce soir. Sur tous les tons, avec tendresse, comme avec rudesse, mais sans jamais se départir de l’élégance des mots, souvent avec la  dérision et l’humour attendus pour évoquer la femme, celle d’hier, celle qui bossait comme un homme mais que l’on maintenait dans son statut « sans profession » et celle d’aujourd’hui, avec ses doutes, y compris sur la maternité,  ses excès et cette peur de vieillir qui tenaille. Céline insiste, en chantant deux fois ses cheveux gris. Mais il va de soi que c’est surtout au deuxième sexe qu’elle s’adresse… enfin, comprenez bien, aux hommes, pour dire à chacun qu’il n’y a pas de honte à la tendresse, Parle lui, dont elle fait le titre de son concert. Ainsi soient-elles !

Voilà que s’achève le premier concert de cette 13^ème édition, un concert qui honore la chanson telle qu’elle se crée et se défend en Haute-Marne, au pays de l’un de ses plus brillants auteurs, Bernard Dimey.

Le festival Bernard-Dimey, c’est ici ; le site de Martine Scozzesi, c’est là.