Karine Zarka, l’avenir radieux
A mettre côte à côte les pochettes des deux disques de Karine Zarka (l’un de 2006, l’autre tout frais pondu du jour), on croit avoir à faire à deux nanas bien différentes. Une en sobre tenue, l’autre à poil, ficelée comme un Jésus à la mode de chez elle, à Lyon. Restons, sage folie, sur cette charcuterie justement baptisée Folle sagesse. Et dégustons tranche après tranche : c’est du franchement appétissant.
Nous pouvons (re)connaître Zarka par sa fonction sociale chez Evasion, le groupe vocal féminin qu’on sait. Naguère, à chaque maternité de ces dames, elle faisait le remplacement pour de singulières et superbes berceuses en une vingtaine de langues. Jolies portées. On l’a vu aussi aux côtés de Michèle Bernard pour L’oiseau noir du champ fauve (Cantate pour Louise Michel). A chaque fois, il y a fait montre de la beauté, de la plasticité de sa voix. Et de son talent qu’elle a à profusion, autant par l’inné que par l’acquis.
Deuxième opus donc pour cette jeune femme avec, ma foi, des choses fortes et fortes intéressantes, plus que ça même. Ça swingue, ça jazze, ça rocke parfois, la voie claire et lumineuse. Pour le coup, elle chanterait une autre langue que le charme serait pareil. Ce qu’elle fait d’ailleurs par deux titres en anglais et sur quelques phrases, retrouvant ses origines tout en célébrant le printemps tunisien : « Vite vite / Comme un vent de colère / Vite vite / Du jasmin dans l’air / Vite vite / Avant que l’essence ne s’évapore / Vite vite avant l’aube / Tout le monde dehors. »
Zarka pose un regard sur les gens fait d’une incommensurable tendresse. Comme envers cette sister anorexique : « Tu manges des miettes comme d’autres bouffent la vie » (Les joues creuses). Regard sur elle aussi où, bien être, mal être, elle semble s’observer. Et restitue.
Tout est probant en ce second opus qui déborde de talent. On a l’impression de Karine sait tout faire, douée à l’envi. Il serait sans doute bien pour l’avenir que justement elle resserre un peu son art, ne s’éparpille plus. Et, malgré une aptitude à l’écriture, se fasse offrir des textes par des joailliers du genre. Nous aurions alors, non la promesse mais la certitude d’une grande de la chanson, à l’aube d’une carrière enviable. Car tout est déjà en place. Il suffirait de presque rien…
Karine Zarka, Folles sagesses, SoondBox/Collectif 36, (2013). Ici le site (pas très à jour) de Karine Zarka.
Et elle continue sa route la talentueuse Karine Zarka kZ, le troisième album arrive