Gauchy 2013 : Bühler, quarante ans de révoltes et de tendresse
Michel Bühler, 6 février 2013, festival Les Voix d’hiver, Maison de la Culture et des Loisirs, Gauchy,
C’est l’Bühler des grands jours, des dimanches. Non qu’il ait mis la cravate, non, mais il est de sortie avec ses musiciens, presque un grand orchestre : guitare électrique, contrebasse, accordéon. C’est pas que ça requinque une chanson : ça lui donne utile profondeur, perspective, prolongement.
De toute façon, Bühler est à la fête. Ça fait quelques temps qu’il célèbre ses quarante ans de scène, occasion s’il en est de ressortir quelques chansons de derrière les fagots, d’excellents millésimes. Et de constater que le monde est ce qu’il est, qu’il n’a pas changé. Lui non plus d’ailleurs, toujours entre tendresse et colères. Une tendresse qui lui est comme seconde peau, faite d’amour et de compassion, d’intelligence. Et des colères contre la connerie, contre ce monde qui se déshumanise, qui traite ses enfants comme des chiens, comme moins que rien : « Tout est fait pour le perdre, l’espoir ! » Michel Bühler est chanteur et fait chroniques de ce monde qui allie aussi sûrement le beau que le désespérant. Là, il fait retour sur image, touche rewin. Chansons et larges apartés qui font sketches : juré, même en parlé vaudois, c’est presque du Laffaille, de la pédagogie par l’absurde !
On l’a déjà dit : Bühler fait galerie de portraits. Non des grands de ce monde. Des tous petits, des laissés pour compte, de ces dégâts latéraux de la mondialisation : « C’est votre simple histoire et c’est toute une vie. » C’est l’absolue chanson de la dignité, celle que tous devraient sinon apprécier au moins connaître. Pile cette chanson qui ne peut passer sur les ondes, au seul fait qu’elle existe, qu’elle est cheveu dans la soupe, crotte de nez dans le plateau de fruits de mer, insupportable.
Qu’elle habite Rue de la Roquette, qu’il vienne du Kosovo, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, ceux qui peuplent les chansons de Bülher sont à l’image d’un monde de solidarité et de partage, de bonté, d’amour : « Amis, que la vie vous soit douce… » C’est pas de l’utopie, ça devrait être ainsi. Entre deux coups de pied au cul à cette désespérante et cynique époque, il s’attarde sur ce qu’il reste d’humain : « Wallah ! je dis la vérité. »
Le site de Michel Bühler, c’est ici. http://www.dailymotion.com/video/xe29gv
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