Oldelaf, le temps des amours…
« T’es mon jardin du Luxembourg / T’es le soleil de fin du jour / T’es les dentelles de Montmirail / T’es un mariage imaginaire / T’es un ruban de cheveux verts… » Il a beau exister des millions des milliards de chansons d’amour, on trouvera toujours de nouvelles manières, de jolies formules, pour chanter les sentiments. Pas besoin d’être Frédéric François, c’est consubstantiel à l’Homme.
Nous n’avons pas particulièrement l’habitude de chroniquer des disques d’amour, des gonflés de je-t’aime et de ne-me-quitte-pas, fiévreux, tartinés d’audaces et de déclarations, de prouesses et de promesses. Ce n’est pas notre genre, pas notre came.
Mais voilà qu’Oldelaf vient d’en commettre un (second album-concept après L’Aventure, sur les voyages) et c’est forcément différent, un peu. Ce disque, dont la chanson-titre est Saint-Valentin, sort à contre-temps, arrivé dans les bacs le 25 octobre dernier, pas synchro avec l’événement, donc, erreur du service com’ qui avait sans doute trop fumé. Ça aurait fait un beau cadeau pour la fête des amoureux du 14 février, moins cher, plus original et bien moins toxique qu’un bouquet de fleurs coupées.
Pas de sirupeux violons ici (encore que dans Rue des Pyrénées…), nous sommes là en dehors des clous. De toute façon, Olivier Delafosse (notre Oldelaf) n’est pas précisément un chanteur de charme qui roucoule aux pigeonnes. Ou alors uniquement à ce qui est pigeonnant. C’est un humoriste de la chanson qui applique sa grille de lecture au thème qu’il s’est choisi. Ci-devant de l’humour, avec pas mal de nostalgie et d’émotion. Mais pas que. Pour nourrir ses chansons, il puise parfois souvent dans ses souvenirs : ça a le charme de confidences dévoilées, de maillots de bain mal adaptés, de joues rougies de timidité, d’audaces hésitantes, de cœurs faits avec les doigts, d’amitiés, de doutes et d’ambiguïtés. De promesses qui n’en sont pas, de serments de ne pas s’attacher, tout un retour sur le temps, l’âge, où le cœur et les corps balbutient, s’initient. C’est beau comme un film de Diane Kurys.
Si nous sommes loin de l’insipide variété, nous le sommes tout autant de l’académique poésie des sentiments, aux vers bien léchés, où on mesure l’amour à la pertinence des alexandrins, à la justesse de la prosodie : c’est juste de la petite chansonnette sans grande prétention, celle agréable qui vient se nicher en nous et qu’on se surprend à fredonner, parce qu’elle nous parle un peu beaucoup de nous, de nos historiettes et fièvres passées, de nos amours qui durent toujours au moins le temps de l’été et guère plus : « T’es encore belle après l’amour / Et j’aime te regarder longtemps / Je crains déjà le maudit jour / Où je te verrais autrement ».
Cet album fait un peu recueil de chromos, de ces photos jaunies qui font clichés. S’y glisse même des bédés mettant en scène qui la schtroumpfette qui le capitaine Haddock, comme quoi les histoires d’amour peuvent naître dans les situations les plus saugrenues. Ceci dit la schtroumpfette doit faire son effet dans l’équipe des bleus…
Il y a peu encore en scène, Oldelaf semblait interpréter ses mêmes titres ad vitam æternam. Voilà de quoi renouveler ses prestations à venir. Qui plus est avec plaisir.
-Michel KEMPER
Oldelaf, Saint-Valentin, At(h)ome 2024. Le site d’Oldelaf, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Oldelaf est en concert à Lyon le 8 novembre 2024, à Monthey en Suisse le 9, à la Maroquinerie à Paris le 5 décembre (c’est complet) et à l’Olympia le 10 mai 2025. Autres dates sur son site ou sa page facebook.
« Saint-Valentin » clip février 2024 :
« Luxembourg » clip octobre 2024 :
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