Barjac 2012 : La chanson s’entiche de Lacan
Sauvé dans Catherine Cour
Tags: Barjac 2012, Chloé Lacan, Nouvelles, Romain Didier
Jour après jour, le carnet de notes de Catherine Cour Samedi 28 juillet. Le festival « Chanson de parole » a débuté de façon inhabituelle. Le récital sous les platanes de la place « du marché » (Charles Guynet) s’est transformé en déambulation dans les rues du village. Le rythme de la promenade était donné par « L’infernal Trio » une émanation de l’orchestre « Cafarnal Tribu », un groupe un peu déjanté et très dynamique (il fallait bien ça pour entraîner à leur suite une petite centaine de festivaliers dans l’escalade des ruelles menant jusqu’au château) et la balade a permis de découvrir les travaux d’aménagement réalisés par la mairie dans le courant de l’hiver. Les marcheurs ont été récompensés de leurs efforts par un apéritif d’accueil servi sur l’esplanade du château.
Premier rassemblement qui a permis de retrouver les connaissances des années dernières, de se donner mutuellement des nouvelles, avant d’attaquer, devant la grille du château la première file d’attente du festival.
La barre a été mise très haut, par la qualité des deux premiers artistes programmés.
Le premier spectacle de l’édition 2012 était celui de Chloé Lacan. Tantôt tendre, tantôt ironique, souvent impertinente, elle a emporté l’adhésion du public. Slammant, s’accompagnant à l’accordéon, à la guitare ou squattant le piano installé sur la scène, elle a fait souffler un air vivifiant dans la cour du château qui redoutait l’orage. Elle a commencé par un chant dont le souffle est rythmé à grands coups sur la poitrine, qui m’a irrésistiblement fait penser à la prestation de Marianne Aya Omac, en 2011.
Et puis la belle nous entraîne dans des performances vocales (elle nous chante du Mozart avec une voix digne d’une chanteuse d’opéra), une interprétation très personnelle de I will survive ou des textes coquins, comme ses Plaisirs solitaires : « Je sais que c’est mal, sale, honteux, mais délicieux / Et si Dieu pleure quand j’me paluche, qu’est-ce qu’il f’ra donc quand je mourrai ? / L’amour est un ingrat qui ne se donne qu’à certains / Nos baisers ont un goût de miel mais jamais tu n’en sauras rien. »
Tout ça enrobé d’humour et de clins d’yeux impertinents à destination du public qui en redemandait. Et puis l’entracte et la vedette de la première soirée : Romain Didier.
Une valeur sûre, un habitué du festival. Qui, mieux que lui, pouvait ouvrir le premier festival « sans Allain » ?
Bien entendu, il l’a évoqué. Sans pathos, sans que son tour de chant ne devienne un hommage de plus à l’ami disparu. Et puis il l’a chanté, remontant le temps, depuis les dernières chansons présentes dans son album De loin on aurait dit des oies jusqu’à la première chanson de leur longue collaboration. C’était très émouvant et très beau. J’ai juste regretté que Romain n’indique pas qui était l’auteur de chaque chanson, au risque de souvent citer son copain disparu. Tout le public ne connaît pas forcément tout son répertoire… Dans ses dernières chansons, j’aime bien Mademoiselle sur le pont :
Mademoiselle sur le pont / Vous prendrez la mer à quelle heure ? / Mademoiselle me répond / « Cela dépendra si je pleure / Suffisamment pour qu’elle remonte / Quand je pleure trop elle se déchaîne / Mais si mon chagrin la démonte / Je partirai l’année prochaine. » Ou C’est une valse lente : « C’est une valse lente / Douce, comme un câlin de l’enfance / Pour ceux qui sur la pente / Glissent en silence / C’est une berceuse tendre / Une caresse / Pour ceux qu’la vie fait semblant d’pas entendre / Et délaisse / À ceux qu’la vie assèche / Malmène et cabosse et galère / Aux cantonniers d’la dèche / De la misère. »
Et, dans un genre différent (quoique…), Je suis canard : « De l’autre côté de notre mare / C’est fréquenté, y faut voir / Des palmipèdes d’une race à part / Qui me font peur rien qu’à les voir / Z-ont des plumages café au lait / Et quand ils nagent, c’est en biais / J’ trouve ça dommage dans l’ paysage / Ce désordre de sillages / Je suis canard de chez canard / De père et mère canard / Je suis canard de chez canard / Et je suis fier de ma mare. »
Et puis, bien sûr, il y a eu L’aéroport de Fiumicino, Amnésie, S.D.F.… de nombreux rappels
Enfin, après une belle soirée, première descente jusqu’à la scène ouverte sous le chapiteau. Peu d’inscrits mais de jolies surprises : le jeune Canadien bénévole du festival, comme l’année dernière, Camel Arrioui, Laurent Berger… et même un « after » de la scène ouverte. La fraîcheur (relative) de l’air, les tables disséminées sur l’herbe, une guitare et une très belle voix de chanteuse lyrique qui s’élève pour quelques airs d’opéra, Gilles Roucaute qui enchaîne… je suis partie à 3 heures 30, en les laissant continuer leur soirée du festival de la « Chanson de Parole »… j’avais un compte-rendu à rédiger !
Dimanche : projection d’un film de Jacques Bertin sur Jean Dufour, agent artistique (entre autres) de Félix Leclerc, Raymond Devos, Yves Duteil, Francis Lemarque… et puis c’est le jour de la foire Bio, et il va y avoir du monde en ville !
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