Festiv’Art 2012 : Jeanne Plante, fausse ingénue sous la lune
A l’heure où notre Festiv’Art a perdu ses amarres à Lavelanet (lire l’article d’hier, de Michel Kemper, sur NosEnchanteurs), à l’heure où nous cherchons un havre, un port, revenons quelques jours en arrière, revenons au 15 août.
La petite équipe de bénévoles s’affaire de tout son cœur pour rencontrer ceux qu’elle a tant attendus. Ce soir là,vers 21 heures on s’interroge : comment Jeanne Plante ce petit bout de femme, mutin, joyeux, pourra -t-il se muer en « Veuve Araignée », comme l’annonce son dernier album ? Attendons la magie de la scène.
Jeanne entre dans sa petite robe courte et légère, toujours aussi détendue, semble t-il, que dans l’après-midi pendant les balances. Pied nus, plusieurs paires de chaussures dans les bras, elle aborde le public avec malice, cherchant sa complicité en affichant un goût pour les moustachus… Elle tardera à venir, avouons-le, ce soir là cette complicité et de ma place je regrette déjà d’avoir affirmé combien le public de notre festival était simple et chaleureux…Pardon Jeanne ! Si tu le veux bien, c’est à toi que je m’adresse.
Avec tes airs de fausse ingénue, Jeanne, comme tu t’amuses en scène. Tu mutines, tu cajoles, tu bouscules, amarrée à ton piano, sans jamais oublier ce public pour qui tu chantes. Tu te penches vers lui, tu guettes ses regards, tu l’attends. C’est un réel bonheur d’être témoin de cette scène de séduction dont tout artiste du spectacle vivant connaît le terrible enjeu. Tu ouvres ton concert, comme ton album d’ailleurs, sur une chanson qui résolument en appelle au rêve, à la déraison. Ce sera donc Dans les Nuages que tu nous entraîneras…On peut comprendre que le public ait quelque mal à te suivre…Tu n’hésites pas à mettre l’amour à mort sans l’ombre d’un regret dans Je mens, tu tapines aussi avec ce p’tit coup de rein…comme gagne pain, tu deviens sirène dans Ma Statue, et ton appel est poétique et poignant dans Je t’ai cherché partout, femme parée tantôt de petites ailes … sur ce bout de rocher à écouter la pluie, tantôt de nageoires nacrées, pour nous emmener sur le territoire des contes de l’enfance, comme dans Poison Bleu. Tu ne crains pas de malmener un peu l’image du séducteur avec Jean-Christophe mué en toutou sans résistance, ou Robert le timoré que tu gratifies de « gros plouc » pour mieux l’appeler à réveiller ta libido ( dans quels termes osés!) dans le pur style des chansons érotiques du siècle dernier où brilla Colette Renard.
Comment faire ton portrait d’artiste, Jeanne, comment en donner toute la dimension ? Tu ne t’attardes jamais longtemps aux rives de la tendresse comme s’il y avait quelque danger à trop vouloir y rester…alors je ne vais pas trop en dire à ce sujet …sauf que je ne peux taire ton goût pour le partage, comme tu l’as prouvé ce soir là en invitant Sylvie Ena, notre amie violoncelliste, rencontrée quelques heures plus tôt à te rejoindre en scène sur La Maison, cette chanson qui fleure bon l’enfance, les souvenirs, les frissons …Oui, Jeanne, tes chansons font résonance en nous. C’est avec regret que nous t’avons vue partir après encore toute une journée à nos côtés, aux côtés de tes amis musiciens, Cyril Romoli, Nicolas Bacchus pour qui tu es à nouveau montée en scène…
Merci à toi Jeanne, d’avoir ainsi offert ton rire, ton écoute, ta simplicité tes airs d’Amélie Poulain à l’ensemble de notre équipe. Sache que tu as rejoint la grande famille de notre festival et qu’auprès de nous tu seras toujours chez toi ! A bientôt Jeanne !
Avec un si beau texte, on ne peut que commencer bien la journée avant d’aller à la mine ! Vous avez une fois de plus enchanté ma journée ! Merci Claude ! Abraço. Daniela