Avallone, vivre c’est écrire un peu

Michel Avalonne et Stéphanie Meyer en concert « Encrer… »_capture d’écran

Poète lui-même, dans un registre qui se caractérise par son originalité et sa fantaisie, Michel Avallone consacre cette fois-ci tout un album, paroles et musique, à la seule chose qui vaille vraiment la peine, l’Amour de la vie, ou son versant littéraire, la Poésie. Dans ce mélange entre une voix caractéristique, grave, incantée, immédiatement reconnaissable, sa guitare-folk et son ukulélé, et le violoncelle profond de la québécoise Stéphanie Meyer-Zikri qui lui répond comme une autre voix, qu’elle personnalise de « rires, gazou, ananas-citron (percussions) »

N’hésitant pas à reprendre quelques vers de Rimbaud lui-même dans la dédicace au poète, comme un haïku « L’éternité / C’est la mer allée / Avec le soleil », le prolongeant « De son sein jaillit le lait / L’écume blanche scande / Une chanson d’éternité ». On ne s’étonnera pas de retrouver chez le sétois cet hymne à la mer mère et au soleil énorme qui encre ses pages et jusqu’à sa chemise de cet orange éclatant. Comme Ferré qu’il a longtemps chanté, la marée il l’a dans le cœur, et elle tient tant de l’écume des vagues que des remous qui animent son corps-vaisseau « Plonge , crie, va, sonde / Avec lui le sublime ». Tout l’album est cri de vie, incitation à la vibration « La vie est dense », que l’on peut aussi entendre danse, et à la beauté « Dis tout haut que tu es beau » qui va faire naître de la plume comme du pinceau « Un nouveau monde / Harmonisé ».

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Mais de cette tâche à laquelle s’attelle son Erectionem Cerebrum qui ne le laisse pas en paix, peut surgir une souffrance quasi priapique, qui le torture tantôt en humour léger « L’oiseau moqueur lui fait le con (…) Il faut que je le chope au col », tantôt en vers baudelairiens « Et que de sa putréfaction / Les charognes fassent leur collation / Et qu’avant mon ultime pause / Mon cerveau décharge sa prose ».

Il s’en échappera en se jouant des mots, de ce Si Si señor qui incite à l’action plus qu’à la soumission à des conditions extérieures, à ce Basel [Bâle] (Belle demoiselle) où ils rebondissent en images sensuelles à sens multiples, ou Rhin rime avec reins, jusqu’à ce Kilimandjaro qui nous donne en gourmandise maintes madeleines, de ces neiges qui fondent à ce « Moi je fais / Ce qu’il me plaît ». Qui nous rappelle tant le Je suis comme je suis de Gréco (Prévert) que le Moi je joue de B.B. (Jean-Max Rivière) autres façons chantées de suggérer Carpe diem.

Il repoussera aussi, d’une parenthèse, la mort qui nous menace, « Un accord en passant, comme c’est charmant » sur un air de bossa, en puisant chez les Amis « la fraternité qui nous tient chaud », – et c’est bien ce qu’on ressent à l’écoute de cette chanson déjà ancienne et son nouvel arrangement si touchant -  ou dans l’humour noir de Soyons joyeux, enfin, débarrassés de tous ces vivants qui nous importaient peu.

L’album est réalisé par Claude Delrieu, qui tient aussi synthé, percussions, guitare électrique et accordéon, dans une grande variété d’arrangements chaleureux entre jazz, chanson, rock, folk et rythmes latins, avec Stéphanie Meyer-Zikri, dans son studio en Ariège. Il est distribué par EPM.

Michel Avallone, Encrer, encore et en cordes, L’enchanté 2024.Le site de Michel Avallone, c’est ici ; ce que Nosenchanteurs a déjà dit de Michel Avallone, c’est là.
En concert de sortie de résidence -lumière le 11 octobre 2024 à La petite écharde, Didenheim (68) puis en tournée internationale, voir l’agenda sur son site. 

« Comme un flambeau », clip 2024 
« Basel », clip 2024