Les Pitiot, père et fils, déménagent
Ils étaient depuis trois jours, jusqu’à hier au soir, sur la scène de l’Européen,
pour la présentation de leur disque commun.
Avant de lire les impressions captées en live par Norbert Gabriel,
revenons sur ce double album…
C’est une petite entreprise qui semble ne pas connaître la crise. « Transports Pitiot Père & Fils » que c’est peint sur l’enseigne, en pleins et en déliés. La société, qui est tout sauf anonyme, existe depuis plus d’un quart de siècle, quand le père, après des tas de boulots, à tout envoyé bouler pour créer son transport d’émotion, sa fabrique de chansons. Le « transports » de l’enseigne c’est ça, qui ne sait rien des autoroutes, la vieille camionnette rouillée de l’entreprise familiale leur préférant des pistes cabossées en de lointaines contrées. Un peu comme le Lavilliers amazonien de la légende. Sauf qu’eux n’ont pas de mythe mais une traçabilité vraie. Le vieux, en marcel, sait particulièrement ce que transports veut dire : il véhicule les vers d’autrui, « emporte toute la tendresse », d’Aimé Césaire, de Desnos, de Tanella Boni, de Léopold Seddar Senghor et autres encore, de grands classiques de la littérature afro-caribéenne et de p’tits jeunes aux vers encore verts. Et plus modestement les siens. On retiendra plus particulièrement son superbe Je déménage : « Je n’change pas d’âge / Je change d’adresse / Je mets les souvenirs en cage / Le temps d’un carton, d’une caisse. » Ses sonorités sont métissées, ses chansons voyagent comme rarement… Aussi vrai que les chiens ne font pas des chats, les transporteurs d’émotions ne font pas des gosses immobiles, sédentaires, bien au contraire. D’ailleurs, du père et du fils, quel est le plus voyageur, quel est le plus griot des deux ? C’est semblable univers, même liquide amniotique, commerce équitable nord-sud, musiques chaloupées, qui créole, tangotte, souvent jazze. C’est ce jazz qui d’ailleurs fait autre trait d’union entre la galette du fils et celle du paternel : l’équipe musicale leur est commune.
C’est paradoxalement le disque le moins « africain » du voyageur Thomas Pitiot, qui, là, explore plus l’intime et le quotidien, ses états d’âme, ses coups de cœur, sans rien abdiquer de ce qu’il est, de ses compassions, de ses engagements. Ainsi cette chanson rendant hommage à l’éducation populaire, aux 1901, comme un trait d’union à l’engagement familial, à cette entreprise « Pitiot » qui séduit, étonne, emporte plus que jamais notre franche adhésion. Vous dire que ce double album est indispensable ? Il l’est !
Thomas Pitiot, Gérard Pitiot, Transports Pitiot Père & Fils, 2 CD, 2013, L’Océan nomade / Musicast.
Le site de Gérard Pitiot c’est ici / ; celui de Thomas Pitiot c’est là. En vidéo, une archive télévisuelle de 2008 : http://www.dailymotion.com/video/x4vdbv
Ravi de retrouver les colonnes de NosEnchanteurs après cinq semaines de congés bien involontaires qu’excuse un état de santé pour l’heure pas folichon. Merci à mes camarades de cordée (Norbert, Chantal, Claude, Delphine, Cat and Co) d’avoir pris les rênes en mon absence et de faire vivre ce site que vous plébiscitez chaque jour. MK
Mon bon de commande est prêt à envoyer à Dugny, et il me tarde d’aller plus loin avec les » Transports Pitiot Père & Fils » …J’ai honte de dire que je ne les connaissais pas , heureusement que vous êtes là pour palier à ces lacunes impardonnables .
Attention : « Je déménage » est de Thomas Pitiot, pas de Gérard ! – Et a été écrite à la demande de et pour Francesca Solleville, qui l’a enregistrée en 2007.
Gérard Pitiot ne fait donc que la reprendre…
Exact. Merci pour cette précision utile.
bon de te savoir de retour au poste, Michel.
Projet intéressant, mais j’aimerais des précisions:
-s’agit-il d’un album en public ou en studio?
-des chansons originales ou des reprises de leur propre répertoire?
-est-ce qu’ils font des duos ou est-ce que c’est seulement un Thomas et Gérard chacun de leur côté?
1/ Album studio ; 2/ Chansons originales ; 3/ Pas de duos, chacun son disque.
Merci Michel et bon courage pour la suite !