Sitting ovation pour Frédéric Zeitoun

Frédéric Zeitoun et Bruno Caviglia à Namur Photo ©Pol de Groeve

Namur, La Templerie des hiboux, 15 novembre 2024

Connaissez-vous Frédéric Zeitoun ? Pour ma part, j’en ignorais tout ! Jusqu’à ce concert du samedi soir, dans la namuroise Templerie des hiboux. Et là, j’ai mieux compris comment ce gars a priori sorti de nulle part avait pu enregistrer voici quelques années un disque de duos avec le gratin de la chanson française (Aznavour, Fugain, Duteil, Lemay…).

Il déboule sur la scène armé de son sourire éclatant. Effet de surprise garanti pour qui serait venu là par hasard : ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion d’applaudir un chanteur en fauteuil roulant ! Un détail pourtant, tant ce handicap ne l’empêche en rien de faire le job. On mettra même à l’artiste un 10/10 sur toute la ligne : un chant clair et varié, une diction impeccable, une gestuelle précise et expressive, un contact immédiat avec le public, un solide répertoire de chansons bien construites. Et un magnifique guitariste pour l’accompagner, Bruno Caviglia.

Bien sûr, Frédéric Zeitoun, c’est de la chanson old fashion, comme on en faisait dans les 70’s et 80’s. Une écriture qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de son glorieux confrère Claude Lemesle. La forme est certes on ne peut plus classique, avec le couplet-refrain de rigueur . Mais quand c’est écrit, composé et interprété avec cœur et compétence, qui s’en plaindrait ?

Frédéric Zeitoun et Bruno Caviglia à Namur Photo ©Pol de Groeve

De nombreux morceaux visent l’intemporalité, la leçon de vie donnée avec la hauteur que procure la sagesse de l’âge. On n’y parle pas en « je », mais en « on ». Rien d’anecdotique alors dans les sujets abordés : y sont évoqués la fragilité du bonheur (Le puzzle de nos vies), l’urgence de suivre ses rêves (Vivre vivre), le temps qui passe (La vie continue), le passé qui nous suit (Tous des casseroles), la ligne de conduite pour l’avenir (Apprends à désobéir)… Des chansons à portée universelle, dont chacun tirera – ou pas – les enseignements.

Le répertoire se fait parfois plus indiscret, lorsque le chanteur s’y dévoile à demi-mot, évoquant son parcours chaotique (C’était pas gagné), ses sentiments d’après-rupture (Je ne désaime pas), ses idéaux qui le maintiennent (J’aime l’idée), la difficulté de trouver sa place (Comme tout le monde)… Des titres mélancoliques à teneur intime, où perle l’émotion avant tout. 

Salut final Photo ©Pol de Groeve

Enfin, pour lier la sauce et donner la pêche, il y a l’humour de Frédéric Zeitoun. Celui qu’il pratique dans ses intermèdes, celui qui constitue le socle de multiples morceaux. C’est l’ironie de la chanson qui ouvre le concert (J’aime tout le monde), la mauvaise foi affichée (Les anniversaires), l’humour noir et grinçant (Le pot de départ à la retraite), le clin d’œil à son activité télévisuelle (Le monsieur de la télévision). Des chansons qui provoquent rires et sourires, où la faconde méditerranéenne du chanteur peut se déployer à loisir.

L’ensemble de ces ingrédients donne un concert parfaitement équilibré, qui passe de l’émotion au rire sans que jamais la réflexion ne soit omise. Le public nombreux, qui découvrait probablement le chanteur (c’était sa première venue en Belgique), ne s’y est pas trompé et lui a réservé un accueil triomphal. Pour l’en remercier, Frédéric Zeitoun a bissé Les vacances chez Franco, hymne espagnol et autobiographique, entraînant en diable. Le point d’orgue d’une soirée réussie de bout en bout.

Gilles S. Photo © Pol de Groeve

EN PREMIERE PARTIE

En ouverture de rideau, venu de pas bien loin, le belge Gilles S. (Gilles Ser) nous a donné un court aperçu de son talent. S’accompagnant à la guitare et à l’harmonica, il nous a interprété cinq de ses compositions. Des chansons folk qui évoquent l’amitié qui s’efface, les amours et les voyages, l’engagement politique, les amours du même sexe… Si l’artiste est déjà bien au point musicalement parlant et chante très bien, on ne peut que lui conseiller de creuser davantage son écriture pour gagner en efficacité, l’auditeur perdant trop souvent le fil de son récit. Affaire à suivre.

 Le site de Frédéric Zeitoun, c’est ici.  Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. 

La page facebook de Gilles S., c’est ici.

Frédéric Zeitoun « Le pot de départ à la retraite » 
Gilles S « Pas à Pas » Radio Edit 2024