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Saint-Gély-du Fesc 2024 : rendez-vous avec Brassens

Trois ados en scène ouvertes : deux d'enrre eux jouent et chantent Brassens, le troisième les accompagne par des claquettes. Une des images fortes de ce très beau festival (photos Sébastien Cholier, sauf mention contraire)

Trois ados en scène ouverte : deux d’entre eux jouent et chantent Brassens, le troisième les accompagne par des claquettes. Une des images fortes de ce très beau festival (photos Sébastien Cholier, sauf mention contraire)

« J’ai rendez-vous avec vous », 8, 9 et 10 novembre, Saint-Gely-du-Fesc,

 

À un festival Brassens, on chante Brassens. Avec plus ou moins d’inventivité, avec une énergie décuplée. Selon les crus, le résultat est parfois différent : prenez Pauline Dupuy (Contrebrassens) ou Yves Uzureau (deux hôtes très appréciés à Saint-Gély-du-Fesc) et ce sera forcément autre chose.

Là, c’est un trio helvète qui a ouvert les festivités : Les Pornographes, singulier nom qui peut évoquer… mais n’en est rien. C’est du bien sage, bien propre, pas sulfureux à un ou deux titres près et encore, comme cette Fessée qui fend le postérieur en deux ou cette Complainte des filles de joie.

Les PornographesDeux musiciens (Greg Pittet à la guitare, Rafael Gunti à la basse) de grand talent et une chanteuse, Alice Richtarch, qui d’emblée étonne par sa voix qu’elle cultive exclusivement et excessivement dans l’aigu. Car tout est dans le même registre, la même tonalité, quelle que que soit la chanson, son sujet, son ambiance. Comme si n’importait que la prouesse vocale et moins les chansons toutes traitées pareillement : Saturne et Vénus Callipyge, Oncle Archibald et La Supplique sur le même ton, dans l’aigu. On peut apprécier et saluer la performance, comme on peut s’en lasser.

(photo de presse non créditée)

Le Trio Michel Avallone (photo ©Agathe Martigny Llithya)

C’est dire si, deux jours après, Michel Avallone (qui s’est permis, sur trois titres à lui, de faire sa propre première partie) a traité Brassens différemment. Avec lui, chaque titre est comme nouveau champ/chant d’expérimentation. Il tente, il tâte, modèle, pétrit la matière, en tire des effets insoupçonnés, parfois incongrus, souvent ravissants, toujours originaux. Même en québécois ou en wallon façon Julos Beaucarne… On peut ne pas tout aimer, mais force est de dire qu’Avallone ne fait pas dans le consensuel (ou alors en deux mots), oh que non. Ce qui doit d’ailleurs contrarier les puristes pour qui on ne doit rien toucher à l’œuvre du bon maître mais ne peut que réjouir les autres, Brassens en premier je pense : s’il se retourne dans sa tombe, ce doit être de plaisir. Avallone prouve, parfois avec brio et toujours en trio, que Brassens est une matière vivante, pas figée dans la cire. A ses cotés donc, deux brillantes dames que sont Dorine Duchez à l’accordéon et Stéphanie Meyer-Zikri au violoncelle, des arguments de charme qui ajoutent au tableau et de leur graciles notes rétablissent l’équilibre, la fragilité, la finesse face à la grosse et singulière voix du chanteur. Objectivement du beau boulot.

Ceci dit, que ce soient ces deux spectacles ou tous autres moments et lieux de ce festival à Brassens dédiés, le corpus de chansons fut souvent presque le même, bien étroit. Combien de fois La Mauvaise réputation, L’Orage, J’ai rendez-vous avec vous (du reste l’intitulé de cette manifestation)… ? Sur la route du retour le lendemain, de mon lecteur CD (il en existe encore sur certains véhicules), j’écoutais le disque Pensez à moi, édité jadis par Télérama et La Cité de la Musique : neuf titres absolument pas connus de Brassens, chantés ici, trois par trois, par Bertrand Belin, François Morel et Olivier Daviaud : À l’auberge du Bon dieu, La Marche des PAF, Oui et non, etc. Et me disais que c’est dommage que ces titres-là restent prisonniers de cet album, n’en sortent jamais ou rarement. À ne privilégier que des chansons archi-connues de Brassens, pas sûr qu’on lui rende service. Moi je veux être surpris, séduit, sur le cul : j’attends, plus de quarante ans après sa mort, que le vieux me secoue encore.

Brassens se disait satisfait que ses chansons soient régulièrement censurées, car elles s’usaient moins et dureraient en conséquence plus longtemps.

Un débat (que je pense passionnant mais comme j’en étais un des intervenants, je n’en dirai pas plus) était organisé sur le thème « Dans cent ans, coquin de sort, on l’chantera encore ». Je crois effectivement que Brassens sera l’un des seuls qu’on chantera encore dans un siècle. À la seule condition de le préserver, de ne pas trop user ses chansons, de ne pas toujours chanter les mêmes. Entre celles enregistrées, les posthumes, celles pour les autres, les orphelines et les retrouvées (dont certaines sont les brouillons de plus connues, donc presque des doublons), on dénombre exactement 270 chansons de Brassens : convenons qu’il y a l’embarras du choix.

 

La page des Pornographes sur le site Rive Jazzy, c’est ici.

Le site de Michel Avallone, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

Les Pornographes « Supplique pour être enterré à la plage de Sète » : Image de prévisualisation YouTube

Michel Avallone « Saturne » : Image de prévisualisation YouTube

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