Lexique HK
Alexis HK, 3 février, festival Les Poly’Sons, Théâtre des Pénitents, Montbrison
Quatre en scène. Trois à la tronche entre toutes particulière, patibulaire, lunettes noires comme dans un film noir, un polar américain, un Scorsese bon teint. Presque menaçants mais néanmoins musiciens. L’un à la batterie, l’autre en basse, en contrebasse, le troisième en tout : autoharp et chromatique, claviers et sinistres gags. Tous bien nippés, costards cravates, pas de prêt-à-porter, ça ferait d’un vulgaire… Du sur-mesure. Comme ce qu’ils jouent, ce qu’il chante, échappant au tout-venant, au bruit radiophonique. Lui, l’HK, la vedette, est pure mise en scène, cinoche à lui tout seul, à eux quatre. Ce même si c’est plan fixe, tueurs immobiles, chanson mortelle. On dira, c’est convenu, d’un chanteur qu’il a son univers. HK c’est pas ça, c’est tout un monde. Ça courre des époques, d’une fausse innocence moyenâgeuse (d’un verbe cru, même) au slam de nos villes. Avec une rare classe. Et le dico, le lexique à portée de main, à fleur de voix : Alexis ajuste le verbe en réhabilitant le juste et vrai vocable, le truc précis tombé aux oubliettes de la désuétude, presque délice de linguiste, artisanat sincère du mot qu’il polit, proximité d’avec le moustachu de la chanson. Et si ce n’est le sétois, c’est lui. HK en scène, guitares ou banjo, c’est ludique en diable, malin, parfois coquin. Et assassin quand Nick trucide Jack et devient, du coup, président de tous les français (dites à Villepin de ne plus faire le coq, il en va de sa vie…). Rien que du cinoch’ vraiment. Délires verbaux et chansons comme des cours-métrages qui se suivent, et pas seulement parce qu’il chante Gaspard le nain. En guerre contre les anglois, à faire copuler Brassens et Madonna, à caravaner Bashung, à nous compter cette femme aux mille amants, nous conter aussi ces Ronchonchon de pure anthologie. Deux heures d’HK, ou pas loin, longs rappels inclus offerts à une salle alors debout, pas de marbre. Un très grand moment de ce très joli et passionnant festival des Poly’sons… de la chanson.
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